Plaignant
M. Philippe
Gagnon
Mis en cause
Le Droit
[Ottawa]
Représentant du mis en cause
M. Pierre
Bergeron (président et éditeur, Le Droit [Ottawa])
Résumé de la plainte
Le Droit refuse
de publier la lettre ouverte du plaignant, rédigée en réaction à une autre
lettre parue le 27 septembre 1997. En 1995, Le Droit avait refusé de publier
deux lettres du plaignant dans des circonstances similaires, ce qui montre le
parti pris de ce journal.
Faits
La plainte de M.
Philippe Gagnon est déposée à l’encontre de la direction du Droit suite à la
non-publication d’un texte.
Le 27 septembre
1997, Le Droit publiait une lettre de lecteur dans sa page «Forum». Ce texte,
intitulé «L’école confessionnelle: notre sida culturel», donnait le point de
vue d’un professeur associé à l’Université du Québec sur le maintien des
commissions scolaires confessionnelles au Québec.
Le plaignant, en
désaccord avec l’opinion négative exprimée dans ce texte, a alors rédigé un
article pour donner son avis sur le sujet. Cette lettre n’a pas été publiée.
Griefs du plaignant
M. Philippe
Gagnon estime que le refus du Droit de publier son texte est «non motivé et non
motivable».
Le plaignant
explique qu’il a pris toutes les précautions pour que son texte soit publié,
tant au niveau de la longueur de la lettre que du ton employé. Trois semaines
après l’envoi de son texte et constatant que Le Droit ne l’avait toujours pas
publié, le plaignant a envoyé un courrier électronique au responsable des pages
éditoriales. Ce message serait resté sans réponse.
M. Gagnon estime
donc être victime d’un «cas flagrant» de partialité et de parti pris de la part
du Droit. Il précise d’ailleurs qu’en 1995, ce même quotidien a, à deux
reprises, ignoré ses textes, écrits en réaction à d’autres lettres d’opinion.
Le plaignant
déplore donc que «l’idéologie de certains passe avant le droit du public à une
information objective sur certaines questions précises». Il considère que, en
choisissant de publier un article sur un sujet plus spécialisé que d’ordinaire,
Le Droit a contracté l’obligation morale de permettre aux points de vue opposés
de s’exprimer.
Commentaires du mis en cause
M. Pierre
Bergeron, président et éditeur, indique qu’il a contacté M. Gagnon, peu après
le dépôt de sa plainte, pour s’excuser du traitement accordé à son texte et
l’informer de son désir de le publier, compte tenu de l’intérêt qu’il présente.
Ceci a d’ailleurs été fait dans l’édition du 12 février 1998.
M. Bergeron
insiste également sur la volonté d’ouverture et d’équilibre qui prévaut dans
les pages «Forum» de son journal.
Il précise
néanmoins que Le Droit, tout en s’efforçant de faire paraître le plus grand
nombre d’opinions pertinentes possible, n’est pas formellement tenu de publier
toutes les lettres reçues.
Réplique du plaignant
M. Gagnon
indique qu’il maintient sa plainte, n’étant toujours pas satisfait du
traitement réservé à son texte et des explications de l’éditeur du Droit. Il
réitère donc ses accusations de partialité et de parti pris contre
l’éditorialiste qu’il juge responsable de la non-publication de sa lettre.
Il considère, en
effet, qu’il doit y avoir un certain «suivi thématique» dans les pages
consacrées au courrier des lecteurs. Or son article est paru cinq mois après
celui auquel il rétorquait et plusieurs autres ont été ignorés alors que, par
ailleurs, certains voient leurs textes publiés quasi systématiquement.
Enfin, le
plaignant affirme que les «déclarations d’intention» de M. Bergeron ne lui
ôtent pas ses doutes quant à l’intégrité et l’impartialité de certains employés
du journal.
Analyse
Le Conseil de presse reconnaît, que même s’ils doivent favoriser l’expression du plus grand nombre possible de points de vue, les médias jouissent de la prérogative de publier ou non les lettres des lecteurs qui leur sont soumises et de déterminer le choix du moment de leur parution. Nul n’a accès de plein droit à la tribune réservée à cette fin dans les journaux.
En vertu de ce principe, le journal Le Droit n’était pas formellement tenu de publier la lettre du plaignant.
Le Conseil tient par ailleurs à rappeler qu’il s’est toujours refusé à faire quelque procès d’intention que ce soit à quelque partie impliquée dans une plainte. Le Conseil ne peut, par conséquent, prendre en considération l’affirmation du plaignant selon laquelle le journal aurait fait preuve de partialité à son égard.
De plus, il convient de souligner que le journal mis en cause s’est non seulement excusé du délai, mais a fait preuve d’ouverture et d’une volonté d’équilibre à l’égard du plaignant en permettant à celui-ci de faire valoir son point de vue dans ses pages .
En conséquence, le Conseil rejette la plainte portée par M. Philippe Gagnon à l’encontre du quotidien Le Droit.
Analyse de la décision en appel
- C08A Choix des textes