Plaignant
M. Alain Richard
Mis en cause
M. Rodolphe Morissette, journaliste, M. Serge
Labrosse, directeur général de la rédaction et le quotidien
Le Journal de Montréal
Résumé de la plainte
M. Alain Richard porte à l’attention du Conseil de presse ce
qu’il considère comme deux accrocs flagrants à la déontologie journalistique.
Une première faute concerne un article non signé paru le 10 avril 2005 dans le
Journal de Montréal où aurait été
publiée une information fausse à son sujet. L’autre faute, survenue
antérieurement, soit le 4 janvier 2005, serait celle du journaliste Rodolphe
Morissette qui aurait associé erronément le nom du plaignant à ceux de
personnes mentionnées dans le récent scandale des commandites.
Griefs du plaignant
M. Alain Richard porte plainte contre deux articles parus
dans les pages du Journal de Montréal.
Le premier article, paru dans l’édition du dimanche 10 avril 2005, en page 10,
n’était pas signé. Même si le plaignant considère que le texte contenait de nombreuses
fausses allégations, ce dernier choisit de n’en relever qu’une seule pour les
fins de sa plainte. Elle est libellée ainsi : «Mais le destinataire de la
lettre originale, M.Alain Richard, n’a jamais retourné nos appels pour
confirmer ou infirmer l’authenticité de la lettre. »
Le plaignant affirme qu’il n’a jamais reçu d’appel, de
courriel ou toute autre forme de communication directe ou indirecte des
représentants du Journal de Montréal.
Pour lui, cet article a été « téléguidé » dans le cadre de la Commission
Gomery.
L’autre article sur lequel porte la plainte de M. Richard a
été publié le 4 janvier 2005 sous la signature du journaliste Rodolphe
Morissette. Le plaignant lui reproche d’avoir « associé [s]on nom aux fraudes
des commandites avec des gens comme Jean Brault et Chuck
Guité, ce qui est totalement faux ».
Pour le plaignant, cette campagne de « salissage
» est orchestrée par les adeptes de la convergence qui ne semblent pas aimer
ses propos, à l’occasion du récent « scandale des commandites ».
Commentaires du mis en cause
La réponse de M. Rodolphe Morissette
comprend deux parties. La première précise qu’il n’est pas l’auteur de
l’article du 10 avril 2005 intitulé « Qui a voulu discréditer Jean Brault? » et
qu’il n’a rien à voir avec ce texte.
La seconde partie porte sur l’article
du 4 janvier 2005 intitulé « En 2004/La justice vole la vedette».
M.Morissette indique que l’article incriminé énonce que « le scandale des
commandites… a poussé en cour criminelle de Montréal » en 2004, un certain nombre
de personnes, dont M. Alain Richard. Pour le journaliste, le texte ne dit pas
que M. Richard est accusé de fraude mais qu’il est inculpé dans le cadre de
l’affaire des commandites.
M. Morissette explique que
des dénonciations criminelles datées du 21 septembre 2004 et du
20novembre 2004 reprochaient au plaignant, au moment de la rédaction de
l’article du 4 janvier, des incidents de menaces et de harcèlement à l’égard de
différentes personnes liées à la maison de publicité BCP et Publicis Canada, de
même qu’une série de manquements à des conditions prescrites par le tribunal
criminel.
Le journaliste ajoute que tout cela se présente dans le cadre de
l’affaire des commandites. Dans ce contexte, M. Richard a inondé pendant un an
les salles de presse de volumineux documents (le journaliste dépose en annexe
175 de ces pages) faisant état de la dénonciation par le plaignant du
favoritisme – en faveur de Groupaction, entre autres
– dans l’attribution des contrats de commandites.
Le journaliste rappelle que le plaignant est un ex-vice-président de
Groupaction et un ancien employé de la firme BCP. Il ajoute
que ce dernier avait offert, en 2004, de répondre aux questions du comité des
comptes publics aux Communes, au sujet du scandale des commandites. M.Richard
se plaint maintenant de menaces émanant de personnes qui lui reprochaient de
parler trop au sujet de l’affaire des commandites.
C’est pour ces raisons et dans ce contexte des commandites, selon M.
Morissette, que la Couronne reproche à M. Richard des incidents de menaces et
de harcèlement. Il fait partie du nombre de personnes que le scandale des
commandites « a poussées en cour criminelle », certains comme MM.
Guité, Brault et Coffin, accusés de fraudes et d’autres,
tel M. Richard, accusés d’autres infractions.
Commentaires des procureurs du Journal de
Montréal:
Les porte-parole du Journal
de Montréal indiquent que le quotidien fait sien l’argumentaire du
journaliste Rodolphe Morissette en regard des deux articles et demande au
Conseil de presse de rejeter la plainte.
Réplique du plaignant
M.
Alain Richard amorce ainsi sa réponse : « J’accepte les explications du
journaliste Rodolphe Morissette au sujet de l’article du 4 janvier 2005. »
Le
plaignant rappelle tout de même qu’il avait déjà signifié à plusieurs reprises
à M. Morissette ses erreurs, parce que les accusations à son endroit l’étaient
de manière sommaire et non par acte criminel. Il explique «qu’une
infraction sommaire dénote une gravité objective et subjective moindre » et que
ce mode d’accusation reflète aussi le fait qu’il n’a jamais eu affaire avec la
justice.
Il dit cependant attendre des nouvelles au sujet de
l’article non signé paru dans le Journal
de Montréal le dimanche 10 avril
2005.
M. Richard revient également sur trois autres articles qui
ne font pas l’objet de la présente plainte mais pour lesquels il attendrait des
explications de la part du journaliste.
Analyse
Dans le cas soumis à l’attention du Conseil, M. Alain Richard se disait insatisfait du traitement journalistique de deux articles parus dans le Journal de Montréal.
En ce qui concerne l’article du 4 janvier 2005, l’examen du dossier indique que M. Alain Richard a accepté les explications fournies par le journaliste Rodolphe Morissette sur le contenu de son texte. Par conséquent, le Conseil a considéré que cela terminait la discussion sur le grief et celui-ci n’a pas été retenu.
Dans l’autre cas, celui de l’article non signé et daté du 10 avril 2005, l’auteur affirmait que le Journal avait tenté sans succès de le contacter pour confirmer ou infirmer l’authenticité d’une lettre dont M. Richard aurait pu être l’auteur. De son côté, le plaignant affirme n’avoir jamais reçu une telle communication écrite ou téléphonique de la part des mis-en-cause.
Devant des versions contradictoires et sans possibilité d’établir fermement laquelle des deux parties avait raison, le Conseil n’a pas retenu ce grief. Toutefois, le Conseil déplore que le Journal de Montréal ait omis de donner sa version des faits sur un élément important de la plainte à l’égard de l’article non signé. Le Journal n’a pas non plus fourni d’explication sur les raisons de cette omission.
Décision
Après analyse des faits, le Conseil de presse rejette la plainte sur les motifs invoqués par M.Alain Richard contre le journaliste Rodolphe Morissette.
Analyse de la décision
- C03C Sélection des faits rapportés
- C11B Information inexacte
- C17G Atteinte à l’image