Plaignant
André Baulne
Mis en cause
Maurice Cloutier, rédacteur en
chef, et La Tribune (Raymond Tardif, président et éditeur)
Résumé de la plainte
M. André Baulne adresse le 13
janvier 2001 une réplique au texte éditorial de M. Maurice Cloutier paru le 12
janvier 2001 dans le quotidien La Tribune de Sherbrooke. Cette réplique
est publiée, après avoir été modifiée par la rédaction du quotidien, le 17
janvier 2001.
Griefs du plaignant
M. André Baulne explique que
l’éditorial de M. Cloutier étant exempt d’une analyse journalistique juste et
équitable, car trop embué par une opinion partisane, il avait exercé son droit
de réplique.
Sa réplique a été publiée le 17
janvier 2001, mais en omettant l’essence même de son texte et en en faisant un
hommage à Lucien Bouchard. Aussi fut-il agrémenté d’un portrait de M. Bouchard.
Les coupures réalisées par la rédaction sur son texte démontrent une volonté de
protection de l’opinion politique de Maurice Cloutier et modifie le sens et
l’esprit de sa réplique.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Maurice Cloutier,
rédacteur en chef :
M. Cloutier refuse que M. Baulne
affirme, sans même le connaître, qu’il est un rédacteur reconnu pour avoir une
option politique, péquiste-séparatiste.
L’adjointe à la rédaction,
responsable des lettres d’opinion, l’a avisé de la réception de la lettre de M.
Baulne. Bien que déçu, il lui a dit de la publier comme toute autre lettre, en
limitant les propos de M. Baulne à l’essentiel.
Il n’est pas intervenu sur cette
lettre par la suite.
Le rédacteur en chef fait remarquer
que le journal ne peut publier toutes les lettres d’opinion qu’il reçoit, par
manque d’espace, il n’est donc pas rare que celles-ci soit abrégées. Il est
d’ailleurs de pratique courante de résumer les opinions reçues sur un même
sujet.
Il conclut en expliquant qu’il ne
comprend pas cette chasse ouverte contre un présumé « séparatiste qui
règne en roi et maître sur le journal La Tribune « .
Réplique du plaignant
Le plaignant réplique point par
point aux commentaires du mis-en-cause.
Il explique qu’il ne porte pas
plainte dans le but de juger M. Cloutier mais pour réagir à ses écrits et
commentaires qui trahissent une analyse médiocre et socialiste des faits, ne
tenant pas compte de la réalité.
Selon M. Baulne, dans son
commentaire M. Cloutier admet avoir donné l’ordre de publier sa lettre en
limitant ses propos, et en ajoutant la photo de Lucien Bouchard, afin que
celle-ci lui devienne presque un hommage. De plus, il apparaît qu’il ne
supervise pas le produit fini qui touche un abonné depuis 28 ans, qui fait
vivre son journal et lui permet de gagner sa vie.
Le journaliste doit respecter les
normes d’éthique et ne pas changer la pensée, l’opinion et le sens des lettres
de lecteurs émettant une opinion contraire à la sienne, qu’il décide de
publier.
Analyse
Nul n’accède de plein droit aux pages d’un journal. Si un média tel que La Tribune publie certaines lettres de lecteurs, c’est dans un souci de favoriser la liberté d’expression et la diversité d’opinion.
Le journal est responsable du contenu de sa publication. Ainsi, le courrier des lecteurs doit respecter toutes les règles d’éthique, ne doit pas être diffamatoire, discriminatoire, outrancier, et doit être respectueux des personnes et des groupes.
En vertu de sa liberté rédactionnelle, le journal peut modifier les lettres des lecteurs qu’il publie, à condition de ne pas en altérer le sens, et de ne pas trahir la pensée de l’auteur. Cette modification est justifiée par des impératifs de mise en page, par le style journalistique, par le nombre limité de pages, enfin par la responsabilité de la rédaction quant aux propos qui y sont publiés.
À la lecture des documents qui lui ont été soumis, le Conseil a constaté que le journal avait respecté ces différentes règles. En effet, La Tribune a permis à M. Baulne de s’exprimer. Et si, la réplique publiée n’est pas l’originale transmise par M. Baulne, qu’elle a été réduite à l’essentiel par la rédaction afin que celle-ci soit publiable, l’esprit de cette lettre n’en demeure pas moins conforme à la pensée de son auteur.
Par conséquent, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Baulne contre M. Cloutier et La Tribune.
Analyse de la décision
- C08B Modification des textes
- C09C Modification du texte
- C22B Engagement politique
Date de l’appel
25 January 2002
Décision en appel
Les membres de la Commission ont
conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance.
Griefs pour l’appel
M. André Beaulne interjette appel à
la décision du Conseil de presse.