Plaignant
Télévision communautaire Dolbeau-Mistassini
Mis en cause
Dominique Rivard,
journaliste et le Groupe Antenne 6 (Rosaire Leclerc et Marc-André Levesque,
co-présidents)
Résumé de la plainte
Le Conseil
d’administration de la Télévision
communautaire de Dolbeau-Mistassini porte plainte contre le Groupe Antenne
6 et le journaliste, Dominique Rivard pour « harcèlement » et atteinte à la
crédibilité de sa chaîne et de ses bénévoles.
Griefs du plaignant
Le Conseil
d’administration et son président, Jean Ménard, reprochent au Groupe Antenne 6
d’avoir proférer des « propos mensongers, diffamatoires et tendancieux » à
plusieurs reprises sur leurs ondes, ce qui tendrait à discréditer la télévision
communautaire et ses bénévoles.
De plus, la direction affirme avoir répondu très
honnêtement à toutes les questions de la station, alors qu’aucun journaliste du
Groupe Antenne 6 n’a fait l’effort de se déplacer jusqu’aux locaux de la
télévision communautaire, et cela dans un manque évident d’objectivité.
Enfin, M. Ménard
rappelle que ce n’est pas la première fois, que la station de radio profère des
propos non vérifiés et non fondés et qu’elle a déjà à son actif deux plaintes
contre la Télévision communautaire de
Saint-Félicien. Il conclue par le fait que « ces attaques mettent en péril la
survie de nos organismes communautaires ». Le Conseil d’administration joint à
sa plainte une cassette contenant l’enregistrement de différents passages des
Ad Lib de M. Ouellet, animateur du m«tin et M. Rivard, journaliste.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Dominique Rivard,
journaliste
M. Rivard avoue sa
surprise devant une plainte de la part de M. Ménard, qui selon lui, s’y
connaîtrait en matière de harcèlement. Il l’accuse d’être en conflit
d’intérêts, puisqu’il serait parallèlement l’un des vice-présidents du Bloc
Québécois et l’animateur d’une émission d’affaires publiques.
Le mis-en-cause
soutient aussi que le prétendu harcèlement de M. Ménard n’est en fait que « le
droit fondamental du public à être informé correctement sur ce qui se passe à
l’intérieur des murs d’un média communautaire qui prône la transparence ». Il
reconnaît n’être jamais allé dans les locaux de la TVC, étant donné qu’il n’y
aurait jamais été invité et que les données, qu’il y trouvait, étaient
inintéressantes.
M. Rivard admet aussi
que le président de la TVC a répondu à ses questions. Ses propos ont d’ailleurs
été reproduits fidèlement, montrant que les différentes parties en cause ont pu
s’exprimer de façon équitable. Il conclue en ajoutant, qu’il n’a aucun intérêt
personnel en jeu.
Commentaires de Rosaire Leclerc et
Marc-André Levesque, présidents
Les présidents se
disent surpris de la plainte, puisque la télévision communautaire ne leur a
jamais fait part de ses malaises. De plus, ils relèvent que la plainte ne
repose sur rien de concret, sur aucune émission en particulier. Ils ne disent
relever aucun propos dans tous les textes de nouvelles parlant de la TVC,
nuisant à sa crédibilité.
De plus, les
dirigeants du groupe Antenne 6 affirment que M. Rivard, lors de ses interventions,
aurait respecté leur politique en matière de contenu. Ils justifient le nombre
de nouvelles concernant la TVC de Dolbeau-Mistassini par le fait des multiples
conflits, qui sont apparus depuis l’élection de M. Ménard, et rapportent qu’ils
n’ont pas été les seuls à parler de ces différents événements.
Enfin, messieurs
Leclerc et Levesque ajoutent que les plaintes déposées contre la TVC de Saint
Félicien concernaient les messages publicitaires et que le CRTC leur a donné raison.
Ils joignent à leur plainte les différents textes de nouvelles parues sur la
Télévision communautaire de
Dolbeau-Mistassini depuis septembre 1999, ainsi que la politique en matière
de contenu établie par le groupe Antenne 6.
Réplique du plaignant
M. Ménard rappelle que
sa plainte porte sur les « Ad Lib » entre M. Ouellet, l’animateur du matin et
M. Rivard. Il ajoute que, selon lui, un journaliste se doit « d’aller aux
sources avant de sortir une information. » Il construit sa réplique en trois
phases.
La première partie
tend à rappeler la définition d’une télévision communautaire par le CRTC,
chose, qu’à son avis, M. Rivard aurait oublié. Les TVC possèdent peu de moyens
et sont donc dirigées par des bénévoles souvent non professionnels. Afin
d’améliorer la situation, le président de la
Télévision communautaire de Dolbeau-Mistassini a eu l’idée du
Multimédia, ce qui semble avoir fait paniquer le Groupe Antenne 6.
Dans sa seconde phase,
M. Ménard réplique à la lettre de M. Rivard. Il nie avoir harcelé la radio et
demande à celle-ci d’en apporter la preuve. De plus, le président de la TVC
dément l’accusation de conflit d’intérêts, en prouvant qu’il n’est en aucun cas
l’un des vice-présidents du Bloc Québécois et qu’il n’est pas non plus
journaliste de profession.
Quant au manque de
transparence de la TVC reproché par M. Rivard, M. Ménard certifie que tous les
documents du CA sont affichés à la réception, ce que le journaliste aurait pu
constater, s’il s’était déplacé. Pour le président de la TVC, un journaliste
n’a pas besoin d’être invité pour venir collecter des informations, et indique
que même lorsque M. Rivard l’a été, il ne s’est pas déplacé, contrairement aux
autres journalistes. Il reconnaît que le journaliste l’a appelé, mais il lui
reproche d’avoir basé ses nouvelles sur les propos tenus par des ex-employés.
M. Ménard justifie
aussi les dépenses effectuées par la TVC ainsi que les différents congédiements
liés à la mauvaise situation
financière. Il ne comprend pas que M. Rivard avance qu’il n’a pas d’intérêts
dans cette affaire, sinon pourquoi aurait-il interrogé des anciens employés? Il
dément l’accusation portée contre sa firme de publicité et contre l’emploi de
sa femme à la TVC, en accompagnant sa réplique de chiffres comptable et en
justifiant le fait que son épouse travaille pour Vidéotron, qui la « prête » à
la télévision communautaire.
Enfin, dans son
dernier volet, M. Ménard revient sur les commentaires des propriétaires
d’Antenne 6. Il avance que leur lettre n’est basée que sur les dires de leur
journaliste et les preuves qu’il a rassemblées pour eux. Or, les nouvelles
collectées ne sont pas les textes des Ad Lib sur lesquelles la plainte porte
principalement. M. Ménard prétend que les « spéculations et les âneries » ont
surtout été dites dans ces « Ad Lib », et que, si M. Rivard s’était déplacé, il
aurait pu corriger ses erreurs de lui-même.
Il conclue sa lettre
en félicitant les présidents du Groupe Antenne 6 pour leur administration
et « l’augmentation de puissance de
leur station de radio FM d’Alma ».
Analyse
Un journaliste doit s’assurer de la véracité des faits qu’il rapporte au terme d’un rigoureux travail de collecte et de vérification des informations.
Le plaignant reprochait au mis-en-cause d’avoir diffusé des « propos mensongers, diffamatoires et tendancieux ». Il apparaît, en effet, au Conseil que M. Rivard n’a pas vérifié les propos de madame Doucet, alors que ceux-ci n’étaient que des accusations gratuites à l’encontre de M. Ménard.
De la même façon, les journalistes doivent être rigoureux et s’attacher exclusivement aux faits, en évitant de leur donner une signification qu’ils n’ont pas. Or, le Conseil a pu constater les graves insinuations faites par M. Rivard contre M. Ménard. Ainsi, le journaliste l’accuse de faire « la pluie et le beau temps », d’avoir « pacté la salle et finalement [il a] tassé une bonne partie du Conseil d’administration ».
Le Conseil est d’avis, toutefois, que le journaliste pouvait et même, devait interroger les anciens employés de la Télévision communautaire Dolbeau-Mistassini, et ce, sur la base des principes découlant de la liberté de presse et de l’équilibre de l’information.
Les différentes erreurs récurrentes peuvent laisser penser à une situation de conflit d’intérêts. Or, l’apparence d’un conflit d’intérêts est aussi dommageable que le conflit réel. L’entreprise de presse est responsable de ses journalistes et aurait dû faire preuve de plus de rigueur afin que M. Rivard ne se retrouve pas en apparence d’un conflit d’intérêts.
Cependant, le Conseil ne peut, sans faire de procès d’intention, blâmer le journaliste pour conflit d’intérêts. Il ne peut que lui reprocher un manque évident de distance critique dans le traitement des nouvelles concernant la Télévision communautaire de Dolbeau-Mistassini. Le Conseil ne peut pas, non plus, conclure à un harcèlement, puisque le nombre de nouvelles diffusées est proportionnel aux différends, qui ont secoué la TVC.
Analyse de la décision
- C01C Opinion non appuyée sur des faits
- C11G Rapporter des propos/témoignages erronés
- C13C Manque de distance critique
- C15D Manque de vérification
- C15H Insinuations
- C15J Abus de la fonction d’animateur
- C17G Atteinte à l’image
- C22G Appartenance du journaliste