Plaignant
M. James Sweeny
Mis en cause
Rév. Glenn Coates,
collaborateur, M. Charles Catchpaugh, rédacteur en
chef et éditeur et le mensuel,
The
Outlet
Résumé de la plainte
M. James
Sweeny porte plainte contre le journal
The
Outlet au
sujet d’un article intitulé «
The Anglican
Prayer Book-why» publié
dans l’édition de mars 2004 en page 4.
Il dénonce l’inexactitude d’un paragraphe publié ainsi que
l’absence d’une rectification complète de cette erreur par l’auteur de
l’article dans la réponse, datant d’avril 2004, à sa lettre.
Griefs du plaignant
James Sweeny met en cause l’auteur
de l’article, le Rév. Glenn Coates,
car il estime qu’une phrase relevée dans un des derniers paragraphes de
l’article de mars 2004 «
The Anglican
Prayer Book-why» est
incorrecte. Celle-ci met en exergue le fait que des jeunes mariés ne seraient
pas légalement unis si la cérémonie était faite par un diacre, contrairement à
la loi québécoise qui reconnaît la légitimité de ce droit à un prêtre.
Cette erreur créant dans l’esprit du lecteur une confusion
certaine, il précise avoir écrit une lettre à l’éditeur pour demander une
rectification.
La réponse des mis-en-cause
publiée en avril ne satisfait pas le plaignant. Il indique plusieurs
éléments de contestation. Il fait observer que sa lettre de rectification n’a
pas été publiée en son entier mais a été reprise d’une façon brève par
l’éditeur. Il remarque également que l’article dont il est question n’a pas été
signé, l’auteur n’est donc pas clairement identifié.
Il met en évidence, en conclusion, que le «rôle d’un
éditeur inclut la vérification des faits et la sélection de ce qui est
publié» et indique que ce journal est distribué auprès d’environ 4 650 personnes
au sein des municipalités de l’Est.
Commentaires du mis en cause
Commentaires du Rév.
Glenn Coates:
Il indique dès le départ que sa position qui
est aussi celle de l’Église anglicane du Canada n’a pas été comprise. Il expose
le fait selon lequel l’ensemble du clergé est autorisé à célébrer des mariages
par le gouvernement du Québec au nom de l’évêque du Québec. Les diacres n’ont
cependant pas le droit de bénir le couple de mariés au nom de l’Église. Ce
droit est uniquement réservé à un prêtre ou à un évêque.
Les mariages célébrés par des diacres sont
donc légaux au sens civil du terme mais non au sens religieux.
Le mis-en-cause
établit une comparaison avec l’Église catholique romaine, de même tradition, en
indiquant que les diacres ne peuvent «bénir» un mariage.
Il précise que lui-même est un prêtre avec 25 ans d’exercice. S’il y a
eu un manque de clarté par rapport à ses écrits, il estime que la faute ne
revient pas au journal mais à lui seul. Il présente ses excuses.
Il note que M. James Sweeny a une vision non
cérémoniale du mariage de par sa formation et minimise l’importance du rôle du
prêtre dans de telles circonstances.
Commentaires du rédacteur en chef et éditeur, Charles
Catchpaugh:
N’étant pas un théologien et
ayant des connaissances limitées sur les règles et les rites de l’Église, M.
Catchpaugh précise qu’il prend généralement conseil auprès
de personnes compétentes. Ainsi, le père Glenn Coates,
un prêtre anglican ordonné, était plus qualifié dans ces matières et faisait
preuve de conviction.
Le mis-en-cause
met en évidence le fait que M. Coates écrit pour le
journal The
Outlet d’une
manière volontaire. Étant l’auteur de l’article mis en cause, il a demandé à M.
Coates une lettre de commentaire qui, espère-t-il, a
clarifié son interprétation.
Il est clair selon lui qu’il y a une différence d’opinion
indéniable; le Conseil a la possibilité de juger de ce cas. Cependant, en tant
qu’éditeur de ce journal, il craint que le fait de persister dans le sens d’un
affrontement puisse mettre dans l’embarras ceux dont parle M. James
Sweeny, ceux qui ont été mariés par des diacres.
Réplique du plaignant
M. James Sweeny estime que la
lettre écrite par M. Catchpaugh ne donne pas de
justification satisfaisante en ce qui concerne la publication de cet article
ainsi qu’en ce qui concerne son droit de réplique.
Il remarque que la réponse diffusée dans
The
Outlet fait une
large part au commentaire de Glenn Coates au
détriment du sien, les lecteurs ne pouvant apprécier les propos tenus dans sa
plainte.
Il souligne le fait que l’éditeur présente
M. Coates comme un prêtre ordonné anglican. Ce qui
est partiellement juste étant donné qu’il n’a pas été autorisé par l’évêque du
Québec à célébrer des mariages. Prendre des renseignements auprès de lui semble
donc un «manque de professionnalisme» de la part de l’éditeur du
journal.
D’après le plaignant, l’article en question ne peut être
analysé en tant que lettre à l’éditeur ou éditorial.
M. Coates traite longuement de la bénédiction
du mariage par des diacres dans son commentaire ainsi que dans sa réponse
publiée dans The
Outlet, mais
la plainte de M. James Sweeny porte sur un aspect
particulier et sur la citation suivante: «
However
, the bride and
the groom may not
even be legally
married if that
is done before
a deacon, for only
Incumbent (a priest by Quebec’s
Statute Law) can
legitimately marry a couple. »
(Cependant, les jeunes mariés ne peuvent pas être légalement mariés si le
mariage a été célébré devant un diacre, seulement un prêtre tel que défini par
la Loi québécoise peut marier légitimement un couple.)
Il note l’embarras dans lequel se trouve
The
Outlet concernant l’irrespect dont il
fait preuve par rapport au Code civil du Québec et face à l’intégrité
journalistique.
Analyse
Le Conseil rappelle que le traitement de l’information relève du jugement rédactionnel des professionnels de l’information qui doivent cependant livrer au public une information exacte et conforme aux faits. Il relève également de leurs responsabilités d’apporter, dans les meilleurs délais, les correctifs nécessaires et adéquats à leurs erreurs afin de rectifier les faits auprès du public.
Dans le cas soumis à l’attention du Conseil, la plainte concerne l’Église anglicane et deux visions divergentes de la légitimité de la célébration du mariage. M. James Sweeny estime qu’une phrase parue dans le journal est incorrecte et porte préjudice à ceux qui ont été mariés par des diacres, fustigeant ainsi par ses écrits, l’Église anglicane. Le mis-en-cause, l’abbé Coates, met en exergue le fait qu’il y a eu incompréhension en ce qui concerne la célébration des mariages par les diacres. Il évoque la différence qui existe entre l’aspect civil et religieux.
Après analyse, le Conseil estime qu’il ne lui appartient pas de déterminer, en matière religieuse, qui a la bonne interprétation dans sa lecture de la célébration du mariage par les diacres. Ce débat entre deux écoles de pensée est mis en valeur par deux spécialistes de la religion anglicane qui possèdent des opinions justifiées de part et d’autre.
M. James Sweeny met en évidence le fait que l’auteur de l’article original ne soit pas identifié. Or, la déontologie journalistique reconnaît aux journalistes le droit de ne pas signer leurs articles. Le Conseil souligne cependant qu’ils doivent exercer leurs responsabilités en corrigeant les erreurs qu’ils ont pu commettre ou en explicitant leur point de vue si nécessaire. Dans le cadre de la présente plainte, l’auteur de l’article ne déroge pas à ses responsabilités; il est clairement identifié et répond au plaignant par rapport à ses écrits. D’autre part, bien que la plainte ne portait pas sur le niveau de langage utilisé par le mis-en-cause, le Conseil a constaté que certaines expressions utilisées par M. Coates se situaient à la limite de l’insulte envers le plaignant.
Ce dernier dénonce au surplus le fait que l’éditeur n’ait pas publié intégralement sa réplique. La lettre envoyée par James Sweeny n’a pas été reprise en son entier mais les principales allégations ont été retenues et transposées dans la réponse d’avril 2004, le sens n’a donc pas été altéré. Deux opinions différentes sont exposées, le public a la possibilité de faire la part des choses en se positionnant face aux écrits des deux spécialistes de la question religieuse anglicane.
Décision
Pour l’ensemble de ces considérations, et au-delà d’une réserve exprimée sur le niveau de langage utilisé par le mis-en-cause, le Conseil ne retient pas la plainte de M. James Sweeny à l’encontre du M. Glenn Coates, de l’éditeur M. Charles Catchpaugh et du journal The Outlet.
Analyse de la décision
- C04A Article non signé
- C09B Droit de réponse insatisfaisant
- C11B Information inexacte
- C19B Rectification insatisfaisante
Date de l’appel
20 May 2005
Décision en appel
Après examen, les membres de la Commission d’appel ont
conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance.
Griefs pour l’appel
M. James Sweeny