Plaignant
Mme Lise
Lapierre
Mis en cause
Le Journal de
Montréal et M. Martin LaSalle (journaliste)
Résumé de la plainte
Dans son article
«Un policier de Joliette est accusé d’avoir logé des appels obscènes», paru le
22 août 1993 dans Le Journal de Montréal, le journaliste Martin LaSalle traite
son sujet de manière inadéquate, notamment en publiant la photo du policier
concerné et en faisant mention de son défunt père, également policier.
Faits
La plainte
concerne un article titré «Un policier de Joliette est accusé d’avoir logé des
appels obscènes», paru en page 3 de l’édition du 22 août 1993 du Journal de
Montréal, sous la signature du journaliste Martin LaSalle. L’article rapporte
le cas d’un policier accuse d’avoir logé des appels obscènes et proféré des
menaces de mort à l’endroit d’une femme et de la mère de celle-ci.
Griefs du plaignant
Quoique Mme Lise
Lapierre, la nièce du policier mis en cause dans l’article, ne s’objecte pas à
la publication de cette nouvelle, elle reproche cependant certains aspects du
traitement qui a été accordé à cette affaire. Notamment:
– la publication
d’une photo permettant l’identification du policier;
– la mention du
père du policier: «Le fils de Valmore Lapierre, qui a été chef de la police de
Joliette dans les années 50 et 60».
Mme Lapierre
estime que la publication de cette photo «lésera lourdement (le policier
Jacques Lapierre) dans sa vie privée, lui qui a droit à la présomption
d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit démontrée, ainsi que celle de sa
famille».
Elle se demande
également ce que la mention du défunt père de M. Lapierre vient ajouter à cette
nouvelle: «Etait-il nécessaire de souiller sa mémoire et son nom en l’associant
aux présumés agissements de son fils?».
Commentaires du mis en cause
Le Journal de
Montréal et le journaliste Martin LaSalle ont été invités à deux reprises à
faire connaître leurs versions des faits sur cette plainte. Aucune suite n’a
toutefois été donnée.
Analyse
Dans le cas présent, Le Journal de Montréal était en droit de publier la photo du policier en question. La liberté de la presse et le droit du public à l’information seraient compromis si, dans sa façon d’aborder l’événement. La presse devait taire certaines informations d’intérêt public ou cacher certaines images qui font partie intégrante de cette information.
Le Conseil reproche cependant au journaliste Martin LaSalle et au Journal de Montréal d’avoir manqué de prudence en relatant les présumés gestes que ce policier aurait posés, de façon à compromettre la présomption d’innocence à laquelle il a droit. En effet, les informations à cet égard sont présentées comme étant des faits — ce qu’il appartient aux tribunaux de prouver –plutôt que comme une hypothèse. Cet écueil aurait pu être évité en utilisant le conditionnel.
En ce qui concerne la mention du père du policier mis en cause, le Conseil constate que de telles mentions sont pratique courante dans la profession journalistique. La pertinence de mentionner, selon le cas, des personnes ou des proches qui ne sont pas impliqués dans un événement devrait faire l’objet d’un questionnement de la part des journalistes. Aussi, le Conseil invite-t-il le milieu journalistique, et les défendeurs dans le présent dossier, à s’interroger sur cette pratique.
Analyse de la décision
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C16E Mention non pertinente
- C17H Procès par les médias