Plaignant
M. François
McCauley
Mis en cause
La Presse [Montréal]
et Mme Patricia Bergeron (collaboratrice)
Représentant du mis en cause
M. Alain de
Repentigny (adjoint au directeur de l’information, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
L’article
«Sauvez mon âme», paru sous la signature de la journaliste Patricia Bergeron
dans l’édition du 4 avril 1996 de La Presse, rapporte une fête tenue au Café
Campus à l’occasion de Pâques en tournant en dérision la religion catholique.
En plus de cet article, La Presse publie dans la même page une photo injurieuse
et les titres, indélicats, «Virginité pascale» et «Cabaret païen». La Presse
refuse de publier la lettre de protestation du plaignant.
Faits
La plainte porte
sur un article de la journaliste Patricia Bergeron (collaboration spéciale),
intitulé «Sauvez mon âme», paru dans le cahier Sortir de La Presse, le 4 avril
1996.
Griefs du plaignant
M. François
McCauley porte plainte contre La Presse et Mme Patricia Bergeron pour avoir
offensé et tourné en dérision la religion chrétienne lors des fêtes de Pâques.
Selon le
plaignant, la journaliste a fait preuve d’indélicatesse vis-à-vis de la
population catholique en présentant la fête du Café Campus à Montréal avec «le plus
parfait mauvais goût». Cela accentué par une photo injurieuse et des
expressions dépréciatives, dans un tel contexte.
Il mentionne que
deux autres titres de la même page «Virginité pascale» et «Cabaret païen» sont
d’autant plus indélicats qu’ils sont publiés durant la Semaine sainte.
Offensé en tant
que catholique romain pratiquant, il a écrit une «lettre du lecteur» véhémente
qui n’a pas été publiée.
Il considère que
La Presse s’est fait «la vitrine complaisante d’une soirée relevant de la
bambochage anti-religieuse et — à la limite –du blasphème».
Le plaignant
déplore que le droit au respect des croyances religieuses, fondement de notre
société, ait été bafoué par cette présentation «blessante et dégradante». Il
mentionne qu’il aurait réagi de la même manière si l’article avait porté sur un
autre groupe religieux. C’est la raison pour laquelle il demande à La Presse et
à la journaliste Patricia Bergeron de présenter leurs excuses.
Commentaires du mis en cause
M. Alain de
Repentigny, adjoint au directeur de l’information et responsable du cahier
Sortir, répond à la plainte de M. McCauley.
Il précise que
le rôle du cahier Sortir de La Presse est de rendre compte de l’activité
culturelle à Montréal et au Québec dans toute sa diversité, en traitant
prioritairement des événements qui intéressent les jeunes lecteurs.
A l’occasion de
Pâques, La Presse a consacré les huit pages du cahier à la centaine d’activités
organisées pour le week-end. Pour informer le mieux possible ses lecteurs, le
journal a illustré l’article sur le Café Campus, fréquenté par les jeunes, par
une «photo donnant une bonne idée du ton de la soirée».
Il considère que
La Presse a agi avec professionnalisme en donnant à ses lecteurs un large
éventail de sorties éclairées au choix de leurs goûts et leurs besoins.
Réplique du plaignant
Le plaignant
rappelle que sa plainte porte sur la manière dont a été traitée et véhiculée
l’information et non sur la liberté de circulation de l’information.
Il est convaincu
que l’argument de M. de Repentigny n’est pas valable puisque La Presse a laissé
passer un texte offensant et insolent à l’égard des catholiques et de leurs
rites.
Selon le
plaignant, si l’événement avait été une célébration juive ou musulmane, La
Presse aurait certainement publié l’article dans ses pages informatives en
dénonçant cette marque d’irrespect envers un groupe de citoyens.
Il estime que
vouloir «intéresser un public de jeunes» ne peut justifier une telle
condescendance de la part du journal et de la journaliste.
Analyse
La liberté rédactionnelle dont jouissent les médias en matière de choix et de traitement de l’information, doit être fonction de l’intérêt du public à l’information.
A ce titre, le reportage est destiné à informer le public, c’est-à-dire à lui rappeler et à lui expliquer les faits en les situant dans leur contexte, pour lui permettre de se faire, en toute connaissance de cause, une opinion sur les événements et sur l’actualité. Dans le cas présent, le Conseil estime que le plaignant a eu raison d’exprimer ses inquiétudes et son mécontentement. Il se peut, effectivement, que l’article en cause soit porteur de ridicule et d’indélicatesses envers la population chrétienne, ses rites et ses croyances.
Le Conseil de presse estime que la journaliste n’a pas dérogé aux exigences journalistiques voulues par son métier. Elle a donné un aperçu de l’ambiance du «party» organisé au Café Campus; même si les expressions «Pour rigoler un peu» ou «chansonnettes apprises en cours de catéchèse» peuvent traduire une attitude irrespectueuse.
Les choix rédactionnels des médias ont trait, entre autres, aux moyens auxquels ils peuvent avoir recours afin de rendre l’information vivante, dynamique ou susceptible d’attirer l’attention du public.
Dans le cas présent, le Conseil estime que la photo accompagnant l’article n’est pas indécente et ne fait qu’illustrer la teneur dudit article.
Le Conseil peut comprendre l’offense et le mécontentement du plaignant. Il est d’avis que La Presse aurait dû publier sa lettre; cela aurait permis au public de prendre connaissance de son point de vue.
Par conséquent, le Conseil rejette la plainte car, si le droit au respect des croyances religieuses a été bafoué, dans le cas présent, cela ne peut être incriminé à La Presse et à la journaliste, qui ne sont pas à l’origine de l’organisation des «partys» de Pâques.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17G Atteinte à l’image