Plaignant
L’Association des médias écrits communautaires du Québec et M. Yvan Noé Girouard, directeur général
Mis en cause
M. Yvan Parent, président et le journal Internet Point Sud
Résumé de la plainte
L’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ) porte plainte contre M. Yvan Parent, président du journal Point Sud pour information inexacte, relativement à un texte intitulé « Un jugement décevant », signé par M. Yvan Parent et publié dans l’édition du 19 avril 2011.
Analyse
CONTEXTE
La plainte de l’AMECQ survient à la suite du jugement de l’honorable Marie-Anne Paquette, juge à la Cour supérieure, en date du 30 mars 2011. Le jugement rejette la requête de M. Maurice Giroux, ex-membre du conseil d’administration de l’AMECQ et fondateur du journal Point Sud, et le journal Point Sud, lui-même, qui protestaient contre la façon dont ils ont été expulsés de l’AMECQ, suite à la contestation de l’élection de la nouvelle présidente de l’organisme. L’ex-membre du CA et le journal demandaient à être réintégrés au sein de l’association. M. Giroux et le journal accusaient l’AMECQ de gestes illégaux, abusifs et antidémocratiques. La juge Paquette a conclu que l’AMECQ avait respecté ses propres statuts et règlements l’autorisant à expulser les deux requérants.
Grief 1 : information inexacte
Le plaignant déplore que M. Yves Parent véhicule dans son article « Un jugement décevant », une information fausse en écrivant, à plusieurs reprises, que les dirigeants de l’AMECQ ont exercé un abus de pouvoir, et ce, malgré le jugement de la Cour supérieure. M. Girouard poursuit en disant que l’article ne fait aucune mise en contexte pour expliquer le jugement, ce qui aurait permis aux lecteurs de se faire une idée de la décision du Tribunal.
Le mis en cause, M. Yves Parent, répond qu’il n’est pas journaliste, mais bénévole. Il estime que son article est un texte d’opinion et non le travail d’un journaliste professionnel. « Ce n’est pas parce que nous nous exprimons dans un journal que l’on doit être considéré comme un journaliste. » Il réaffirme que, pour lui et le journal, la juge ne s’est pas prononcée sur ce qu’ils considèrent comme de l’abus de pouvoir de la part de l’AMECQ.
Le directeur général de l’AMECQ, M. Girouard, répond que « 80 % des personnes qui écrivent dans les journaux communautaires sont des bénévoles, ce qui ne leur donne pas le droit d’écrire n’importe quoi […] ». L’article de M. Parent est un texte d’opinion, mais, selon lui, cela ne lui donne pas le droit d’affirmer ou de laisser sous-entendre des choses qui ne sont pas vraies. Il n’y a pas eu d’abus de pouvoir ni de fonctionnement antidémocratique de la part de l’association.
Contrairement à ce qu’affirme M. Parent, le Conseil est d’avis que le fait d’écrire dans un journal, même à titre de bénévole, ne le soustrait pas à l’éthique journalistique, d’autant plus qu’il s’exprime en tant que président du journal, soit l’équivalent de rédacteur en chef. Il est donc soumis au guide de déontologie journalistique et il est responsable de ce qu’il publie. À cet égard, le guide du Conseil stipule que « Les médias sont responsables de tout ce qu’ils publient ou diffusent et ne doivent en aucun temps se soustraire aux standards professionnels de l’activité journalistique sous prétexte de difficultés administratives, de contraintes de temps ou d’autres raisons d’ordre similaire. » (DERP, p. 22)
Le Conseil considère qu’en écrivant que « la juge a décidé de ne pas se prononcer sur l’abus de pouvoir », M. Parent déforme le sens de la décision de la juge Paquette. En effet, cette dernière conclut que l’AMECQ a respecté ses propres statuts et règlements ainsi que les règles de justice naturelle. Il est donc évident que la juge se prononce sur les prétentions d’abus de pouvoir et les rejette catégoriquement. Le Conseil estime que M. Parent avait le droit d’exprimer son insatisfaction face à la situation qu’il vivait et même son désaccord par rapport au jugement du tribunal, mais il avait l’obligation de présenter les faits sans les déformer.
Le grief pour information inexacte est retenu.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse retient la plainte de M.Yvan Noé Girouard et de l’Association des médias écrits communautaires du Québec contre M. Yvan Parent et le journal Internet Point Sud pour information inexacte.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte