Plaignant
Le Centre de
psychologie préventive et de développement humain G.S.M. inc. et la Société de
recherche en orientation humaine inc.
Mis en cause
CBFT-TV [SRC,
Montréal] et Mme Francine Pelletier (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jean Pelletier
(rédacteur en chef, Le Point, CBFT-TV [SRC, Montréal])
Résumé de la plainte
La journaliste
Francine Pelletier porte atteinte à la réputation des plaignants en diffusant
des informations erronées et diffamatoires dans un reportage présenté à
l’émission Le Point le 17 août 1994, sur les ondes de la Société Radio-Canada.
Ce reportage entretient une confusion à propos des plaignants et de leurs
activités respectives, tout en associant leurs membres aux «disciples d’une
secte».
Faits
La plainte
concerne un reportage diffusé à l’émission Le Point de Radio-Canada, le 17 août
1994, sous la signature de la journaliste Francine Pelletier. Ce reportage
porte sur M. Moncef Guitouni, président et fondateur de la Société de recherche
en orientation humaine (SROH), directeur général du Centre de psychologie
préventive et de développement humain G.M.S. (CPPDH), et, au moment de la
diffusion du reportage, président du parti Action démocratique du Québec (ADQ).
Griefs du plaignant
Le CPPDH et la
SROH reprochent à l’équipe de Radio-Canada d’avoir porté atteinte à leur
réputation en diffusant une information biaisée et entièrement fausse sur leurs
activités respectives et les gens qui en font partie.
La plainte
précise que le reportage «a présenté de façon erronée les rôles (de ces deux)
corporations, les a fréquemment confondues et a associé les membres de
celles-ci à des disciples d’une secte», sans appuyer ces prétentions sur des
fondements valables ou des vérifications approfondies.
Les plaignants
indiquent que la journaliste, en utilisant des témoignages sans en vérifier la
véracité, laisse entendre que le CPPDH est un organisme dont la gestion est
douteuse et dont les services peuvent être nuisibles à ses clients. Ceux-ci
s’appauvriraient et les honoraires ne seraient pas correctement enregistrés et
comptabilisés.
De la même
façon, le reportage présente la SROH comme s’apparentant à une secte dans
laquelle les membres seraient sous l’emprise d’un maître qui contrôlerait leur
vie affective, leurs relations amicales, leur point de vue politique et qui
exigerait d’eux un engagement à vie.
Les plaignants reprochent
par ailleurs à Radio-Canada de n’avoir donné aucun droit de réplique au CPPDH
et à la SROH dans le reportage, malgré les longues entrevues réalisées avec ses
dirigeants. Elles reprochent également à Radio-Canada de n’avoir fait état
nulle part du contenu des activités du CPPDH et de la SROH pour expliquer
celles-ci et éviter toute confusion, bien qu’une documentation considérable lui
ait été remise.
Les plaignants
se demandent pourquoi Radio-Canada n’a pas procédé en toute impartialité et
confronté les représentants du CPPDH et de la SROH avec les propos des
personnes dont les témoignages ont été diffusés. Ils ajoutent que, bien que des
questions ont été posées à M. Moncef Guitouni, ce dernier n’a pu y répondre
avec efficacité puisqu’on lui a laissé croire qu’il s’agissait d’un reportage
sur le fait inusité qu’un néo-Québécois se retrouve président d’un parti
politique. A ce titre, le CPPDH et la SROH estiment que M. Guitouni a été piégé
«ignorant totalement que le but visé était de discréditer le (CPPDH) et la
(SROH) par un reportage lapidaire sur sa personne à partir de témoignages
mensongers et diffamatoires envers lui».
En conclusion,
le CPPDH et la SROH requièrent que Radio-Canada soit blâmé pour avoir diffusé,
à l’encontre des obligations journalistiques connues et reconnues, un reportage
faux, mensonger, malhonnête, partial et hautement diffamatoire à leur égard.
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, M. Jean Pelletier, rédacteur en chef de l’émission Le Point,
renvoie à l’argumentation déjà transmise dans le cadre de la plainte de M.
Moncef Guitouni:
D199408
-047 M. Moncef Guitouni c. Mme Francine Pelletier,
journaliste, et Radio-Canada (CBFT-TV) (Montréal). Cette argumentation comprend
les commentaires de M. Pelletier, ceux de la journaliste Francine Pelletier,
ainsi que la décision de l’ombudsman de Radio-Canada à la plainte de M. Moncef
Guitouni.
Réplique du plaignant
Les plaignants
estiment que M. Jean Pelletier, en indiquant dans sa réponse qu’il considère la
plainte du CPPDH et de la SROH comme de «nouvelles accusations de monsieur
Guitouni», n’apporte aucune explication sur le portrait qui a été fait du CPPDH
et de la SROH dans le reportage, ni sur le fait que Radio-Canada s’est obstiné
à confondre la CPPDH, la SROH et M. Guitouni. Ils soulignent que le refus de
répondre explicitement à la plainte du CPPDH et de la SROH est un manque de
considération évident envers ces organismes.
Les plaignants
répliquent néanmoins aux arguments de l’ombudsman de Radio-Canada et de la journaliste
Francine Pelletier portant sur le CPPDH et la SROH.
Analyse
Eu égard à la plainte déposée par le CPPDH et la SROH, il y a lieu de préciser que le reportage en litige porte sur M. Moncef Guitouni, par rapport à son implication dans la politique québécoise et à ses méthodes et activités en psychologie sociale au sein des deux corporations plaignantes. C’est M. Guitouni lui-même qui est visé dans ce reportage et non les corporations plaignantes comme telles.
A ce titre, Radio-Canada n’avait pas à décrire ou à expliciter les fonctions et rôles respectifs du SROH et du CPPDH. La journaliste parle de la SROH (elle ne nomme par ailleurs jamais le CPPDH), mais de façon accessoire, en guise de contexte à l’objet même du reportage, M. Moncef Guitouni. Selon cet angle de traitement, la journaliste n’était pas tenue d’accorder un droit de réplique aux dirigeants de la SROH et du CPPDH sur les propos tenus par des ex-membres dans les témoignages diffusés. Dans la mesure où M. Moncef Guitouni était le mis-en-cause dans ce reportage et, en sa qualité de président et fondateur du SROH et de directeur général du CPPDH, il a été invité à répondre aux différents aspects questionnés, à ses méthodes et ses activités au sein de ces organismes.
Concernant le grief selon lequel le reportage laisse entendre que le CPPDH est un organisme dont la gestion est douteuse et dont les services peuvent être nuisibles à ses clients, le Conseil n’a pas de reproche à faire sur ce point. La journaliste questionne en effet la gestion. Elle présente cependant les deux versions: elle cite des témoignages d’ex-membres qui affirment ne pas avoir toujours obtenu des reçus pour les services obtenus; elle questionne également M. Guitouni sur ce point, lequel indique entre autres que «les reçus se donnaient après». Il y a lieu de mentionner de plus que ni le CPPDH ni la SROH n’ont été nommés dans le reportage en rapport avec cette question.
En ce qui concerne le grief du CPPDH et de la SROH selon lequel ce reportage associe leurs membres à des disciples d’une secte, le Conseil de presse estime qu’il y a eu utilisation d’un effet de mise en scène accompagné d’une musique de style «nouvel âge» non appropriée, qui relève davantage de l’insinuation et de la suggestion que d’une démonstration véritable du propos.
Pour les motifs énoncés ci-haut, le Conseil de presse rejette donc la plainte du Centre de psychologie préventive et de développement humain (CPPDH) et de la Société de recherche en orientation humaine (SROH).
Analyse de la décision
- C12B Information incomplète
- C15H Insinuations
- C17G Atteinte à l’image