Plaignant
M. Yves Landry
Mis en cause
CJTR-AM
[Radiomutuel, Trois-Rivières] et M. Gaston Langlois (animateur)
Représentant du mis en cause
M. Richard
Lachance (directeur de l’information et de la programmation, CJTR-AM
[Radiomutuel, Trois-Rivières])
Résumé de la plainte
L’animateur
Gaston Langlois de CJTR s’attaque à la réputation de la chanteuse Sylvie
Bernard et des Amérindiens en général lors de l’émission «Le pouls du matin» du
27 août 1990. L’animateur commente le succès de cette chanteuse aux Etats-Unis
en disant: «C’est surprenant parce qu’elle n’a justement pas de disque, elle
est à le préparer puis elle perce aux Etats-Unis! Tant mieux! Elle va nous
montrer son beau sourire à la télé, son sourire payé par nos impôts parce
qu’elle est Amérindienne».
Faits
La plainte
concerne l’émission Le pouls du matin du 27 août 1990 diffusée sur les ondes de
la station radiophonique CJTR de Trois-Rivières. Elle porte sur un commentaire
de l’animateur de l’émission, M. Gaston Langlois, fait au cours d’une
conversation avec le journaliste des arts et spectables André Auger, concernant
la percée de la chanteuse Sylvie Bernard aux Etats-Unis.
A la suite des
informations données par M. Auger au sujet de cette percée de la chanteuse
(elle a enregistré une émission d’une heure pour la télévision amÉricaine ), M.
Langlois tient les propos suivants:
«C’est
surprenant parce qu’elle n’a justement pas de disque, elle est à le préparer
puis elle perce aux Etats-Unis! Tant mieux! Elle va nous montrer son beau
sourire à la télé, son sourire payé par nos impôts parce qu’elle est
Amérindienne. Qu’est-ce qu’on surveille à la télé ce soir?» (M. Auger répond:
«T’es grave, Gaston! Ce soir… » et enchaîne sur un autre sujet).
Griefs du plaignant
M. Yves Landry
reproche à l’animateur Gaston Langlois le ton sur lequel il a tenu les propos
cités plus haut, ainsi que les allusions qu’ils contiennent au sujet des
Amérindiens. M. Landry écrit: «Etre Amérindien est-il un défaut dans cette
province? Avoir un beau sourire sous-entend-il que ce dernier soit subventionné
par l’Etat?».
Le plaignant
voit dans ce commentaire «une attaque à la réputation de Mme Sylvie Bernard et
des Amérindiens en général» et estime que de tels propos «tendent à contribuer
aux préjugés raciaux existants, au dénigrement envers les Amérindiens et
autochtones du pays».
Il fait valoir
également qu’à cette époque (août 90), la tension était très forte entre les
communautés autochtones et non-autochtones touchées par la crise amérindienne,
et que ceux qui disposaient des ondes pour s’exprimer auraient dû «peser leurs
mots» et «éviter de jeter de l’huile sur le feu par des propos qui souvent sont
des préjugés et une certaine forme de méconnaissance de la question».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, M. Richard Lachance, alors directeur de l’information et de la
programmation de CJTR, indique qu’il s’agit ici d’une question de liberté de
presse. Il remarque que «tous les médias, sur une base régulière, informent les
gens sur les droits et privilèges des peuples autochtones»; et que si
l’animateur Gaston Langlois «a dit (sur les ondes) que Mme Sylvie Bernard nous
présente un sourire payé par nos impôts, c’est que le tout a été vérifié
avant».
Analyse
Les animateurs de ce genre d’émissions radiophoniques jouissent d’une grande latitude pour exprimer leurs opinions devant un large auditoire. Le Conseil de presse souhaite qu’ils adoptent les mêmes règles d’éthique que les journalistes. Tout comme les éditorialistes et les chroniqueurs, les animateurs d’émissions d’information sont libres de leurs opinions et devraient les exprimer dans le plus grand respect des personnes et des groupes dont il est question, en fondant leurs propos sur des faits avérés.
Dans le cas présent, le Conseil ne retient pas le grief du plaignant quant au ton utilisé et aux propos tenus à l’égard de la chanteuse Sylvie Bernard. Le Conseil ne voit pas là une attaque à l’endroit de cette dernière et des Amérindiens en général.
Le Conseil regrette toutefois que la remarque de l’animateur «Elle (Sylvie Bernard) va nous montrer son beau sourire à la télé, son sourire payé par nos impôts parce qu’elle est Amérindienne», prononcé au cours d’une conversation par ailleurs élogieuse sur la percée de la chanteuse aux Etats-Unis, n’ait pas été explicitée. Ne sachant à quoi elle renvoie, cette remarque hors contexte pouvait être incompréhensible pour des auditeurs non avertis.
Analyse de la décision
- C18D Discrimination