Plaignant
La Fédération
autonome du collégial [FAC]
Représentant du plaignant
Mme Roseline
Major (présidente, Fédération autonome du collégial [FAC])
Mis en cause
CBFT-TV [SRC,
Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Pierre O’Neil
(directeur de l’information, CBFT-TV [SRC, Montréal])
Résumé de la plainte
La Société
Radio-Canada ne couvre pas la conférence de presse organisée par la plaigante
pour contester son refus de diffuser un message publicitaire télévisé. En
décidant de ne pas faire état de cette conférence de presse et du communiqué
émis à cette occasion, le service des nouvelles de Radio-Canada privilégie
l’image de la société d’état au détriment du droit du public à l’information.
Faits
En mai 1989, la FAC
– regroupement de 14 syndicats d’enseignants de l’ordre collégial – élabore un
plan de campagne publicitaire qui prévoit la diffusion d’un message à la
télévision de Radio-Canada au moment de la rentrée scolaire de l’automne 1989.
Elle apprend, en août, que son message ne sera pas diffusé.
La Chef du code
publicitaire de Radio-Canada informe en effet la FAC que le message projeté
contrevient aux normes en vigueur à Radio-Canada. Les annonces en question,
écrit-elle dans sa lettre du 29 août 1989, «cherchent à influencer l’opinion
publique sur la question du nombre d’élèves par classe. Toute discussion ou
tout commentaire […] portant sur des questions litigieuses entre la
Fédération et la province de Québec [nous sommes en période de négociations] est
inacceptable dans la publicité, que l’annonceur soit le Gouvernement ou le
Syndicat».
Convaincue que
le message refusé ne renferme aucun caractère partisan, la FAC décide d’alerter
les médias. Une conférence de presse a lieu le 31 août. Radio-Canada n’y délègue
aucun journaliste ni ne reprend le communiqué de presse de la Fédération.
Griefs du plaignant
Dans sa lettre
du 9 novembre l989, la présidente de la FAC, Mme Roseline Major, porte à
l’attention du Conseil ce que la FAC considère comme «une faute professionnelle
grave de la part du service des nouvelles» de Radio- Canada. Les raisons
invoquées par le directeur de l’information pour expliquer le fait que
Radio-Canada n’a pas couvert la conférence de presseni repris le communiqué de
la FAC sont, dit-elle, non fondées et témoignent du manque de sérieux du
service de l’information.
La FAC reproche
à Radio-Canada de passer sous silence une affaire d’intérêt public. «Il nous
semble inadmissible qu’un réseau comme [Radio-Canada] ne prenne pas plus en
considération une nouvelle comme celle-là, à savoir l’interdiction sur ses
ondes d’un message publicitaire syndical qui s’adressait au grand public».
Selon la FAC, le
service de l’information a privilégié «l’image» de Radio-Canada au détriment du
droit du public à l’information. Il a manqué de rigueur professionnelle
(auto-censure autour de l’affaire) et manqué aussi à son devoir d’informateur:
la Société Radio-Canada est subventionnée par des fonds publics et, dans le cas
présent, elle est directement concernée par la nouvelle.
Commentaires du mis en cause
M. Pierre
O’Neil, directeur de l’information à Radio-Canada, réfute les allégations de la
plaignante:
– en règle
générale, et dans le cas de la FAC en particulier, le directeur de
l’information n’intervient pas dans les décisions touchant les conférences de
presse et le contenu des bulletins de nouvelles;
– aucune
pression de quelque secteur que ce soit n’a été exercée sur les journalistes
responsables ce jour-là des affectations et des bulletins;
– les bulletins
de nouvelles équivalent à environ une page d’un journal; il est par conséquent
impossible de couvrir toutes les facettes de l’actualité (chaque jour des
dizaines de nouvelles ne trouvent pas de place à l’antenne);
– on ne peut
raisonnablement reprocher à un média de ne pas parler de tout. Sinon, tous les
médias seraient coupables…
Analyse
Le choix des sujets à traiter participe de la liberté rédactionnelle des médias et des journalistes. Il appartient donc à ces derniers de juger de l’importance qu’ils doivent accorder à une nouvelle.
En décidant de ne pas retenir la conférence et le communiqué de presse de la FAC, le 31 août dernier, la Société Radio-Canada a exercé son jugement rédactionnel. Sans abuser de sa prérogative. C’est pourquoi le Conseil ne saurait lui faire quelque reproche à ce propos.
La reconnaissance de cette prérogative empêche par ailleurs le Conseil de juger du bien-fondé et de la pertinence des décisions qui en découlent. Aussi, le Conseil ne peut-il se prononcer sur l’évaluation faite par la FAC de la décision de Radio-Canada.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture