Plaignant
M. Kenneth W.
Random
Mis en cause
Le Trait d’Union
[Mascouche] et Mme Suzanne Sauvé (journaliste)
Résumé de la plainte
La journaliste
Suzanne Sauvé du Trait d’Union colporte des propos mensongers et fait preuve de
partialité dans l’article qu’elle signe le 4 août 1996 au sujet de chiens
errants à Mascouche. La journaliste identifie une personne qui serait impliquée
dans cette affaire mais demeure imprécise quant à l’identité de ses voisins
mécontents. Elle rapporte les ouï-dires d’une émission diffusée quelques temps
auparavant, notamment en ce qui concerne l’évaluation du nombre d’animaux
concernés.
Faits
La plainte
concerne l’article de Suzanne Sauvé «Les citoyens en ont assez des chiens
errants…» paru le 4 août 1996 dans le journal mascouchois Le Trait D’Union.
Griefs du plaignant
M. Kenneth W.
Random, citoyen de la ville de Mascouche, porte plainte contre la journaliste
Suzanne Sauvé du Trait D’Union pour avoir colporté «des propos mensongers et
injurieux en faisant preuve de partialité».
En rapportant
l’affaire d’une citoyenne de Mascouche, Mme Janine Larose propriétaire de
nombreux chiens et chats qui semblent déranger le voisinage, la journaliste
aurait diffusé des faits fondés sur des ouï-dires et des informations d’une
émission de télévision (J.E.) qui traitait de l’affaire quelques temps
auparavant.
Ainsi, il
mentionne que la journaliste se serait montrée partiale en identifiant clairement
Mme Larose, alors qu’elle demeure très imprécise et très générale quant à
l’identification des «voisins» et des «citoyens» qui en ont assez.
De plus, il
s’étonne que Mme Suzanne Sauvé parvienne à évaluer que tous les citoyens ont
atteint leur limite de tolérance simultanément.
Il déplore la
douteuse évaluation du nombre de chiens et chats faite par la journaliste,
attribuée aux ouï-dires d’une émission de télévision, ainsi que la mauvaise
qualité de la photo qui illustre l’article.
Il fait remarquer
que la journaliste est forcée d’admettre que «les quatre chiens jugés agressifs
et dangereux ne pouvaient être identifiés comme étant les chiens de Mme Larose»
et que le meurtre de ces chiens était entièrement gratuit. Il mentionne n’avoir
reçu aucun avis, émis par la police de Mascouche, mettant en garde les
citoyens, résidant à proximité de la propriété de Mme Larose, contre les chiens
errants.
Il précise avoir
aperçu un homme embusqué près de la maison de Mme Larose tôt le matin du 30
juillet dernier. Il s’en est approché pour savoir s’il avait besoin d’aide et
l’homme lui aurait répondu très agressivement.
Selon lui,
Suzanne Sauvé a abusé de son statut de journaliste dont la raison d’être est
d’informer le public et non de le manipuler.
Quelques jours
plus tard, il correspond à nouveau avec le Conseil de presse pour mentionner la
complicité possible entre la journaliste et l’équipe municipale de Mascouche.
Par la suite, il
indique qu’il a reçu une lettre de Mme Larose, comme tous ses voisins, révélant
la complicité de la police locale et des employés du Berger Blanc dans la
disparition de quatre de ses chiens. Il précise que Suzanne Sauvé, qui a pris
connaissance de cette lettre, a mal cité les propos de Mme Larose et a précisé
que les employés du Berger Blanc avaient demandé une rétractation à Mme Larose
devant être diffusée par la voie des journaux de la municipalité.
Commentaires du mis en cause
La journaliste
Suzanne Sauvé répond, par la même réplique, à la plainte formulée à son endroit
par M. Random.
Elle indique,
clairement, que le texte du 4 août 1996 «cite très bien qu’on ne peut associer
les animaux à la dame…» mais elle rajoute que «la propriété est entourée
d’animaux, jonchée d’excréments» qu’elle a elle-même vus.
Par ailleurs,
elle mentionne avoir pris connaissance de la mise en garde envoyée par les
Services de police de la Ville.
Elle précise que
le voisinage de Mme Larose vit «une situation problématique depuis nombre
d’années» et que «plusieurs voisins [l]’ont interpellée pour l’enjoindre de
faire état de leur impatience devant ce dossier».
Dans un deuxième
temps, elle a pris connaissance d’un rapport policier indiquant les noms de
voisins qui se sont plaints à l’endroit de Mme Larose, et qu’elle n’est pas
dans l’obligation de révéler ces sources.
Pour vérifier
certaines informations, elle a pris contact avec le maire qu’elle estime «être
un informateur tout à fait crédible dans ce dossier».
Elle réplique
que l’évaluation du nombre de chiens et chats est indiquée dans un rapport,
formulé par l’inspecteur en bâtiment de la Ville de Mascouche confirmant la
présence de plus de 100 chats et 20 chiens.
Elle précise
avoir obtenu copie de la demande de rétractation du Berger Blanc à Mme Larose.
Elle mentionne que
M. Random «est un farouche adversaire du maire et du conseil actuels».
Elle termine en
précisant que ses textes publiés ont «tous été très bien documentés, s’appuient
sur des sources crédibles» et font preuve de sa bonne foi dans ce dossier.
Réplique du plaignant
M. Random
affirme que la réponse de la journaliste est assez significative de la paranoïa
qui entoure cette affaire. A cet effet, ce contexte serait entretenu par
l’anonymat des plaignants par peur d’être traînés devant les tribunaux.
Il mentionne qu’il
ne connaît pas Mme Larose et ne peut donc endosser ses affirmations. Cependant,
il peut affirmer avoir vu un employé de la fourrière assis dans une jeep et
dissimulé derrière les buissons près de la propriété de Mme Larose, le 30
juillet dernier au petit matin.
Il rappelle
n’avoir jamais reçu ce soi-disant avis de la police, qui ne serait qu’un autre
signe de la paranoïa créée et encouragée par les services policiers.
Il doute
fortement du rôle d’informateur tout à fait crédible du maire dans ce dossier.
Selon lui, la
journaliste s’est montrée «opportuniste» et aurait manqué à l’éthique
journalistique voulue par sa profession.
Analyse
Le Conseil de presse rappelle que le choix et le traitement de l’information relèvent du jugement rédactionnel des médias et des journalistes. La véracité des faits et leur degré d’intérêt public sont deux critères qui doivent guider ce choix, et a fortiori lorsque les informations publiées risquent de porter atteinte à la réputation des personnes.
Le Conseil de presse ne perçoit pas, dans les articles de la journaliste, un manquement à ces principes puisque Suzanne Sauvé a livré au public une information conforme aux faits et fidèle aux événements.
En effet, la journaliste Suzanne Sauvé du Trait d’Union a rapporté les faits et les informations qu’elle a pu recueillir à partir de documents à l’appui et en recueillant le témoignage de sources crédibles en se déplaçant sur le terrain.
Toutefois, le Conseil de presse signale que la version de Mme Janine Larose aurait permis aux lecteurs et au Conseil d’être mieux éclairés quant aux informations concernant les litiges entre la ville de Mascouche, les services de police et Mme Larose.
Quant à l’anonymat des témoins, le Conseil de presse souligne que les professionnels de l’information peuvent protéger l’anonymat d’une source dans certains cas spécifiques, notamment pour la préserver d’éventuelles représailles. Ils doivent alors redoubler d’efforts pour s’assurer de la crédibilité de leur source et de l’authenticité des informations transmises.
En conclusion, le Conseil de presse juge non fondée sur le fond la plainte de M. Random à l’endroit du Trait d’Union.
Analyse de la décision
- C11C Déformation des faits
- C12C Absence d’une version des faits