Plaignant
M. Paul McGee, directeur et l’hebdomadaire The Equity
Mis en cause
M. Lionel Tessier, rédacteur de la section française et l’hebdomadaire Le Journal du Pontiac
Résumé de la plainte
Le plaignant reproche au mis-en-cause d’avoir plagié son article paru dans le journal The Equity le 19 janvier 2005 et intitulé : « Calumet Island 150th anniversary celebrations open on a weekend.
Griefs du plaignant
M. Paul McGee commence par rappeler le contexte. Il précise que le samedi 15 janvier 2005, il s’est rendu à l’ouverture officielle des cérémonies de commémorations du 150ème anniversaire de la municipalité de l’île-du-Grand-Calumet.
Ayant manqué le discours inaugural, le plaignant s’est entretenu avec le président du Comité du 150ème anniversaire, M. John Maheral.
Lors de cet entretien, celui-ci lui a confié la majorité des informations qui ont permis la rédaction de l’article publié le 19 janvier dans le journal The Equity. Le maire de l’île-du-Grand-Calumet lui a, quant à lui, fourni les copies français-anglais du discours que le plaignant cite dans son article. M. Paul McGee précise qu’il n’a pas relevé la présence de journalistes du Journal du Pontiac lors de cet événement et qu’il a appris plus tard que ceux-ci ne l’avaient pas couvert.
à la suite de la publication de son article, le plaignant a reçu un appel de M. John Maheral lui faisant remarquer que son article comportait quelques erreurs, dont une concernant les organisateurs du souper.
Le 26 janvier 2005, le Journal du Pontiac a publié, en langue française, un article intitulé « Lancement des célébrations du 150e de l’île-du-Grand-Calumet ». Le plaignant précise qu’après l’avoir lu, il a émis quelques soupçons quant au contenu et à la structure. En comparant les deux articles, M. Paul McGee estime qu’ils sont sensiblement pareils, incluant l’erreur qui avait été commise concernant les organisateurs du repas, ainsi que celle en regard des dates de mandat d’un maire. Le plaignant ajoute qu’il a inclus dans son texte, une citation de la députée provinciale Mme Charlotte L’écuyer qu’elle lui a confié personnellement lors d’un autre événement quelques heures plus tard, et qu’il retrouve dans le Journal du Pontiac.
Quelques semaines plus tard, le plaignant s’est rendu de nouveau à île-du-Grand-Calumet où l’un des membres du Comité du 150e anniversaire lui a mentionné l’évidente ressemblance des deux articles. M. Paul McGee ajoute qu’un des autres membres du Comité du 150e anniversaire, Mme Chantal Corriveau, se serait entretenue avec M. Lionel Tessier, directeur de la section française du Journal du Pontiac, et s’est vue confier que l’article résultait d’une traduction.
M. John Maheral, président du Comité, aurait rapporté au plaignant qu’il s’était également entretenu avec le Journal du Pontiac concernant la ressemblance des deux articles. L’éditeur du Journal du Pontiac, M. Fred Ryan, affirme quant à lui que les similitudes de forme comme de contenu entre les deux articles ne sont que pure coïncidence. Précisant qu’il était étrange que les deux journaux contiennent exactement la même erreur, M. Fred Ryan a répondu que le Journal du Pontiac et The Equity avaient un accord de partage d’informations.
Le plaignant précise que le Journal du Pontiac est un concurrent du journal The Equity et qu’il n’existe aucun accord de partage d’information entre ces deux journaux. Il conclut donc qu’il s’agit de plagiat.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Lionel Tessier, rédacteur de la section française du Journal du Pontiac :
Le mis-en-cause explique que, ni lui, ni M. Paul McGee n’ont assisté aux cérémonies d’ouverture de l’événement. Il précise toutefois qu’il est en contact avec des connaissances qui étaient présentes, et dit avoir recueilli d’elles la plupart de ses informations.
Pour M. Lionel Tessier, la similitude entre les deux articles prouve que sa source d’information est fiable et que l’univocité des renseignements laisse peu de place aux variations de contenu.
Le mis-en-cause ajoute que la structure des deux articles est toutefois différente. En effet, M. McGee parle des événements à venir alors que le mis-en-cause conclut son article sur ce point. Il précise qu’à la différence de M. McGee, il commence son article en parlant des personnes présentes, et ce, par ordre d’importance, pour reléguer plus loin les détails.
En ce qui concerne les citations du maire ou de la députée, M. Lionel Tessier précise qu’il n’a pas eu accès aux discours du maire, mais seulement au récit de personnes qu’il connaît, ce qui explique pourquoi il rapporte les propos du maire de façon plus vague que le plaignant. Il ajoute, concernant la citation de Mme L’écuyer, qu’il a pris la liberté d’en utiliser une, récoltée par lui-même, lors d’un événement antérieur.
Le mis-en-cause avoue avoir utilisé deux éléments de l’article de M. McGee : les noms des personnes qui avaient préparé le souper, ainsi que les noms des anciens maires.
Concernant la déclaration qu’il aurait faite à Mme Chantal Corriveau à l’effet que l’article résultait d’une traduction, M. Lionel Tessier précise qu’il s’agit d’une erreur d’interprétation de la part de cette dernière puisqu’il lui a mentionné que son article contenait des éléments semblables à celui du plaignant sans qu’il ne fût jamais question de traduction.
Le mis-en-cause conclut en précisant que les deux journaux en question ne sont pas en compétition puisque The Equity ne dispose pas d’un rédacteur en français. Il ajoute que les similitudes entre les deux articles ne peuvent trouver leur source que dans le fait que les renseignements recueillis étaient de « seconde main ».
M. Lionel Tessier joint un message de M. Fred Ryan, éditeur du Journal du Pontiac dans lequel il précise qu’il n’existe aucun accord de partage d’information entre les deux journaux. Toutefois, le Journal du Pontiac partage ses informations avec d’autres journaux que sont Le Bulletin d’Aylmer et The West Quebec Post, ce qui a pu être une source de confusion.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a présenté aucune réplique.
Analyse
Il est contraire à l’éthique journalistique de reproduire ou de diffuser la totalité ou une partie d’un reportage écrit, radiophonique ou télévisuel, d’une entrevue ou d’une émission d’informations ou d’affaires publiques, sans l’autorisation du journaliste ou du média qui en est propriétaire. Le fait d’effectuer des modifications, de contenu comme de structure, à un texte original ne permet pas non plus de se l’attribuer.
Dans le cas présent, le plaignant reproche au mis-en-cause d’avoir plagié son article paru le 19 janvier 2005 dans le journal The Equity. Le mis-en-cause prétend, quant à lui, que la parenté des textes est une coïncidence.
Après analyse, le Conseil constate que, tant sur le plan du contenu que de la forme, les deux articles sont similaires, en effet, 70 après comparaison du contenu des deux articles.
Une telle façon de faire est contraire à l’éthique journalistique et professionnelle, et le Conseil invite le mis-en-cause à une plus grande rigueur. Si l’information diffusée par les médias relève du domaine public, les professionnels de l’information peuvent, par conséquent, s’y référer et en rapporter la substance. Il convient toutefois qu’ils prennent soin de mentionner leur source d’information même si celle-ci est un journal concurrent.
De plus, lorsqu’un média choisit de traiter d’une affaire, il a l’obligation de faire une vérification indépendante des sources et des données pertinentes. Un article paru dans un autre journal ne dispense pas de ces devoirs.
Le Conseil conclut donc que le Journal du Pontiac a plagié l’article parut dans le journal The Equity, d’autant plus qu’aucun de ses journalistes n’a couvert l’événement.
Décision
Pour ces raisons, le Conseil retient les griefs du plaignant et blâme le Journal du Pontiac pour avoir plagié un article publié dans l’hebdomadaire The Equity.