Plaignant
M. Jean Garon, maire de Lévis
Mis en cause
Mme
Annie Lafrance, journaliste surnuméraire, M. Yves
Bellefleur, vice-président, information et rédacteur en
chef et le quotidien Le Soleil
Résumé de la plainte
À la suite des résultats du référendum du 20 juin 2004 sur
la défusion, le quotidien
Le Soleil publie un article dans son édition du 21 juin 2004. La
journaliste Annie Lafrance rapporte les résultats
ainsi que les impressions recueillies dans les deux camps, celui du oui et
celui du non, sur la défusion. Elle attribue au maire
de la ville de Lévis une citation dans laquelle il voit le résultat du
référendum comme, «une victoire personnelle et pour l’ensemble de la
nouvelle ville». M. Garon, maire de Lévis, dénonce l’inexactitude de ces
propos ayant entraîné un malentendu et un «faux débat» autour de sa
bonne foi.
Griefs du plaignant
M. Garon réfute les
propos qui lui sont attribués par la journaliste Annie Lafrance.
Cette dernière lui fait dire, entre guillemets, que le résultat des référendums
représente «une victoire personnelle». Le maire de Lévis se défend
d’avoir tenu de tels propos et précise qu’il a parlé d’une «victoire
personnelle pour les membres des «
Comités du non » et
pour l’ensemble de la nouvelle ville». N’étant pas membre d’un comité du
non, et ayant toujours pris du recul pendant la campagne, laissant chacun libre
de son choix, cette victoire ne peut être une victoire personnelle,
ajoute-t-il. De plus, durant toute la soirée des résultats, M. Garon n’a eu de
cesse de tenirun discours rassembleur, fraternel et appelant à la
solidarité entre les partisans du oui et du non afin de construire une nouvelle
ville. Il conteste donc l’incompétence et la mauvaise foi de madame
Lafrance qui aurait créé un faux débat dans la presse les
jours suivants sur la prétention et le triomphalisme de M. Garon. De surcroît,
cette journaliste devait être, selon lui, consciente de la portée de tels
propos attribués à un personnage public.
M. Garon exige donc
des excuses et une mise au point de la part du quotidien
Le Soleil et de sa journaliste madame Lafrance.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Yves Bellefleur,
vice-président, information et rédacteur en chef du quotidien Le Soleil:
M. Bellefleur répond à la plainte déposée
par M. Garon en présentant un rectificatif publié dans le quotidien
Le Soleil le 2 juillet 2004. La
direction y reconnaît que l’article du 21 juin 2004 comporte une citation
erronée parce qu’incomplète. Elle rectifie donc ses propos comme demandé par M.
Garon et par son directeur de cabinet M. Bégin et s’excuse pour son erreur et
ses conséquences en espérant que cette correction finalisera le dossier.
Commentaires de Mme Annie Lafrance,
journaliste surnuméraire au quotidien Le
Soleil:
Madame Lafrance commence par
relater le contexte dans lequel elle a été amenée à recueillir le témoignage de
M. Garon. Elle avait tout d’abord commis l’erreur d’oublier dans sa salle de
rédaction son magnétophone et n’avait donc avec elle qu’un calepin. De plus M.
Garon a donné son point de presse sur le stationnement d’un restaurant, à
proximité d’un boulevard achalandé. Ses propos étaient donc difficilement
perceptibles et plusieurs journalistes lui ont demandé de répéter à maintes
reprises. Ces circonstances ont certainement joué dans la mauvaise
transcription des propos tenus par M. Garon.
Cependant madame Lafrance était
persuadée d’avoir rapporté la citation exacte et s’est étonnée de la tournure
des événements d’autant qu’elle ne voyait aucun triomphalisme dans la citation
rapportée. La journaliste précise toutefois que son article, dans son ensemble,
est fidèle au message que M. Garon a voulu faire passer le soir des résultats.
Madame Lafrance a fini par douter
de l’exactitude de son article face à l’insistance de M. Bégin, le chef de
cabinet de M. Garon. Le Soleil a donc
publié un correctif dans l’édition du 2 juillet 2004.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a soumis aucune réplique.
Analyse
Les organes de presse et les journalistes ont le devoir de livrer au public une information complète, rigoureuse et conforme aux faits et aux événements.
La rigueur intellectuelle et professionnelle dont doivent faire preuve les médias et les journalistes représente la garantie d’une information de qualité, synonyme d’exactitude et de précision.
Dans l’article en cause, la journaliste Annie Lafrance a rapporté une citation incomplète de M. Garon, maire de Lévis. Cette erreur a donné lieu, selon le plaignant, à un faux débat autour de son honnêteté intellectuelle.
Toutefois, le quotidien Le Soleil a accepté de corriger son erreur et de présenter des excuses au plaignant.
Après examen, il ressort que si le plaignant avait raison de pointer certaines inexactitudes dans les textes du mis-en-cause, ce dernier a corrigé les erreurs dans l’édition suivante de son journal. Comme l’indique la jurisprudence consultée, en cas d’erreur corrigée, le Conseil ne retient habituellement pas la plainte sur cet aspect.
De plus, en ce qui concerne le grief de manipulation d’information, la journaliste mis en cause explique clairement qu’elle a rédigé en toute honnêteté son article et sans volonté de sensationnalisme, mais en essayant de rester fidèle au message du maire de Lévis.
Décision
Pour tous ces motifs, et conformément à la jurisprudence antérieure, le Conseil de presse rejette la plainte à l’encontre de la journaliste Annie Lafrance et du quotidien Le Soleil.
Analyse de la décision
- C11G Rapporter des propos/témoignages erronés
- C13B Manipulation de l’information
- C17G Atteinte à l’image