Plaignant
M. François Raymond
Mis en cause
M. Guy Filion, adjoint au directeur général des programmes SRC-RDI,
Information-télévision française et la Société
Radio-Canada – RDI
Résumé de la plainte
M. François Raymond se plaint du choix de couverture des
Jeux Olympiques d’août 2004 par la
chaîne d’information RDI et la
Société Radio-Canada. Il remet en
question la pertinence de l’angle de traitement et l’importance conférée par
une chaîne d’information à un événement sportif.
Griefs du plaignant
La
plainte de M. François Raymond porte sur les bulletins d’informations diffusés
sur RDI entre le 16 et le 23 août 2004. Le plaignant reproche à la
SRC et à RDI d’utiliser systématiquement
le temps dédié à l’information pour traiter des Jeux Olympiques et pour faire
la promotion d’autres émissions de la chaîne.
Ce
choix rédactionnel nuit, selon le plaignant, au reste de l’information comme
l’information politique, par exemple, à laquelle seulement quelques minutes
sont consacrées. Pour M. François Raymond,
la SRC et RDI ont planifié leur programmation en
fonction d’intérêts financiers, la couverture des Jeux Olympiques ayant permis
à la chaîne de signer des contrats publicitaires importants.
Selon
le plaignant, RDI utilise des
procédés sensationnalistes pour couvrir les Jeux Olympiques.
M. François Raymond reproche également à l’émission
«Matin express» de ne pas respecter la distinction des genres
journalistiques et de mélanger contenu informatif et frivolité. De plus les
lectrices de nouvelles se laissent trop souvent aller à un commentaire sur
l’information diffusée.
Commentaires du mis en cause
Tout d’abord, M. Guy Filion précise que la Société Radio Canada
n’a réalisé aucun profit durant la diffusion des Jeux Olympiques et que les
moyens publicitaires utilisés n’ont fait qu’en réduire les coûts.
Le mis-en-cause
précise ensuite le sens que la chaîne donne aux Jeux Olympiques. Au-delà d’une
simple rencontre sportive, cette manifestation
représente une occasion pacifique pour les peuples de s’affronter dans
un climat de respect et d’amitié. De plus cette rencontre est liée à des
questions politiques, idéologiques… qui font partie de l’information nationale
et internationale et non pas uniquement de l’information sportive spécialisée.
La Société Radio-Canada estime donc qu’il était de son mandat de couvrir
les Jeux Olympiques dans leur intégralité et de leur donner une telle
importance. La chaîne RDI ne boycotte pas pour autant le reste de
l’actualité.
Réplique du plaignant
M. François Raymond
fait des réseaux de télévision les responsables de l’importance accordée aux
Jeux Olympiques. C’est la couverture médiatique qui fait de cette rencontre
sportive un événement de politique et de société internationales. De plus le
plaignant précise que le budget de Radio-Canada est constitué des
deniers publics et qu’il est donc normal de s’inquiéter des dépenses de la
chaîne.M. François Raymond rappelle que la SRC
et RDI ont utilisé leur tempd’antenne
pour faire la promotion de leurs propres émissions et que la couverture des
Jeux Olympiques a nui au reste de l’information.
Analyse
Rappelons à priori que le Conseil de presse du Québec est un organe tripartite composé de membres du public, de journalistes et de représentants d’entreprises de presse; le Comité des plaintes et de l’éthique de l’information est pour sa part paritaire, composé à 50 pour cent par des membres du public. Son rôle n’est pas uniquement de défendre la liberté de la presse mais aussi le droit du public à une information de qualité. La présente plainte concerne plus spécifiquement la liberté de programmation d’une chaîne d’information télévisuelle.
Le plaignant, M. François Raymond, reproche à RDI sa couverture des Jeux Olympiques entre le 16 et le 23 août 2004, remettant en question l’importance accordée à leur diffusion, par rapport au reste de l’information. Le Conseil de presse rappelle à ce sujet que tout média d’information, incluant la Société Radio-Canada et RDI est libre de choisir les faits et les événements qu’il entend traiter dans ses pages ou lors de ses bulletins d’informations. Aussi le Conseil rejette-t-il ce premier grief.
Le plaignant soulève ensuite deux autres griefs, le manque de distinction des genres et l’utilisation par les animateurs du temps d’antenne pour faire leur propre promotion. Comme aucune preuve tangible concernant ces allégations n’est apportée, le Conseil de presse ne peut statuer sur ces deux éléments.
M. François Raymond poursuit en accusant la Société Radio-Canada d’avoir programmé les Jeux Olympiques en vue de signer des contrats publicitaires. Le financement des entreprises de presse n’entre pas dans le champ de juridiction du Conseil.
Enfin, le plaignant souligne le sensationnalisme avec lequel RDI a couvert les Jeux Olympiques de l’été 2004, faisant par exemple des sportifs des héros nationaux. Mais M. Raymond ne fournit toujours pas de preuve d’un traitement exagéré par les journalistes de l’information durant ces deux semaines de rencontres sportives; cette dernière allégation apparaît également gratuite.
Le Conseil tient à rappeler qu’il est un lieu de réflexion sur l’éthique journalistique et non de débat sur des phénomènes sociaux. Conséquemment, il ne relève pas du mandat du tribunal d’honneur de la presse de statuer sur l’importance donnée aux Jeux Olympiques par les sociétés contemporaines.
Décision
Pour l’ensemble de ces griefs, le Conseil de presse rejette la plainte de M. François Raymond contre la Société Radio-Canada et RDI.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C10B Composante publicitaire d’un journal
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C20A Identification/confusion des genres
- C21E Subordonner l’information à des intérêts commerciaux