Plaignant
François Baby
Mis en cause
Société Radio-Canada /
émission » Le Point » (Jean Pelletier, directeur des nouvelles
télévisées et Claude Saint-Laurent, directeur général de l’information,
télévision)
Résumé de la plainte
M. Baby porte plainte contre la Société
Radio-Canada pour son émission » Le Point » du 5 mars 1998,
portant sur le drapeau du Québec. La plainte est présentée sur la base d’une autre
plainte similaire déposée le 10 mars 1998 auprès l’ombudsman de Radio-Canada.
Le plaignant dénonce des failles
importantes dans le traitement journalistique et également le manque d’équité
sur un sujet sensible et pouvant prêter à controverse. Le traitement biaisé du
reportage visait manifestement à discréditer le drapeau du Québec. En
produisant et en diffusant cette émission, les mis-en-cause auraient contrevenu
aux pratiques et à l’éthique journalistique et la SRC a manqué à ses
devoirs de radiodiffuseur en la diffusant à son antenne.
Griefs du plaignant
Le premier reproche porte sur de
nombreux manquements aux lois fondamentales du reportage : des affirmations de
la journaliste non étayées ou corroborées, un manque d’objectivité l’ayant
amenée à soutenir tout au long du reportage une thèse bien définie à l’endroit
du fleurdelisé et à prendre parti pour certaines thèses avancées par des
invités.
La journaliste aurait également
fait défaut de présenter la contrepartie, fait des affirmations gratuites, simplistes,
incomplètes ou fausses, des simplifications réductrices et des erreurs, pris
des raccourcis avec l’histoire qui fausseraient complètement le contenu du
reportage.
Toutefois, le plus grand reproche
du plaignant à l’égard des mis-en-cause serait » de nous avoir embarqués
dans une suite d’amalgames réducteurs et souvent basés sur des prémisses
fausses qui nous forcent à cheminer intellectuellement dans un sens précis et
visant manifestement à discréditer le drapeau du Québec « .
Il s’agissait donc, pour le
plaignant, d’un chef-d’œuvre de partialité, couronné d’associations
inacceptables d’une probité intellectuelle plus que douteuse. Pour lui, le peu
de considération que l’on porte dans le reportage au drapeau du Québec est sans
doute à l’origine du fait que le seul drapeau fleurdelisé québécois que montre
le reportage est un drapeau déchiré, ce qui lui apparaît scandaleux.
Commentaires du mis en cause
En guise de commentaires, le
directeur des nouvelles télévisées, M. Jean Pelletier, transmet au Conseil
copie de la réponse de 6 pages qu’il avait faite au plaignant le 29 avril 1998,
ainsi que des copies d’une lettre de plainte subséquente, toujours au sujet du
drapeau et des lettres de M.Baby. On y trouve également copie de la
réponse de l’ombudsman de la SRC à la demande de révision et une copie
de l’émission sur cassette avec sa transcription.
La réponse de M. Pelletier contient
quelques admissions d’inexactitudes. Pour sa part, le rapport de l’ombudsman ne
conclut pas globalement. Mais il reprend les commentaires du plaignant un à un,
et les analyse; dans certains cas, après une recherche et une mise en contexte
élaborée. Les conclusions vont de la conformité à la politique journalistique
de Radio-Canada à la reconnaissance d’erreurs, d’inexactitudes de la part
des invités ou de la journaliste et dans certains cas de faiblesses quant à la
mise en contexte.
Réplique du plaignant
Aucune réplique.
Analyse
La plainte soumise à l’attention du Conseil avait déjà été soumise préalablement à l’examen de l’ombudsman de la Société Radio-Canada qui avait produit un volumineux rapport à ce sujet.
L’intention de la présente analyse n’était pas de réévaluer l’examen effectué par l’ombudsman de la SRC. L’analyse visait plutôt à préciser si les reproches formulés par le plaignant étaient justifiés et si le reportage présentait des écarts avec la déontologie.
Dans son étude basée sur un examen exhaustif de tous les éléments du dossier, le Conseil de presse a effectivement observé dans le reportage quelques manquements à l’égard de l’exactitude et de la rigueur de l’information. Certains de ces manquements avaient d’ailleurs déjà été reconnus par le directeur des nouvelles télévisées de la SRC, notamment concernant la date de la dernière victoire des Français sur les Anglais au Canada et sur la démarche de la Société Saint-Jean-Baptiste pour faire du « Carillon Sacré-Cœur » son drapeau.
Ces quelques erreurs à caractère historique sont cependant apparues mineures aux yeux du Conseil, celles-ci n’ayant pas la portée que lui prête le plaignant et n’altérant pas le fond même du reportage en cause.
Par conséquent, et compte tenu du fait que le reportage du Point respectait dans l’ensemble les grands principes de l’éthique journalistique, le Conseil de presse ne peut que rejeter sur le fond la présente plainte, en dépit de quelques erreurs historiques observées, et admises par le mis-en-cause.
Analyse de la décision
- C11A Erreur
- C11B Information inexacte
- C11C Déformation des faits
- C12A Manque d’équilibre
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C13B Manipulation de l’information
- C13C Manque de distance critique
- C15B Reprendre une information sans la vérifier
- C15C Information non établie
- C15F Information non attribuée
- C17C Injure
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17G Atteinte à l’image
Date de l’appel
5 May 2000
Décision en appel
Les membres de la Commission
d’appel, présidée par M. Michel Roy, ont conclu à l’unanimité de maintenir la
décision rendue en première instance. Bien que la Commission d’appel
reconnaisse que plusieurs inexactitudes à caractère historique se sont glissées
dans le traitement de l’émission Le Point, ces erreurs n’altèrent pas,
de l’avis des membres de la Commission, le fond même du reportage en cause, en
raison de leur caractère mineur.
Comme le dossier permet par
ailleurs l’expression de points de vue diamétralement opposés sur les origines
du drapeau québécois – dont plus particulièrement ceux de René-Daniel Dubois et
Guy Bouthillier -, les membres de la Commission ont jugé que le reportage du Point
respectait le critère de l’équilibre dans son traitement journalistique. Par
conséquent, conformément aux règles de procédure, nous rejetons l’appel et
fermons le dossier cité en titre.
Griefs pour l’appel
François Baby interjette appel à la
décision du Conseil de presse.