Plaignant
André La Rose
Mis en cause
Caroline Barrière et Josée
Descoteaux, journalistes et LeDroit (Pierre Bergeron, éditeur)
Résumé de la plainte
André La Rose porte plainte contre
le quotidien LeDroit et les journalistes Caroline Barrière et Josée
Descoteaux. Les photographies, légendes et articles contestés ont été publiés
le samedi 9décembre 2000 et le samedi 31 mars 2001. La plainte concerne
également une rectification datée du samedi 7 avril 2001.
Griefs du plaignant
M. La Rose explique qu’en mars
2001, M. François-Xavier Simard et lui-même ont publié la biographie «
Jean Despréz (1906-1965). Une femme de tête, de courage et de cœur « . Et
cet ouvrage constitue, au sens juridique, » une œuvre créée en collaboration,
dans laquelle la part créée par le premier auteur n'[est] pas distincte de
celle créée par le second auteur « , selon les termes mêmes de la
convention intervenue entre les deux coauteurs.
Or, les deux articles du Droit auraient
négligé de mentionner que le plaignant est coauteur de l’ouvrage. De plus,
comme seule la photo de M. Simard accompagnait l’article, on donnait ainsi à
penser que ce dernier était le seul auteur. Cette impression était d’ailleurs
renforcée par la légende qui se lisait ainsi : » François-Xavier Simard a
lancé, hier, son livre sur Jean Despréz. «
Au premier article et à la
journaliste Caroline Barrière, le plaignant reproche de ne lui avoir nullement
rendu justice en écrivant » André La Rose a collaboré avec lui à l’ouvrage.
» Il n’accepte pas que son apport ne soit réduit qu’au simple rang de
collaboration. Selon le plaignant, la journaliste aurait eu connaissance de son
erreur dès le 15 ou le 16 décembre et elle aurait pu dès ce moment faire
paraître la rectification qui s’imposait. N’ayant pris connaissance de l’erreur
qu’à la fin de janvier seulement, le plaignant faisait sans succès, au début de
février, les démarches en vue d’obtenir rectification. On lui aurait alors
expliqué que sa réaction était trop tardive et que la rectification n’aurait
aucun effet.
Le second article, celui de Josée
Descoteaux, comportait la même erreur de fond, mais M.LaRose se
l’explique plutôt mal puisque lors du lancement du volume, le plaignant a été
appelé à prononcer publiquement quelques mots à titre de coauteur de la
biographie. De plus, la page couverture du livre permettait de constater qu’il
est l’œuvre de deux auteurs.
En ce qui a trait à la
rectification, le plaignant décrit les discussions qu’il a eues avec l’éditeur
du Droit Pierre Bergeron. Le plaignant lui a expliqué que le tort qui
lui a été causé ne serait que partiellement réparé même si la rectification du
journal arrivait à atteindre une visibilité comparable à celle des deux
articles.
Tout en lui indiquant qu’il ne pouvait
permettre la publication de la lettre du plaignant, l’éditeur l’a assuré qu’il
verrait à ce que la rectification soit faite, demandant même au plaignant copie
de sa photographie. Le lendemain, 7 avril 2001, paraissait dans LeDroit un
court texte, sans photo, qui ne permettait guère, selon le plaignant, de
corriger le tort que lui avaient causé les deux articles.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de la journaliste
Caroline Barrière :
La journaliste dit avoir pris
connaissance de la plainte avec beaucoup de perplexité et elle rappelle les
faits. L’article fait suite à une entrevue téléphonique avec M. Simard dans
laquelle jamais ce dernier n’a mentionné de façon claire que M. La Rose était
coauteur à part entière de cette biographie. Le cas échéant, elle n’aurait eu
aucune raison d’omettre le nom de
M. La Rose. De plus, dans » les grandes lignes du livre » que M.
Simard avait fait parvenir à la journaliste il est écrit » en
collaboration avec André La Rose « . Il était donc normal qu’elle mentionne
M.LaRose comme collaborateur puisque rien n’indiquait son rôle de
coauteur. En outre, à la fin de cette lettre, M. Simard incluait une notice
biographique ainsi qu’une photo de lui; mais il n’y avait rien à propos de M.
La Rose. Elle ajoute n’avoir aucun souvenir d’une discussion avec
M.Simard concernant un bon de commande où elle aurait reconnu son erreur.
Elle termine en mentionnant que messieurs Simard et La Rose auraient dû depuis
longtemps régler leurs différends.
Commentaires de la journaliste
Josée Descoteaux :
La journaliste répond qu’elle a
couvert le lancement de la biographie en question mais qu’en aucun temps lors
de la couverture de l’événement on ne lui a mentionné l’existence d’un
coauteur. Elle explique que ne disposant pas d’assez de temps ce soir-là pour
assister à toutes les activités du lancement, elle a sollicité une courte
entrevue avec François-Xavier Simard. Il lui a indiqué qu’il était l’auteur de
la biographie mais jamais il ne lui a mentionné qu’un coauteur était également
sur place ce soir-là. C’est à l’aide des informations recueillies en entrevue
et avec les données de sa collègue Caroline Barrière qu’elle a rédigé son
texte. Elle considère donc avoir été impliquée, avec sa collègue, dans une
mésentente entre messieurs La Rose et Simard.
Commentaires de l’éditeur et
président-directeur général du Droit, Pierre Bergeron :
M. Bergeron estime que les réponses
apportées par les deux journalistes reflètent adéquatement la réplique de la
direction du Droit à cette plainte sans qu’il soit nécessaire d’ajouter
au dossier.
Réplique du plaignant
M. La Rose juge d’emblée que les
commentaires ne constituent que de banales explications des faits qui ne
justifient pas les manquements journalistiques dont il a déjà fait part au
Conseil. Les deux journalistes se présentent comme des victimes de prétendus
différends ou mésententes entre les coauteurs. Selon le plaignant, le différend
se situe davantage entre les journalistes et M.Simard.
Selon le plaignant, au-delà des
faits déjà soulevés et du fait que la couverture même du livre mentionne
clairement l’identité des deux coauteurs, il s’étonne que Mme Descoteaux
admette qu’elle a rédigé en partie son article à l’aide des informations du
texte antérieur de sa collègue.
Au président et directeur général
du Droit, M. La Rose répond que, pour lui, le dossier n’est pas clos et
que la rectification attendue devra mentionner que la biographie est
effectivement l’œuvre des deux coauteurs et non d’un seul auteur. De plus, elle
pourra éventuellement faire état des circonstances atténuantes ayant amené les
journalistes à commettre leur erreur.
Analyse
Les professionnels de l’information doivent livrer au public une information exacte et conforme aux faits. Dans l’ensemble du dossier les mis-en-cause, aussi bien que le plaignant, s’entendent pour dire qu’il y a eu inexactitude dans les deux articles et que M.La Rose aurait dû être considéré comme coauteur de la biographie de Mme Jean Despréz.
Ceci dit, le Conseil voit mal comment, dans les circonstances décrites, la journaliste Caroline Barrière aurait pu éviter cette erreur. En effet, si elle n’y a pas été incitée directement par le coauteur François-Xavier Simard, rien n’indique qu’elle en ait été prévenue pour autant. Même les » notes » donnant les grandes lignes du livre ne présentaient pas M. La Rose comme coauteur mais comme collaborateur. Il devient donc difficile de lui imputer la responsabilité de la faute.
Le plaignant affirmait que la journaliste Barrière avait eu connaissance de son erreur dès le 15 ou le 16 décembre, et que les mis-en-cause auraient ainsi dû faire une rectification. Cependant, à nulle part le plaignant n’en fait-il la démonstration.
En ce qui a trait au second article, le Conseil estime qu’un examen plus attentif de l’ouvrage et une couverture moins rapide de l’événement auraient dû mettre la puce à l’oreille de la journaliste Josée Descoteaux et partant, lui éviter de glisser dans l’inexactitude.
Il n’est ni de l’intention, ni de la responsabilité du Conseil de se prononcer sur un éventuel différend entre les deux coauteurs. Mais, après examen du dossier, il est facile de constater le peu de soin pris par M. Simard pour faire paraître la contribution de son collègue pour autre chose qu’une simple collaboration.
Pour l’ensemble de ces considérations, le Conseil de presse rejette la partie de la plainte s’adressant à la journaliste Caroline Barrière, mais retient en revanche, pour manque de rigueur, celle concernant la journaliste Josée Descoteaux et LeDroit, en rappelant qu’un rectificatif ne peut jamais réparer complètement le préjudice causé par des erreurs.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C19B Rectification insatisfaisante