Plaignant
M. Ted Duskes
Mis en cause
M. Éric Cliche, directeur de l’information, M. Claude Labelle, éditeur et l’hebdomadaire Courrier Laval
Résumé de la plainte
Dans un article du Courrier Laval daté du 5 mai 2005, un journaliste mentionne l’appartenance ethnique d’un individu qui a été arrêté par la police à la suite d’un incident.
Griefs du plaignant
M.Ted Duskes précise d’abord que la mention « d’origine grecque » utilisée par le journaliste est injustifiée. Selon le plaignant, ce détail n’a aucun lien avec ce qui s’est passé ou avec le dénouement de la situation rapportée par l’article.
La plaignant précise avoir contacté M.Claude Labelle, éditeur du Courrier Laval, pour discuter de ce point. Toutefois, celui-ci lui aurait répondu, après s’être entretenu avec son directeur de l’information, que les articles étaient ainsi écrits au Québec. M.Ted Duskes a demandé à M.Claude Labelle s’il aurait écrit « d’origine noire » si l’article avait concerné une personne noire et ce dernier lui a précisé que non.
Il ajoute qu’il ne comprend pas pourquoi la mention de l’origine ethnique serait acceptable dans un cas et pas dans l’autre.
Le plaignant joint à sa plainte copie d’une lettre de M.Claude Labelle où celui-ci explique pour quelle raison l’origine ethnique du plaignant a été mentionnée. Selon ce dernier, cette précision ne visait nullement à faire une distinction entre les communautés culturelles mais simplement à retranscrire une information fournie par les policiers chargés d’enquêter dans cette affaire.
Commentaires du mis en cause
M. Éric Cliche, directeur de l’information, commence par reconnaître que l’article fait bien mention de l’origine ethnique de l’homme de quarante ans. Selon lui, ce complément d’information a été ajouté au texte afin d’offrir l’information la plus précise possible aux lecteurs.
Il précise que l’information leur a été communiquée par une source officielle : le département des relations publiques du service de police de la ville de Laval.
Réplique du plaignant
Le plaignant réitère que la mention de l’origine ethnique ne constitue pas un élément d’information nécessaire à l’article du journaliste. De plus, cela peut être interprété par le lecteur comme un préjugé émanant du journaliste.
Selon M.Ted Duskes, l’article aurait pu concerner une personne noire, musulmane, de confession juive ou franco-canadienne et son origine ethnique n’aurait pas eu plus d’importance que dans le cas présent, pour une personne grecque.
Dans le cas où la police n’avait pas arrêté l’individu et où celui-ci était recherché, le plaignant précise qu’il s’attendrait à ce que l’article mentionne, en plus de l’origine ethnique, la taille, le poids, la couleur de cheveux et des yeux de l’individu. Toutefois, ce n’était pas le cas ici. Les descriptions autant physiques qu’ethniques n’avaient donc aucune importance.
D’après M.Ted Duskes, à partir du moment où le suspect est arrêté et mis en garde à vue, rien d’autre que son nom, et éventuellement son adresse, n’est utile dans un article.
Pour le plaignant, l’article a été écrit d’une manière qui peut porter préjudice au groupe ethnique auquel il appartient. Ainsi, la mention « d’origine grecque » n’aurait pas dû être utilisée par le journaliste.
Analyse
Les médias et les professionnels de l’information n’ont pas à s’interdire de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes. Dans son document «Droits et responsabilités de la presse», le Conseil de presse énonce que: « Il n’est pas interdit aux médias de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes ou les groupes. Cependant, cette mention doit être pertinente et d’intérêt public, ou être une condition essentielle à la compréhension et à la cohérence de l’information.»
La « signification raciale ou ethnique » des événements doit être clairement démontrée dans l’information qui est livrée au public. Omettre de le faire peut avoir pour conséquence d’entretenir ou de renforcer les préjugés et les attitudes discriminatoires à l’endroit des personnes ou des groupes mis en cause.
L’article en question relate un fait divers qui a conduit à l’arrestation d’un homme. Le plaignant considère que la mention de l’origine ethnique de l’individu dans l’article n’est d’aucune utilité et ouvre la voie au renforcement des préjugés vis-à-vis de cette communauté culturelle. Les mis-en-cause affirment quant à eux que ce détail permet de restituer au lecteur une information plus exacte.
Le Conseil ne peut que constater que l’origine ethnique du plaignant n’avait aucun lien avec l’événement qui est rapporté. Cette mention était donc inutile.
Décision
Considérant ce qui précède, le Conseil retient la plainte de M.Ted Duskes contre l’hebdomadaire Courrier Laval pour avoir fait mention, sans justification, de l’origine ethnique du plaignant dans un de ses articles.
Analyse de la décision
- C18A Mention de l’appartenance