Plaignant
Denis Bélanger
Mis en cause
Marie-ève Pépin, journaliste et CFVM-AM (Adalbert Lévesque, directeur général)
Résumé de la plainte
M. Denis Bélanger, ancien journaliste de la station de radio CFVM-AM, porte plainte contre celle-ci pour avoir manqué de nombreuses fois à la déontologie journalistique.
Griefs du plaignant
Tout d’abord, M. Bélanger affirme que le directeur de la station, M. Adalbert Lévesque, intervient régulièrement au niveau du choix et de la diffusion des nouvelles. Ainsi, le 31 octobre 2000, alors que le plaignant était encore au service de CFVM-AM, une nouvelle concernant la proposition du maire d’Amqui de transformer la station CFVM-AM en radio communautaire, aurait disparu du bulletin de nouvelles de 8 h 15, après avoir pourtant été diffusée à 7 h 15. Ensuite, le plaignant reproche à la station de confondre les genres journalistiques. Il donne en exemple la nouvelle relatant un concours de la Chambre de commerce locale, qui aurait été modifiée à plusieurs reprises afin, selon lui, de » donner un coup de pouce particulier à certaines personnes « . De la même façon, CFVM-AM ne distinguerait pas clairement la publicité et l’information. Il signale ainsi le cas d’une journaliste, qui ferait de la publicité parallèlement à son travail. Ainsi, la journaliste Marie-ève Pépin enregistrerait des publicités, qui seraient diffusées pendant l’émission d’affaires publiques, » CFVM-magazine « , qu’elle anime. M. Bélanger joint les enregistrements du mois de décembre de ces publicités, mais relève que cette liste n’est sûrement pas exhaustive et que la réalité est » assurément beaucoup plus grave « . Toutes ces erreurs sont pour lui un manque flagrant de connaissances dans le domaine du traitement de l’information. Il ajoute que le représentant de Corus Entertainment qui possède la station, considère ces manquements comme minimes et affirme qu’ils seront corrigés dans le futur.
Commentaires du mis en cause
M. Lévesque explique le retrait de la nouvelle du 31 octobre 2000 par le fait que celle-ci était diffusée depuis la veille. De plus, le journaliste a décidé lui-même de retirer la nouvelle, après que la direction de la station l’ait avisé de la publication d’un démenti. Quant à la campagne de promotion mise de l’avant par la Chambre de commerce, M. Lévesque juge que l’information était d’intérêt public. Concernant l’utilisation de la journaliste à des fins publicitaires, M. Lévesque affirme que les stations comme la sienne ont des effectifs réduits et donc que ceux-ci se doivent d’être pluridisciplinaires. Toutefois, il assure que tout est fait pour permettre au public de bien faire la différence entre la publicité et l’information, mais que suite à la plainte de M. Bélanger, la station va redoubler d’efforts dans ce sens.
Réplique du plaignant
Pour le plaignant, la nouvelle ne circulait que depuis 15 h 15 la veille, heure à laquelle il avait lui-même décidé de la diffuser, sachant que le directeur général refuserait. S’il y a eu une deuxième diffusion le lendemain, c’est parce qu’il a considéré que la nouvelle devait être suivie, afin que le public appréhende mieux le dossier. Enfin, le maire d’Amqui n’a pas apporté un démenti à la nouvelle, mais a seulement précisé sa pensée. Concernant la nouvelle de la Chambre de commerce, M. Bélanger soutient que M. Lévesque n’a fait parvenir au Conseil que le brouillon de la nouvelle. Le texte final comportait un paragraphe sur les dates limites de participation des marchands locaux. Le plaignant déplore que le service des nouvelles soit utilisé par M. Lévesque au bénéfice des commanditaires. M. Bélanger accorde à M. Lévesque que, dans de petites stations comme CFVM-AM, les employés doivent être pluridisciplinaires, mais cela sans influer sur la qualité. De plus, le plaignant tient à souligner que la station emploie trois animateurs, qui enregistrent aussi des publicités. Il s’interroge donc sur la nécessité d’utiliser la seule journaliste de la station à cette même fin. Enfin, bien que M. Lévesque assure que des efforts vont être fait, le plaignant remarque qu’aucune mesure concrète n’a encore été prise.
Analyse
Les rétractations et les rectifications devraient être faites de façon à remédier rapidement et pleinement au tort causé. Les médias n’ont aucune excuse pour se soustraire à l’obligation de réparer leurs erreurs, que les victimes l’exigent ou non. La nouvelle concernant le changement de statut de la station de radio, diffusée par CFVM-AM à 7 h 15 et qui devait être rediffusée à 8 h 15, était erronée. Il était donc normal que la direction de la station, sans que cela ne soit qualifié d’entrave à la diffusion, avertisse le journaliste qui s’apprêtait à rediffuser l’information. La station de radio avait néanmoins le devoir d’accorder un suivi à l’affaire, en informant le public des erreurs et des nouvelles informations reçues. N’ayant pas les enregistrements concernant le communiqué de la Chambre de commerce locale, le Conseil ne peut se prononcer, sans faire de procès d’intention, à savoir si la nouvelle a ou non été modifiée. Le Conseil a pu toutefois relever que le texte soumis à son examen était à la frontière entre la publicité et l’information. En effet, l’angle de traitement choisi tendrait plus à promouvoir l’événement, qu’à informer correctement le public. Une autre règle déontologique veut que les journalistes s’abstiennent d’effectuer, en dehors du journalisme, des tâches reliées aux communications, afin de ne pas susciter la confusion dans le public et jeter un doute constant sur leur crédibilité et leur intégrité. Or, il appert que la journaliste a participé à plusieurs reprises à des publicités alors qu’elle est journaliste pour la station CFVM-AM. La journaliste se plaçait ainsi dans une situation de conflit d’intérêts. En aucun cas, la station n’aurait dû utiliser sa journaliste dans des publicités; CFVM-AM n’avait qu’à puiser dans sa banque d’animateurs pour effectuer ce travail. Par conséquent, le Conseil retient la plainte de Denis Bélanger contre la station de radio CFVM-AM.
Analyse de la décision
Date de l’appel
25 January 2002
Décision en appel
Les membres ont conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance.
Griefs pour l’appel
M. Denis Bélanger interjette appel à la décision du Conseil de presse.