Mme Hélène
Pedneault

CJMS-AM
[Radiomutuel, Montréal] et M. Gilles Proulx (animateur)

M. Michel Arpin
(vice-président, planification, et secrétaire, Radiomutuel)

Le 28 juillet
1989, dans le cadre de son émission «Le Journal de Gilles Proulx» diffusée sur
les ondes de CJMS, l’animateur Gilles Proulx réalise une entrevue avec Mme
Denise Boucher, auteure du livre «Les fées ont soif», en s’attaquant à son
physique et à sa personnalité. L’animateur formule des commentaires misogynes,
utilise un ton hargneux et interrompt son interlocutrice au cours cette
entrevue, réalisée au lendemain d’une manifestation en faveur de l’avortement à
laquelle Mme Boucher a participé.

La plainte
concerne les propos tenus par l’animateur Gilles Proulx à l’occasion d’une
entrevue diffusée à l’émission Le journal de Gilles Proulx du 28 juillet 1989.
M. Proulx y interviewait Mme Denise Boucher, l’auteure du livre «Les fées ont
soif», au lendemain de sa participation à la manifestation pour l’avortement, à
Montréal, en appui à Chantal Daigle.

Mme Hélène
Pedneault dénonce les propos de M. Proulx à l’endroit de Mme Boucher. Citant de
nombreux exemples, la plaignante remarque que M. Proulx attaque non seulement
le physique et la personnalité de Mme Boucher, mais qu’à travers ses propos, il
méprise toutes les femmes. Elle s’en prend également à des commentaires de M.
Proulx qui ne s’adressent pas à Mme Boucher, mais à la femme ou aux femmes en
général, commentaires qu’elle qualifie de misogynes.

Mme Pedneault
reproche aussi la manière dont M. Proulx s’est exprimé, manière qu’elle
considère exagérée et caricaturale. Elle estime que l’accent, la langue
approximative, la vulgarité et le ton hargneux qu’il utilise, appellent
l’intolérance.

Elle dénonce
enfin la façon dont il a interrompu Mme Boucher en «parlant par-dessus elle»
pour prouver qu’elle ne l’écoutait pas.

M. Michel Arpin,
vice-président – Planification et secrétaire de Radiomutuel, signale que le
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a
déjà procédé à une étude complète de la plainte de Mme Pedneault, et a fait
part de ses observations à Radiomutuel sur le fond et la forme de l’entrevue de
M. Proulx. Les reproches et les observations du CRTC ayant été acceptés par
Radiomutuel et les personnes concernées, M. Arpin indique qu’il ne lui apparaît
pas approprié de commenter cette plainte au-delà des pièces déjà déposées dans
le dossier du CRTC, pièces dont le Conseil de presse a obtenu copie.

M. Arpin
remarque que M. Proulx et les dirigeants de Radiomutuel «reconnaissent qu’au
cours de cette entrevue, sur un sujet ayant un caractère hautement épineux, les
propos entendus ne rencontraient pas les exigences de haute qualité qui doivent
caractériser la radiodiffusion québécoise».

Renvoyant au
dossier du CRTC, M. Arpin remarque enfin que les mécanismes en place à CJMS
devraient faire en sorte que de tels événements ne se reproduisent plus.

Les animateurs d’émissions d’affaires publiques jouissent d’une grande latitude dans la conduite de leur émission et dans l’expression de leurs points de vue, latitude qui leur permet également d’adopter un style polémiste. Cette latitude ne les soustrait cependant pas à leurs responsabilités de professionnels de l’information. Ils doivent respecter les personnes et leurs opinions, et éviter à leur endroit tout propos, attitudes ou tons offensants, méprisants et propres à les discréditer indûment auprès de l’opinion publique.

L’étude du présent dossier permet de constater que l’animateur Gilles Proulx a clairement abusé de sa latitude en tenant des propos grossiers et injurieux à l’endroit de Mme Denise Boucher et en conduisant son entrevue avec une attitude irrespectueuse à son égard et envers ses opinions. Une telle conduite et de tels propos sont inacceptables de la part d’un professionnel de l’information, indignes des ondes publiques, et méritent un blâme du Conseil de presse.

• C17C Injure