Plaignant
M. Jocelyn Caron
Mis en cause
M. Charles Desmarteau,
éditeur et l’hebdomadaire, La Relève
Résumé de la plainte
À la suite d’un éditorial de M. Desmarteau
dans son journal La Relève, Jocelyn Caron rédige une lettre de réplique
dans le courrier des lecteurs. M. Desmarteau, avant
la publication de la lettre, contacte M.Caron par courriel et lui demande
ses coordonnées téléphoniques. Après que les deux hommes se soient entendus sur
le contenu de la réplique, le journal La Relève publie la lettre le 3
juin 2004, en mentionnant le nom et le numéro de téléphone du plaignant. M.
Caron, n’ayant pas donné son autorisation pour la divulgation publique de ses
coordonnées téléphoniques, porte plainte au Conseil de presse du Québec pour
«manquement flagrant au respect de la vie privée».
Griefs du plaignant
M. Caron porte plainte contre le journal La Relève et
son éditeur M. Desmarteau. Il base sa plainte sur un
«manquement flagrant au respect de la vie privée». M. Caron
reproche en effet à M. Desmarteau d’avoir publié au
bas de sa lettre de réplique, dans la rubrique du courrier des lecteurs, le
numéro de téléphone de son travail. Il affirme ne pas en avoir donné
l’autorisation au journal. M. Desmarteau devait
l’utiliser uniquement pour s’entretenir du contenu de la lettre avec le
plaignant.
M. Caron précise également qu’il n’avait aucun intérêt à
communiquer le numéro de téléphone de son travail étant donné sa situation
professionnelle. En effet il était alors en stage d’études chez M. Gilles
Duceppe, député de Laurier et chef du Bloc Québécois.
Considérant la situation de période électorale et le climat «chaud»
qu’entraînent les «défusions», la
communication de son téléphone professionnel pouvait lui occasionner quelques
troubles. Il a d’ailleurs reçu des appels, notamment du président du
«comité pour le non à la défusion de
Boucherville».
Lorsque M. Caron a contacté M. Desmarteau
pour se plaindre de la situation, l’éditeur lui a expliqué que la publication
du numéro de téléphone lui servait à se prémunir contre des poursuites en
diffamation et qu’il ne publiait le numéro de téléphone que lorsque c’était
nécessaire. M. Caron précise que sur les 7 autres lettres publiées dans cette
édition, aucune ne portait mention des numéros de téléphone de leur auteur.
Commentaires du mis en cause
M.
Desmarteau répond qu’il a tenté de répondre aux attentes de
M. Caron et de tous ceux qui souhaitaient s’exprimer sur la question de la
défusion de Boucherville. Pour ce faire, La Relève
a offert à chacun un droit de parole dans
son courrier des lecteurs, à la condition que les auteurs signent leurs
documents et remettent leur numéro de téléphone pour permettre de contrôler
l’authenticité des écrits.
M.
Desmarteau se plaint de l’arrogance dont M. Caron a fait
preuve dans sa lettre et de son intolérance quant à l’opinion du journal. Il
indique également que le plaignant a refusé dans un premier temps de signer sa
lettre d’opinion.
Pour finir, M.
Desmarteau tente de prouver sa bonne foi et celle du journal
par son expérience professionnelle, son âge avancé et sa vie d’honnête citoyen.
Réplique du plaignant
M. Caron précise, en
réponse à la réplique de M. Desmarteau, qu’il n’a
jamais été question de donner son numéro de téléphone de façon préalable à la
publication d’une lettre d’opinion.
Le plaignant
commente également les pratiques d’authentification avancées par M.
Desmarteau. Selon lui, un numéro de téléphone
«n’assure pas la provenance d’un article». De plus, il indique
à nouveau que la communication de son numéro
ne valait pas l’autorisation de publication de ce dernier.
Enfin, il affirme
n’avoir jamais voulu garder l’anonymat contrairement à ce qu’avance M.
Desmarteau.
Analyse
Toute personne, qu’elle soit de notoriété publique ou non, a le droit fondamental à la vie privée, à l’intimité, à la dignité et au respect de la réputation. […] La règle qui doit guider les médias et les professionnels de l’information dans le traitement de ces affaires consiste à ne révéler que ce qui est d’intérêt public.
En vertu de ces principes, le journal La Relève par l’intermédiaire de son éditeur Charles Desmarteau, a commis une faute professionnelle en publiant dans le courrier des lecteurs le numéro de téléphone du plaignant.
Conformément à la déontologie du Conseil, «Droits et responsabilités de la presse», la publication du numéro de téléphone d’un auteur ne fait pas partie des procédures officielles d’authentification des écrits. Par conséquent, l’argument avancé par M. Desmarteau pour justifier son erreur n’est pas recevable.
Il faut toutefois noter que le mis-en-cause a reconnu son erreur et s’est excusé personnellement auprès du plaignant. De l’avis du Conseil, de telles excuses auraient dû idéalement être publiées dans le journal.
Décision
En raison de ces considérations le Conseil de presse retient la plainte de M. Caron tout en engageant le journal La Relève et son éditeur M. Desmarteau a une plus grande vigilance dans la diffusion d’informations relatives à l’identité des lecteurs écrivant dans le journal.
Analyse de la décision
- C16C Publication de l’adresse/téléphone