Plaignant
Parti République du Québec et M. Gilles Paquette, chef du parti
Mis en cause
Mme Angèle M. Prévost, directrice générale et éditrice; Mme Carole Marcoux, directrice de l’information et les hebdomadaires Première édition et L’étoile
Résumé de la plainte
Le chef du Parti République du Québec, M. Gilles Paquette, porte plainte contre les hebdomadaires Première édition et L’étoile pour manquements à l’équité de traitement et à l’équilibre de l’information. Le plaignant était candidat du Parti République du Québec dans la circonscription de Vaudreuil, lors des élections provinciales du 8 décembre 2008 et il n’aurait pas été traité de la même manière que ses adversaires.
Griefs du plaignant
Le chef du Parti République du Québec, M. Gilles Paquette, porte plainte contre les hebdomadaires Première édition et L’étoile, du groupe de presse les Hebdos du Suroît, pour manquements à l’équité de traitement et à l’équilibre de l’information. Le plaignant était candidat du Parti République du Québec, dans la circonscription de Vaudreuil, lors des élections provinciales du 8 décembre 2008 et n’aurait pas été traité sur le même pied d’égalité que ses adversaires.
Le plaignant indique qu’il a demandé aux mis-en-cause de traiter sa candidature à égalité avec celles de tous les autres candidats. Il déplore qu’en pleine période électorale, les mis-en-cause aient freiné la révélation de sa personnalité et de son programme, privant ainsi le public d’informations sur sa candidature.
En complément de plainte, M. Paquette fait parvenir au Conseil un exemplaire de l’hebdomadaire Première édition, du 29 novembre 2008 pour démontrer que ce numéro ne contenait rien à son sujet. Il explique qu’il était pourtant intervenu publiquement avant la tombée du 28 novembre et qu’il avait même fait valoir ses demandes quelques jours auparavant, lors d’une rencontre dans les locaux du journal. Il annexe également une copie de l’hebdomadaire L’étoile du 19 novembre 2008, qui ne contiendrait aucune mention à son sujet. Sont également annexés un exemplaire de l’édition du 26 novembre 2008 du même journal, un exemplaire de la Hudson Gazette daté du même jour, ainsi qu’un exemplaire de Première édition du 6 décembre 2008. On y trouve enfin copie d’une plainte au Directeur général des élections du Québec (DGE). Le plaignant fournira plus tard au Conseil la réponse qu’il a reçue du DGE.
Le plaignant achemine également au Conseil des informations au sujet d’une tentative infructueuse de règlement préalable avec les mis-en-cause et maintient sa plainte.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Mme Carole Marcoux, directrice de l’information et de Mme Angèle M. Prévost, directrice générale et éditrice :
Avant de livrer leurs conclusions, les mis-en-cause formulent une série de considérations :
« Attendu que –
– le plaignant a été traité de la même façon que les autres candidats de petits partis politiques (Indépendant et Québec Solidaire);
– le plaignant nous a insultées indûment au téléphone;
– le contenu des communiqués du plaignant était la plupart du temps incompréhensible et démontrait un manque de sérieux;
En ce qui concerne l’intérêt public :
– la popularité du plaignant n’intéressait pas une grande majorité du public;
– à l’élection provinciale de 2006, le plaignant a obtenu 113 votes;
– le plaignant avait demandé de rencontrer notre journaliste au « Miss Dorion »,
un bar de danseuses nues!
– à l’élection provinciale de 2008 dans la circonscription électorale de Vaudreuil,
le plaignant a obtenu 140 votes;
– le contenu des entrevues du plaignant à l’émission de télévision de Jean-René
Dufort ainsi qu’à l’émission de radio de Benoît Dutrizac sur les ondes de Corus
confirme le manque de sérieux de cette candidature.
– le plaignant s’est servi du courriel pour copier des messages sur cette plainte à des
concurrents et à des médias nationaux, en cachant les adresses courriels par
l’utilisation du CCI et ainsi nuire à notre réputation.
Pour ces raisons, Hebdos du Suroît considère que le plaignant a relaté des faussetés et juge que cette plainte n’est pas fondée. »
Les mis-en-cause rappellent que le guide des Droits et responsabilités de la presse (DERP) du Conseil indique, au chapitre portant sur la liberté rédactionnelle, que « l’information livrée au public fait nécessairement l’objet de choix et que la façon de présenter et d’illustrer cette information relèvent du jugement rédactionnel. Il s’agit d’une prérogative des médias et des professionnels de l’information qui doivent être libres de relater les événements et de les commenter ».
Les mis-en-cause ajoutent qu’un autre article du DERP précise « que les choix réalisés par les médias ne se mesurent pas seulement de façon quantitative, sur la base d’une seule édition ou d’une seule émission, pas plus qu’au nombre de lignes ou au temps d’antenne. Ils doivent être évalués de façon qualitative, en fonction de l’importance de l’information et de son degré d’intérêt public ».
C’est en vertu de ces principes, indiquent les mis-en-cause, qu’ils pouvaient décider librement du traitement journalistique à accorder à chacun des articles publiés et à leur forme de présentation.
à titre d’informations complémentaires, les mis-en-cause avaient déjà fait parvenir au Conseil douze courriels, constitués de copies de courriels du plaignant, à divers médias ou autres instances au Québec, au sujet de la présente plainte.
Réplique du plaignant
M. Paquette formule une réponse aux commentaires des mis-en-cause en cinq parties :
« Art 1 : Le mensonge des HduS [Hebdos du Suroît] » : M. Paquette dit avoir annexé à sa plainte toutes les publications couvrant la campagne électorale avant le 8 décembre 2008. On y trouve des éléments démontrant que le Parti Vert du Québec, le Parti Indépendantiste du Québec ainsi que Québec Solidaire ont reçu « une couverture complète du lancement jusqu’au questionnement par les journalistes tout au long de la campagne, une couverture semblable à celle offerte gratuitement aux trois grands partis, le PLQ, l’ADQ et le PQ. On offrait donc à l’électorat de Vaudreuil un choix prétendûment éclairé sur les programmes et candidats en lice. Du côté du plaignant : aucun journaliste n’a couvert son lancement, une rare invitation à la « question hebdomadaire » et « une finale [le] ridiculisant sur Marvel Comiq Mag ».
Art 2 : L’orgueil des HduS : Le jour du lancement de sa campagne, le 11 novembre 2008, M. Paquette a fait une vérification aux Hebdos du Suroît, pour se faire répondre qu’il n’y avait eu aucune affectation pour assister à ce lancement de sa campagne, mais qu’on essaierait tout de même de lui envoyer un photographe, qui ne s’est jamais présenté. Ce n’est que 13 jours plus tard qu’il reçoit une invitation, dans leurs bureaux, après avoir raté les cinq ou six premières publications depuis le lancement de la campagne. Le plaignant reconnaît avoir invectivé Mme Provost, mais seulement après qu’elle lui ait raccroché la ligne, après qu’il l’ait « apostrophée » en l’avertissant de ne pas « lui faire le même coup que durant l’élection provinciale de 2006 ». Toutefois, son entrevue et les photos prises le 24 novembre n’ont pas été publiées dans l’édition du 27 novembre de L’étoile, parce qu’il n’y aurait plus eu de place.
Art 3 : HdS : Contenu non sérieux : la Calomnie – à cette accusation, le plaignant répond qu’il a suggéré au journaliste de se référer au site web du PRQ, pour tout complément d’information sur son programme. Il affirme recevoir des félicitations pour l’honnêteté de ses écrits et qu’il agira prochainement comme conférencier pour la SSJB de Montréal.
Art 4 : HdS : Le manque d’intérêt du public : la Médisance – Selon le plaignant, « le manque de couverture équitable à mes deux campagnes de 2006 et de 2008 est la principale (sic) responsable de la méconnaissance et de la mise à l’écart de ma candidature ». En ce qui a trait au restaurant-bar de danseuses, le Motel « Miss Dorion », il répond qu’on y sert d’excellents déjeuners et que les danseuses n’ont pas accès au côté droit du restaurant, les danseuses n’arrivant d’ailleurs qu’à 13 heures, alors que son rendez-vous était pour 11 heures. Pour ce qui est de Jean-René Dufort et de Benoît Dutrizac, les mis-en-cause seraient mieux informés s’ils visionnaient des émissions plus sérieuses, dont il donne des exemples.
Art 5 : HdS : à propos du CCI-Courriel et des réputations : la jalousie de la presse écrite envers Internet. Le plaignant déplore le peu de couverture de sa candidature dans les hebdos régionaux même si, à titre d’entrepreneur, il annonce dans ces journaux depuis 25 ans. En réponse à l’accusation de manquer de sérieux, il énumère une série de ses réalisations reconnues dans la région. M. Paquette impute plutôt aux directrices des Hebdos du Suroît de faire du tort à sa réputation, les accusant d’avoir presque détruit sa carrière politique. Il annexe à sa réplique une trentaine de pages de documentation, contenant notamment des lettres de recommandation, pour témoigner de sa rigueur et de sa bonne réputation.
Analyse
Selon M. Gilles Paquette, les hebdomadaires Première édition et L’étoile ont manqué à l’équité et à l’équilibre de l’information à son endroit, alors qu’il était candidat du Parti République du Québec, dans la circonscription de Vaudreuil, durant les élections du 8 décembre 2008. Le plaignant n’aurait pas été traité sur le même pied d’égalité que ses adversaires.
Grief 1 : manquements à l’équité et à l’équilibre de l’information
Entre le 11 novembre 2008, date du lancement de la campagne de M. Paquette, et le 8 décembre 2008, date des élections, les mis-en-cause ont publié quatre numéros de l’hebdomadaire L’étoile et quatre numéros de l’hebdomadaire Première édition.
Le plaignant a fourni au Conseil une copie de quatre des huit parutions, soit deux de chaque hebdomadaire. Un traitement de sa candidature apparaît dans deux des quatre numéros.
Sur la base des quatre numéros fournis, l’espace rédactionnel consenti à chacun des candidats a été calculé et les résultats ont été compilés en ordre croissant. L’examen permet les constats suivants :
– le plaignant n’est pas celui qui, au total, a reçu le moins d’espace rédactionnel;
– dans l’ordre de compilation, les résultats des candidats qui le précèdent et le suivent sont comparables au sien;
– aucun écart significatif n’est observable dans le traitement par les mis-en-cause.
Par conséquent, la documentation déposée n’a pas permis au Conseil de constater un manque d’équilibre significatif entre le traitement accordé au plaignant et celui accordé aux autres candidats. Il devient donc impossible, pour le Conseil, de conclure à un manque d’équité ou d’équilibre sur cette base quantitative.
Le Conseil rappelle que, lors de la couverture d’une campagne électorale, les médias doivent accorder aux différents acteurs une importance éditoriale proportionnelle à la place qu’ils occupent dans la sphère publique. Cette évaluation de la place relative de chacun des acteurs politiques peut être déterminée à l’aide de certains critères, tels que :
– le nombre de votes obtenus aux élections précédentes;
– l’évolution de l’opinion publique à son égard, telle que mesurée dans des sondages récents;
– des événements particuliers de la campagne électorale, de grands rassemblements, etc.
Le Conseil constate qu’au-delà de formuler des accusations, le plaignant ne démontre jamais que les mis-en-cause ont manqué d’équilibre dans leur appréciation relative de l’espace rédactionnel à accorder à chacun des partis en lice. De plus, le plaignant ne fait à aucun endroit la démonstration que les mis-en-cause ont commis des erreurs ou omis des informations qui étaient d’intérêt public.
Comme aucun manquement aux principes du guide des Droits et responsabilités de la presse du Conseil n’a été démontré, le grief est rejeté.
Décision
Pour l’ensemble de ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Gilles Paquette contre les hebdomadaires Première édition et L’étoile du groupe de presse Hebdos du Suroît, ainsi que contre Mme Angèle M. Prévost, directrice générale et éditrice et Mme Carole Marcoux, directrice de l’information.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre