En novembre dernier, Gerald et Kate McCann, qui font régulièrement les manchettes des journaux à potins depuis la disparition de leur fille Madeleine en 2007, ont témoigné auprès de la Commission Leveson afin de partager leur expérience avec les médias. Le constat des McCann envers les médias est sans équivoque : les tabloïds ont abusé de leur vulnérabilité et ont utilisé leur drame personnel à des fins commerciales.
Très tôt après la disparition de leur fille, la famille s’est trouvée face au dilemme de collaborer ou non avec les médias. À leurs yeux, plus l’affaire serait médiatisée plus leurs chances de retrouver Madeleine augmenteraient. Bien que la relation avec les médias ait été très bénéfique durant les premiers jours du drame, les McCann ont rapidement constaté que l’attention des médias portait de moins en moins sur leur fille et de plus en plus sur eux. Lors de l’audience, Gerald McCann a déploré la situation, on sous-entend souvent que c’est eux même qui ont créé leur propre malheur en attirant l’attention des médias. Pourtant, selon lui, cela revient à dire que l’on ne peut demander l’aide des médias à moins que l’on ne permette à ces derniers de rapporter des inexactitudes ou de porter atteinte à notre vie privée.
Les premiers articles de journaux problématiques ont émergé près d’un mois après la disparition de Madeleine. Certains journalistes auraient supposément rapporté de fausses histoires et les titres des articles étaient souvent sensationnalistes et ne reflétaient pas le contenu des articles. À un certain moment, un article aurait suggéré fortement que les McCann avaient tué Madeleine, ce qui allait à l’encontre de la position officielle de la police portugaise. Interrogés lors des audiences, les journalistes du Daily Express Nick Fagge et Padraic John Flanagan, auteurs de certains de ces articles, ont allégué que leurs contacts de la presse portugaise leur permirent d’obtenir des informations sur l’enquête judiciaire. Ces derniers prétendent avoir vérifié chaque information par des sources indirectes, soit des contacts qui connaissaient des membres de la police portugaise. Les deux journalistes ont également soulevé que les McCann répondaient très rarement à leurs appels – les articles étaient donc très rarement accompagnés d’un commentaire de la famille. Lors de l’audience, Flanagan a mentionné qu’il ne possédait aucun contrôle sur le contenu de ses articles une fois que ces derniers étaient envoyés à la salle de nouvelles du Daily Express, et a donc plaidé que les titres parfois sensationnalistes ne relevaient pas de ses responsabilités.
Le Press Complaint Commission, ou PCC, a également été impliqué dans l’affaire McCann, puisque ces derniers ont eu recours à l’organisme lorsque des paparazzis ont commencé à prendre des photos de leurs jeunes enfants sans leur consentement. À cet égard, les McCann ont souligné que le PCC a été très efficace puisque les comportements fautifs ont cessé après leur première intervention. Cependant, Gerald McCann déplore l’impuissance du PCC face à la couverture médiatique en général: seul un recours devant les tribunaux s’est avéré efficace pour faire cesser la publication d’inexactitudes et de fausses histoires.
Pour la famille McCann, il est clair que l’autorégulation des médias a échoué.