Plaignant
Gaston
Tessier et 61 autres plaignants
Mis en cause
Normand Provencher,
journaliste, et Le Soleil (François
Bourque, directeur de l’information)
Résumé de la plainte
Gaston Tessier et 61 autres personnes portent
plainte contre le journal Le Soleil
et son journaliste Normand Provencher pour la parution d’une chronique le 3
juillet 2002 intitulée «J’ai vu la Vierge dans un homard».
Griefs du plaignant
Les plaignants estiment que l’article écrit
par Normand Provencher est à la fois «outrageant, injurieux, indécent,
malhonnête et grossier envers la Vierge Marie et le Christ.» Ils
considèrent également que ce texte serait une insulte envers les catholiques
qui croient au Christ et aux miracles qui ont eu lieu à Fatima.
Commentaires du mis en cause
M. Bourque indique que le journal
Le Soleil conteste la recevabilité de la
plainte de M. Gaston Tessier.
Selon lui, les critiques faites envers
l’article ne sont pas fondées: le texte n’aurait rien
d’«outrageant, injurieux, indécent…». Il s’agirait simplement
d’une chronique écrite sur un ton humoristique, à partir d’une entrevue faite
sur l’art de décortiquer un homard.
Il ajoute que l’anecdote de la Vierge qui
semble avoir indisposé les plaignants serait amplement connue et racontée aux
Îles-de-la-Madeleine.
Réplique du plaignant
Les plaignants indiquent que l’explication
du directeur de l’information du journal Le
Soleil au sujet du ton humoristique de l’article est irrecevable.
Ils considèrent le texte comme tendancieux
et offensant pour les chrétiens croyants. Ils ajoutent que le principe de
liberté de la presse a ses limites, dont celle du respect des croyances.
Analyse
Le Conseil de presse rappelle que la chronique et la critique sont des genres d’information qui laissent à leurs auteurs une grande latitude dans l’expression de leurs points de vue et de leurs jugements. Ils permettent aux journalistes qui les pratiquent d’adopter un ton de polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques, ce qu’ils peuvent faire dans un style qui leur est propre, même par le biais de l’humour et de la satire.
Les médias et les journalistes n’ont pas non plus à s’interdire de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes telles la race, la religion, la couleur, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, etc. Cependant, la mention de telles caractéristiques n’est justifiable que lorsque la cohérence du récit l’exige et lorsqu’elle est une condition essentielle à la compréhension du texte.
Dans son article, Normand Provencher relate avec un ton humoristique sa rencontre avec un Madelinot qui lui a décrit l’art de décortiquer un homard. Le journaliste fait référence à une anecdote sur la Vierge et emploie des termes qui se rapportent à la religion catholique.
Le journaliste disposait d’une grande latitude dans le style d’écriture et le ton employé, le genre journalistique de l’article mis en cause étant la chronique.
Bien que le Conseil comprenne que le sujet ait pu heurter la sensibilité et la foi des plaignants, il n’en demeure pas moins que l’article en cause ne visait pas à insulter la religion catholique et ses pratiquants. Il s’agissait simplement d’informer le public d’une histoire bien connue aux Îles-de-la-Madeleine et qui a donc légitimement sa place dans l’information.
Pour ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte portée contre le quotidien Le Soleil et le journaliste Normand Provencher.
Analyse de la décision
- C17 Respect des personnes