Plaignant
Aids Community
Care Montreal / Sida Bénévoles Montréal
Représentant du plaignant
Thompson, David
S.
Mis en cause
RG [Montréal] et
M. Roger-Luc Chayer (collaborateur)
Représentant du mis en cause
M. Alain
Bouchard (éditeur, RG [Montréal])
Résumé de la plainte
L’article «Aids Community
Care Montreal/ACCM : Comment faire fondre une piasse», signé par M. Roger-Luc
Chayer dans le numéro d’octobre 1995 du magazine RG, cause des préjudices à cet
organisme en mettant en doute sa gestion financière et en ne présentant pas
correctement sa situation.
Faits
La plainte
concerne l’article de M. Roger-Luc Chayer paru dans le magazine RG dans le
numéro d’octobre 1995.
Intitulé «Aids Community Care Montreal/ACCM.
Comment faire
fondre une piasse», cet article dénonce la gestion financière de l’ACCM en
affirmant que seulement 22% des sommes perçues sont remises aux personnes
atteintes par le virus VIH.
Griefs du plaignant
Le 15 mars 1996,
M. David S. Thompson, directeur général de l’ACCM, affirme que l’article de M.
Chayer ne reflète pas la réalité de l’organisme qu’il dirige. Ce reportage
incomplet lui a causé un préjudice important.
Est jointe à la
plainte la lettre de mise au point envoyée au magazine RG. L’ACCM veut rétablir
les faits:
– les comptes de
l’organisme sont vérifiés par un comptable agréé et indépendant qui a rédigé un
rapport en anglais et en français;
– l’ACCM
effectue des placements à court terme pour faire fructifier des revenus
réduits. Ceci permet d’assurer des services réguliers, fiables et continus aux
personnes malades;
– l’ACCM fait le
maximum pour réduire ses dépenses administratives qui représentent moins d’un
tiers de son budget;
– l’ACCM a
apporté un soutien technique (bureau et personnel) au fonds de dépannage
médicament, pas seulement un soutien financier;
– l’ACCM est une
personne morale indépendante de BBCM (Bad Boy Club Montreal): celle-ci lui
verse des dons mais elle n’influence ni ne contrôle sa gestion.
A la suite à
l’envoi de cette mise au point, le magazine RG n’a publié aucun rectificatif.
Commentaires du mis en cause
Le 21 mai 1996,
M. Roger-Luc Chayer considère que la lettre de mise au point du plaignant n’est
qu’un commentaire de son article et ne fournit aucune preuve des erreurs qui
auraient été publiées.
Le journaliste
affirme que le plaignant n’a jamais voulu lui accorder d’entrevue. Après un
premier contact en juin 1995 pour avoir accès aux états financiers de l’ACCM,
le journaliste a proposé à deux reprises une entrevue à M. Lynn Perkins mais
sans résultat.
L’article
concernant l’ACCM faisait partie d’un dossier spécial mettant également en
cause, dans le même numéro d’octobre 1995 de RG, l’association BBCM.
Le journaliste
reprend les différents points soulevés par la lettre de mise au point en constatant
qu’ils viennent confirmer les informations publiées. Considérant qu’il n’y
avait pas matière à rétractation et que l’information contenue dans ce document
s’apparentait à de l’information promotionnelle, cette lettre n’a pas été
publiée.
M. Alain
Bouchard, éditeur du magazine RG, rejette les allégations du plaignant et
précise que celui-ci n’a jamais voulu entrer en contact avec le journaliste,
que ce soit avant ou après la publication de l’article.
L’éditeur se
demande pourquoi le plaignant a attendu le 5 décembre 1995 pour envoyer sa mise
au point au journal. M. Bouchard ajoute qu’il lui était impossible de la
publier en raison de la longueur du texte et parce que sa réception
correspondait au jour de tombée du magazine.
Réplique du plaignant
Le plaignant
réfute l’argument de non-publication de sa réponse à RG magazine pour cause de
longueur. En ce qui concerne le refus d’entrevue de la part du plaignant,
l’ACCM avance que le fait que M. Chayer se soit présenté, une première fois,
sous une fausse identité pour accéder à des informations d’ordre financier, a
jeté un doute quant au journaliste par la suite.
Le plaignant
mentionne qu’il a fourni sans contrainte ses états financiers à RG à la suite
d’une demande téléphonique.
Le plaignant
affirme avoir contracté avec le comptable M. Benoît en ignorant que ce dernier
n’avait pas payé la cotisation l’habilitant à faire un rapport de vérification
des comptes de l’association. Par la suite, l’ACCM a désigné un nouveau
comptable qui a établi un nouvel audit pour l’année 1995 qui est joint à la
réplique.
En ce qui
concerne le coût des frais administratifs dénoncés, le plaignant renvoie à sa
première réponse: étant une association de bénévoles, l’ACCM ne comptabilise
pas le travail effectué par ses volontaires, et «fait le maximum pour réduire
ses dépenses administratives.»
Le plaignant
rappelle que l’ACCM et le BBCM évoluent indépendamment, avec une mission et des
objectifs différents. Il fait remarquer qu’aucun des votants du conseil
d’administration de l’ACCM n’est affilié à celui du BBCM.
Il précise que
le compte portant une entête commune aux deux associations, fermé en 1994, a
été conservé sous le nom de BBCM.
Il mentionne que
le BBCM est un contribuable comme un autre qui à la volonté d’aider le mieux possible
l’ACCM.
Analyse
La sélection de l’information et son traitement relèvent de la discrétion rédactionnelle des professionnels de l’information, guidés par la volonté de livrer une information d’intérêt public et conforme aux faits.
Dans son numéro d’octobre 1995, le magazine RG présente une enquête journalistique portant sur la gestion financière de deux associations venant en aide aux malades du Sida: le BBCM et l’ACCM.
Dans son article «Aids Community Care Montreal/ACCM. Comment faire fondre une piasse», Roger-Luc Chayer tente de démontrer à l’aide de chiffres des états financiers que les sommes récoltées par ACCM ne sont pas dépensées de façon judicieuse et en fonction de sa mission d’aide aux sidéens.
Selon le Conseil de presse, l’analyse des états financiers ne permet pas d’étayer les prétentions de RG. Sa conception des frais administratifs divers est extrêmement large voire même abusive.
A titre d’exemple, le journaliste choisit de considérer comme dépense administrative les frais relatifs au bulletin d’information destiné à la clientèle et les frais de formation des bénévoles alors que ces 2 activités sont liées directement à la mission de l’organisme. Aussi, le journaliste présente comme un scandale le placement d’argent en dépôt à terme alors que cela constitue une pratique courante et sage dans l’administration de tout organisme sans but lucratif. D’ailleurs, le journaliste lie de façon erronée le placement de 1993 aux intérêts de 1994.
Le Conseil de presse du Québec estime qu’il aurait été souhaitable de publier la lettre de réplique de l’ACCM et ne retient pas l’excuse de sa longueur car il est toujours loisible à une entreprise de presse de présenter un condensé des arguments.
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C15A Manque de rigueur
Date de l’appel
22 April 1997
Appelant
RG [Montréal] et
M. Roger-Luc Chayer (collaborateur)
Décision en appel
Après examen,
les membres de la commission d’appel ont conclu à l’unanimité de maintenir
intégralement la décision de première instance et de rejeter l’appel.
Griefs pour l’appel
Le magazine RG
et M. Roger-Luc Chayer ont interjeté appel de cette décision.