Plaignant
Commission scolaire de Laval
Mis en cause
Jean-Paul Charbonneau, journaliste,
et La Presse (Claude Masson, vice-président et éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
Le 1er septembre 1998, La Presse
publie un article intitulé » Cafouillis à l’École d’éducation
internationale « . Cet article est accompagné d’une photo venant illustrer
la rentrée scolaire au sein de l’établissement en question.
La Commission scolaire de Laval
conteste le titre de l’article et la photo. M. Gérard Dalphond, président de la
Commission scolaire de Laval, considère que la photo et le titre de l’article
incriminé sont sensationnalistes, faux et mensongers.
Griefs du plaignant
M. Gérard Dalphond, président de la
Commission scolaire de Laval, considère que la photo et le titre de l’article
incriminé sont sensationnalistes, faux et mensongers.
Concernant la photo, elle en serait
une d’archives, ce que La Presse aurait omis de préciser. Cette photo
n’aurait rien à voir avec la rentrée scolaire 1998 à l’École d’éducation
internationale. Elle daterait en réalité de plusieurs années, à l’époque où la
Commission scolaire Chomedey de Laval avait fait l’objet de manifestations.
Le titre » Cafouillis à
l’École d’éducation internationale » serait faux, et sans relation avec la
réalité. Selon le plaignant, la rentrée scolaire à l’École internationale de
Laval s’est en fait déroulée de façon excellente, sans aucune manifestation ni
récrimination, comme le montre la lettre du directeur André Coutu transmise aux
parents d’élèves. La rentrée aurait été si calme qu’aucun journaliste ne se
serait déplacé pour rapporter quoi que ce soit.
Le plaignant considère donc que
l’utilisation d’une photo d’archives et d’un titre inexact constitue un montage
de toutes pièces d’une situation qui n’a jamais existé. En agissant ainsi, le
journal aurait induit les lecteurs en erreur en laissant croire que l’école en
question était en crise.
Cette situation aurait causé un
préjudice aux administrateurs de la commission scolaire, aux commissaires élus,
et à l’organisation scolaire. Les administrateurs de la commission scolaire
auraient consacré beaucoup de temps et d’énergie pour réparer cette erreur
auprès des autorités et des parents.
Malgré plusieurs coups de téléphone
passés à La Presse, le journal ne se serait jamais excusé et se serait
contenté de publier, le 2 septembre 1998, une petite correction qui ne
contrebalancerait en rien l’ampleur des dommages et l’atteinte à la réputation
de l’école.
Commentaires du mis en cause
Claude Masson, vice-président et
éditeur adjoint de La Presse, répond au plaignant en 6 points :
– La Presse reconnaît avoir
utilisé une photo d’archives n’ayant aucun lien avec la rentrée scolaire 1998
et d’avoir omis de mentionner ce fait dans la légende accompagnant cette
illustration.
– Dès le lendemain de la
publication de l’article incriminé, à la demande de la Commission scolaire de
Laval, La Presse a publié une rectification en page A2. Le mis-en-cause
rappelle que l’article incriminé avait été publié en page A7.
– Le titre » Cafouillis à
l’École d’éducation générale » était, de l’avis du mis-en-cause, conforme
au contenu de l’article.
– La rédaction d’un tel article
aurait été motivée par le mécontentement général des parents et des élèves lors
de la rentrée scolaire précédente. Le journal voulait accorder un suivi à cette
affaire.
– Le journaliste aurait entrepris
les démarches nécessaires pour connaître le point de vue de la direction de
l’école et de la Commission scolaire de Laval. Il aurait tenté de communiquer
avec le directeur de l’école, le directeur par intérim, et le directeur adjoint
par intérim. Seul ce dernier était joignable et a consenti à ce que ses propos
soient rapportés dans le journal. Ce que le journaliste a fait et que personne
n’est venu contester.
Le jour de la parution de
l’article, le directeur par intérim aurait cependant contacté le journaliste
pour lui faire savoir son mécontentement, et les deux hommes se seraient mis
d’accord pour qu’un article soit rédigé lorsque les problèmes au sein de
l’école seraient réglés. Lorsque le journaliste a tenté de rejoindre le
directeur par intérim, on l’aurait alors dirigé vers d’autres personnes, dont
le directeur de la Commission, tous injoignables.
– De l’avis du mis-en-cause, toutes
ces démarches infructueuses montrent le mutisme des institutions concernées. En
refusant de répondre au journaliste et de retourner ses appels, elles se
seraient rendues coupables de manque de transparence.
Le mis-en-cause conclut en
reconnaissant l’erreur de La Presse concernant la photo d’archives. Il
rappelle cependant la rapidité avec laquelle le journal a réparé son erreur.
Quant au titre, le mis-en-cause maintient qu’il correspondait aux faits et aux
déclarations qui ont été faites au journaliste. Le refus des plaignants de
collaborer avec le journaliste n’a pas permis à ce dernier de faire son travail
entièrement.
Réplique du plaignant
M. Gérard Dalphond, président de la
Commission scolaire de Laval, tient à préciser que sa plainte ne vise pas tant
le journaliste que le journal, puisqu’elle concerne l’utilisation de la photo
et le titre de l’article.
Le plaignant considère que le
mis-en-cause a tenté de relativiser l’erreur commise par le journal concernant
la photo, en invoquant la rectification publiée le lendemain dans le journal.
Le plaignant considère que cette rectification n’était pas suffisante.
Il maintient que le titre et la
photo n’ont aucun rapport avec la réalité de la rentrée scolaire dans
l’établissement concerné. Le titre ne correspondrait pas non plus avec
l’article lui-même.
Le plaignant conteste aussi
l’affirmation du mis-en-cause selon laquelle il y aurait eu, lors de la rentrée
scolaire, un mécontentement général au sein de l’École d’éducation
internationale.
Quant aux démarches entreprises par
le journaliste, le mis-en-cause les évoquerait pour éluder l’objet de la
plainte.
Analyse
Le Conseil de presse tient à rappeler que les titres autant que les illustrations doivent respecter le sens, l’esprit et le contenu des textes auxquels ils réfèrent. Les responsables doivent éviter le sensationnalisme et veiller à ce que les titres et les illustrations ne constituent pas des outils de désinformation.
Dans le présent cas, il ne fait aucun doute que La Presse se devait de mentionner que la photo utilisée en était une d’archives, et qu’elle n’avait pas été prise le jour de la rentrée scolaire. Mais le quotidien a été le premier à reconnaître son erreur, et surtout à tenter d’y remédier. C’est ainsi que dès le lendemain, il a publié en page A2 une rectification, venant apporter la mention manquante. En agissant ainsi, le journal a répondu aux exigences de rapidité et de visibilité recommandées par le Conseil dans de telles situations d’erreurs.
Certes, la publication de mises au point ne constitue pas toujours le meilleur moyen de réparer l’éventuel préjudice causé, mais dans ce cas précis, La Presse a fait preuve non seulement de bonne volonté en publiant un rectificatif, mais aussi d’ouverture d’esprit, en proposant au directeur de l’école de rédiger un nouvel article lorsque les problèmes seraient réglés.
Concernant le titre de l’article, le Conseil considère qu’il était conforme à la fois au contenu de l’article et à la réalité. L’article en lui-même soutient que la rentrée scolaire dans l’établissement concerné s’est faite dans le plus grand désordre, comme le suggère le titre. Et la réalité semblait bien être celle-là, puisque le journaliste a appuyé ses dires sur des citations du directeur adjoint de l’école. En outre, les plaignants avaient la possibilité de donner leur version des faits au journaliste, ce qu’ils ont refusé de faire.
Finalement, ni le titre de l’article, ni la photo venant l’illustrer n’avaient un caractère sensationnaliste.
Pour toutes ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte de la Commission scolaire de Laval à l’endroit de La Presse et de son journaliste Jean-Paul Charbonneau.
Analyse de la décision
- C11 Exactitude de l’information
- C14 Pondération de l’information
- C15 Rigueur de l’information
- C17 Respect des personnes
- C19 Rectification de l’information