Plaignant
M. François
Matteau, M. Réjean Déziel, M. Raymond Trudeau et M. André Carle
Mis en cause
CFKM-TV [TQS,
Trois-Rivières], CKTM-TV [SRC, Trois-Rivières] et M. Dominic Maurais
(journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Daniel
Brouillette (directeur de l’information, CKTM-TV [SRC, Trois-Rivières])
Résumé de la plainte
Dans un
reportage diffusé le 11 septembre 1995 sur les ondes des stations CFKM-TV et CKTM-TV,
le journaliste Dominic Maurais rapporte les accusations de corruption portées
contre les plaignants par Mme Stevie Cameron, auteure d’un livre intitulé «On
the Take», sans faire les vérifications et les recherches qui s’imposent. Le
journaliste ne fait pas état des démentis des plaignants.
Faits
La plainte
concerne un reportage du journaliste Dominic Maurais, diffusé le 12 septembre
1995 sur les ondes de Télévision Quatre Saisons et de CKTM. MM. Matteau,
Déziel, Trudeau et Carle estiment qu’il est diffamatoire et que son auteur n’a
pas effectué les vérifications et les recherches qui s’imposaient.
Griefs du plaignant
Sur la base
d’une entrevue avec Mme Stevie Cameron, auteure du livre «On the Take», M.
Maurais prétend que les personnes impliquées dans la compagnie «Mon Ami» ont
par leur participation trempé dans un réseau de corruption. M. Maurais nomme
plus particulièrement MM. Matteau, Déziel et Trudeau.
Les plaignants
estiment que ce reportage est «libelleux et diffamatoire». M. Maurais aurait
«manqué aux règles fondamentales de la profession journalistique et contrevenu
aux principes éthiques gouvernant la profession»:
– le journaliste
«se réfère simplement à quelques vagues extraits d’une entrevue menée auprès de
Mme Cameron»: il allègue des faits de corruption sans jamais étayer ses
affirmations. Il n’a effectué aucune recherche indépendante ni obtenu aucune
confirmation.
– M. Maurais
omet délibérément d’indiquer dans son reportage les conversations téléphoniques
qu’il a eues avec MM. Matteau et Trudeau au cours desquelles ceux-ci ont nié
ces accusations et rétabli les faits.
– M. Maurais n’a
pas effectué une enquête rudimentaire afin de tester la fiabilité et la
crédibilité de M. Jean Levasseur, à l’origine de la nouvelle.
En conclusion,
ils affirment que «ce reportage dénué de tout fondement ne contient que des
allégués excessivement vagues dont le seul but est de porter atteinte
délibérément à la crédibilité» des plaignants.
Commentaires du mis en cause
Le 11 décembre 1995,
M. Daniel Brouillette, directeur de l’information, répond aux plaignants que M.
Maurais a réalisé son reportage à la suite d’un article paru dans Le
Nouvelliste qui annonçait la nouvelle concernant les activités du groupe «Mon
Ami».
M. Maurais a eu une
entrevue avec Mme Cameron: il «n’a fait que rapporter une nouvelle et converser
avec l’auteur pour en connaître davantage». Le journaliste a donc rapporté les
faits contenus dans l’ouvrage en ayant soin de n’accuser personne. Ce n’était
pas à lui de mener une enquête, ni sur les activités du groupe ni sur Mme
Cameron et son témoin.
M. Brouillette
conclut en affirmant que son but «n’a jamais été de porter atteinte
délibérément à la crédibilité des personnes impliquées dans cette affaire».
Réplique du plaignant
Le 8 janvier
1996, les plaignants estiment que leur lettre est suffisamment explicite dans
les circonstances.
Analyse
Lorsqu’un journaliste dévoile à l’attention du public une information mettant directement en cause une personne ou un groupe de personnes, sa responsabilité est d’effectuer certaines démarches pour s’assurer de diffuser une information authentique et équitable.
Le journaliste doit procéder à une mise en contexte des faits qu’il décide de diffuser et à une vérification systématique des informations collectées. Pour cela, il doit confronter diverses sources d’information et s’assurer de leur crédibilité. Sa responsabilité est également d’offrir la possibilité aux parties mises en cause de donner leur version des faits.
Le Conseil déplore que M. Dominic Maurais ne précise jamais dans ses reportages des 13 et 14 septembre qu’il a contacté les plaignants mais que ceux-ci n’ont pas accepté de lui accorder une entrevue. Cet élément était une information pertinente à la nouvelle puisqu’il permettait au public de connaître la position de tous les intervenants à cette affaire.
La mise au point diffusée le 19 septembre est une initiative louable de la part de la chaîne de télévision, mais elle ne la libère pas de sa responsabilité de diffuser une information rigoureuse et équitable.
Analyse de la décision
- C12B Information incomplète
- C15D Manque de vérification