Plaignant
Mme Nassab Chaya, M. Nahed Koussa et
l’association Le Levant
Mis en cause
M. Mohamad
Al-Zaeym, conseiller à la rédaction, M. Maroun Chamoun, président et
l’hebdomadaire de langue arabe Founoun
Résumé de la plainte
Les
fondateurs de l’association d’artistes peintres Le Levant portent plainte
contre l’édition du 14 avril 2005 de l’hebdomadaire
Founoun. Une expression, que les
plaignants qualifient d’injurieuse, aurait été ajoutée au texte d’un communiqué
qu’ils lui avaient fait parvenir.
Griefs du plaignant
Mme Nassab
Chaya et M. Nahed Koussa précisent d’abord que le comité organisateur de
l’association d’artistes peintres Le Levant, dont ils sont les fondateurs,
avait fait parvenir aux médias un communiqué de presse et une carte
d’invitation lors de la préparation de leur 10ème exposition
collective au Musée des maîtres et artisans du Québec à Montréal et pour la
célébration, en parallèle, de leur 5ème année d’existence.
Toutefois,
et à leur grande surprise, le journal de langue arabe
Founoun, dans son édition du 14avril 2005, a publié l’annonce
de l’exposition en y ajoutant, selon les plaignants, une «expression
camouflée avec deux points d’exclamation». Selon eux, il s’agirait d’une
«insulte personnelle et directe adressée aux deux fondateurs du
Levant».
Les
plaignants précisent que le 17 avril 2005, ils ont fait parvenir au rédacteur
en chef du journal, M. Maroun Chamoun, une télécopie afin de clarifier la
signification des deux mots.
Retournant
leur appel, M. Maroun Chamoun aurait admis qu’il s’agissait d’un geste
volontaire mais inexplicable de son conseiller en rédaction, M. Mohamad
Al-Zaeym. Mme Nassab Chaya et M. Nahed Koussa précisent toutefois que la
réponse écrite de M. Chamoun ne mentionne pas le nom du conseiller. Toutefois,
il y est précisé que le journal «veiller[a] à ce que de tels propos ne se
reproduisent plus».
Les
plaignants ajoutent qu’une lettre recommandée a ensuite été envoyée à MM.
Chamoun et Al-Zaeym afin qu’ils expliquent la signification de
l’expression camouflée ainsi que la raison pour laquelle celle-ci a été
rajoutée au texte du communiqué. Ils précisent toutefois n’avoir jamais obtenu
de réponse.
Ils
concluent en mentionnant qu’ils déposent leur plainte au nom du respect des
personnes, de leurs couleurs, des races et des origines ainsi qu’au nom de
l’éthique journalistique car ils refusent que des insultes personnelles leur
soient adressées par le biais d’un journal.
Commentaires du mis en cause
Le
mis-en-cause précise d’abord que, depuis la création du journal arabophone
Founoun en juin 2003, les évènements de
l’association Le Levant ont toujours été couverts et que de bonnes relations
amicales ont été entretenues avec cet organisme.
Selon M.
Maroun Chamoun, les propos pour lesquels la plainte a été déposée n’avaient
pour but que de rappeler le nom des créateurs de l’association Le Levant. La
phrase ramenait donc directement aux deux dirigeants que sont Mme Nassab Chaya
et M. Nahed Koussa.
Le
mis-en-cause termine en expliquant que le journal n’avait pas pour dessein de
porter atteinte à quelque personne que ce soit et que pour cette raison, une
lettre d’excuses a été envoyée le 21avril 2005 aux deux personnes
concernées.
Réplique du plaignant
Mme Nassab
Chaya et M. Nahed Koussa précisent qu’ils ont exigé de M.Mohamad
Al-Zaeym, dont le nom aurait été signalé par le directeur du journal M. Chamoun
lors d’une conversation téléphonique le 18 avril 2005, une réponse formelle.
Or, les plaignants affirment qu’ils n’ont reçu aucune réponse de la part de ce
dernier.
De plus, la
réponse de M. Chamoun ne leur semble pas crédible. Selon eux, elle ne peut être
retenue et ce, pour les raisons suivantes:
–
En réponse à une télécopie envoyée le 17 avril 2005, le mis-en-cause
aurait appelé le plaignant pour présenter ses excuses pour les mots
«honteux et choquants» (citation du plaignant) de M.Al-Zaeym;
–
Durant cette conversation, M. Chamoun aurait qualifié son conseiller
«d’irresponsable» en ajoutant que son geste n’était «pas
honnête et inexplicable»;
–
La plaignante, Mme Nasseb Chaya, aurait reçu le même appel du
mis-en-cause lui présentant ses excuses;
–
Lors des deux appels, M. Chamoun aurait demandé aux plaignants de
«tourner la page» et «d’oublier ce qui s’est passé» en
ajoutant qu’il leur ferait parvenir une lettre d’excuses.
Mme Nassab
Chaya et M. Nahed Koussa expliquent qu’après l’envoi de leur correspondance en
recommandé le 22 avril 2005, le mis-en-cause est de nouveau entré en contact
avec eux pour leur préciser qu’un tel comportement ne se reproduirait plus.
Toutefois,
les plaignants se demandent si, dès lors que l’ajout de M. Al-Zaeym
«n’avait pour unique but que de rappeler le nom des créateurs de ce
magnifique organisme», cela pourrait-il expliquer les excuses présentées
aux plaignants par M. Chamoun au nom de son conseiller?
De plus, si
le journal et son conseiller n’étaient point mal intentionnés, il semble
étrange aux plaignants qu’ils aient attendu 90 jours pour répondre et ce,
seulement après l’intervention du Conseil de presse.
Analyse
Le Conseil tient à souligner que les plaintes portant sur des textes ou reportages dans une langue autre que le français et l’anglais peuvent être difficiles à trancher vu la complexité à bien comprendre la portée réelle de certaines expressions.
La rigueur intellectuelle et professionnelle dont doivent faire preuve les médias et les journalistes représente la garantie d’une information de qualité. Elle ne signifie aucunement sévérité ou austérité, restriction, censure, conformisme ou absence d’imagination. Elle est plutôt synonyme d’exactitude, de précision, d’intégrité, de respect des personnes et des groupes, des faits et des évènements.
Les fondateurs de l’association d’artistes Le Levant reprochaient à l’hebdomadaire de langue arabe Founoun, ainsi qu’à son conseiller à la rédaction, M.Mohamad Al-Zaeym, d’avoir camouflé une expression injurieuse dans un article qui annonçait la tenue d’une exposition collective pour marquer le 10e anniversaire de l’association. Dans leur commentaire, les mis-en-cause précisaient que les deux mots que les plaignants avaient interprétés comme une injure ne faisaient que rappeler le nom des deux fondateurs de l’association.
Après analyse, le Conseil constate que, si on compare le communiqué de presse annonçant la tenue de l’évènement avec l’article qui fut publié dans l’hebdomadaire Founoun, l’expression assortie de deux points d’exclamation dont il est question, et à laquelle les plaignants accordaient la signification «descendant d’un con», aurait bien été ajoutée au texte d’origine. De plus, les mis-en-cause n’ont pas proposé au Conseil leur traduction de ladite expression, ce qui aurait pu leur permettre de lever les soupçons sur sa signification. Les consultations effectuées par le Conseil auprès de personnes arabophones crédibles ne permettent pas de déterminer précisément le sens réel des termes en question.
Enfin, le président du journal, M. Maroun Chamoun, a précisé dans son commentaire qu’une lettre d’excuses avait été transmise aux plaignants. Sur celle-ci, on peut lire que le journal «veiller[a] à ce que de tels propos ne se reproduisent plus» ce qui constitue par ailleurs un aveu. Au terme de son analyse, le Conseil conclut que l’expression alléguée, constituant un jeu de mots avec les noms des deux plaignants, pourrait avoir une signification injurieuse.
Décision
À la lumière de cet aveu et bien que le Conseil ne soit pas en mesure de saisir complètement la portée de l’offense faite aux plaignants vu la difficulté à traduire clairement l’expression, il retient la plainte contre l’hebdomadaire Founoun ainsi que son conseiller à la rédaction, M.Mohamad Al-Zaeym, pour un manque d’éthique dans l’utilisation de propos injurieux.
Analyse de la décision
- C17C Injure