Plaignant
Pierre Cloutier
Mis en cause
Denis Lessard, journaliste et La Presse (Marcel Desjardins,
vice-président et éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
M. Pierre Cloutier porte plainte contre le journaliste Denis Lessard et
le quotidien La Presse pour avoir émis une opinion dans un article sur
le premier ministre Bernard Landry, paru le 24 janvier 2001.
Griefs du plaignant
Tout d’abord, M. Cloutier déplore le titre de l’article » Le
drapeau canadien, « un bout de chiffon rouge »! lance Landry « ,
qu’il juge » tendancieux et malhonnête « .Ensuite, il reproche
au journaliste d’avoir émis une opinion digne d’un éditorialiste dans une
simple nouvelle en écrivant que Bernard Landry affichait » un profond mépris
pour l’unifolié « .
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Denis Lessard, journaliste :
Tout d’abord, le journaliste tient à rappeler le contexte de l’affaire.
Selon lui, Bernard Landry avait déjà mentionné son exaspération face aux
nombreux drapeaux canadiens qui flottaient à Québec. Le ton sur lequel a été
faite la déclaration ainsi que la traduction par le mot rag du terme
» chiffon » par les médias anglophones abondent dans le sens du
constat de Denis Lessard.
Selon Le Devoir, Bernard Landry aurait tenté en soirée d’atténuer
ses propos. De la même façon, Denis Lessard soutient que son interprétation est
allée dans le sens commun. Ainsi, au cours d’une tribune téléphonique à la
radio, il y a eu de nombreux appels de personnes outrées contre les propos tenus
par M. Landry.
Enfin, M. Landry lui-même s’est excusé auprès de plusieurs médias
d’avoir employé le terme « chiffon « . Tous ces faits soutiennent
que l’utilisation de l’expression » chiffon rouge » pouvait être
interprétée comme du mépris à l’égard du drapeau canadien.
Commentaires de Marcel Desjardins, vice-president et editeur adjoint:
M. Desjardins soutient son journaliste, en affirmant que les
explications fournies permettent bien de saisir le contexte dans lequel
l’article a été rédigé.
Réplique du plaignant
Pour le plaignant, les commentaires du journaliste sont erronés, puisque
M. Landry n’avait pas encore fait d’excuses officielles au moment de la
parution de l’article. De plus, M. Landry n’a jamais reconnu avoir fait preuve
de mépris envers l’unifolié.
Pierre Cloutier réitère donc sa critique comme quoi Denis Lessard
n’aurait jamais dû faire un commentaire dans son article. Il considère que les
lecteurs peuvent se faire une opinion seuls, et que personne n’a interprété la
phrase de M. Landry de la même façon.
Analyse
Les titres et manchettes doivent respecter le sens, l’esprit et le contenu des textes auxquels ils se réfèrent.
Le plaignant critiquait le titre de l’article » Le drapeau canadien, « un chiffon rouge »! lance Landry « . Or, il apparaît au Conseil que l’expression a clairement été identifiée comme une citation par la présence de guillemets. De plus, La Presse a choisi un titre correspondant au contenu de l’article et qui permet de bien saisir le rapprochement fait par M. Landry entre le drapeau canadien et un « chiffon rouge « .
Une autre règle déontologique souligne que la nouvelle, le reportage et l’analyse sont destinés à informer le public, c’est-à-dire à lui rappeler et à lui expliquer les faits en les situant dans leur contexte pour lui permettre de se faire, en toute connaissance de cause, une opinion sur les événements et l’actualité.
Le Conseil est donc d’avis qu’en écrivant que M. Landry éprouvait du mépris envers le drapeau canadien, le journaliste Denis Lessard n’a pas fait une remarque d’ordre éditorial, outrepassant ainsi le champ de la nouvelle. En effet, cette phrase est un constat, identique aux interprétations faites dans d’autres médias. La phrase de M. Landry ne portait pas à équivoque, permettant ainsi au journaliste de retranscrire librement à l’écrit le ton utilisé.
En l’absence de faute déontologique, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Cloutier contre La Presse et le journaliste, Denis Lessard.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C11F Titre/présentation de l’information
- C20A Identification/confusion des genres