Carnet de lecture : The Guardian et la sécurité nationale

 

Crédit photo : SONY DSC

Les informations publiées par The Guardian sur les programmes de surveillance de la NSA et ses ramifications dans le monde portent-elles atteinte à la sécurité du Royaume-Uni? Non, estime son rédacteur en chef, qui a souligné mardi l’attitude responsable de son journal, ainsi que l’importance du travail des journalistes dans le traitement d’informations sensibles.

Venu s’exprimer dans le cadre d’audiences portant sur la lutte antiterroriste à la Chambre des communes britannique, Alan Rusbridger a été clair quant à son intention de poursuivre la couverture des informations coulées par Edward Snowden, ex-consultant à la National Security Agency (NSA).

« Nous avons commencé à passer au travers de ce matériel lentement et de façon responsable, en collaboration avec certains des meilleurs journalistes au monde et une centaine de sources gouvernementales ou d’agences que nous allons continuer à consulter. Nous ne nous laisserons pas intimider ou mettre sur la touche, tout comme nous n’agirons pas de façon irresponsable. »

M. Rusbridger a par ailleurs souligné l’impossibilité d’endiguer le phénomène des coulages massifs d’information, dans le futur. Cela étant, a-t-il évoqué, n’est-il pas préférable que des documents sensibles soient publiés après avoir été analysés, filtrés et mis en contexte par un travail journalistique consciencieux?

« Je crois que l’alternative aux journaux, et vous pouvez criminaliser les journaux tant que vous voulez, est le prochain Edward Snowden, le prochain Chelsea Manning, qui ne cognera pas à la porte des journaux et qui déchargera l’information sur Internet. »

Le rédacteur en chef a par ailleurs noté le grand intérêt public des informations publiées, confirmé par la volonté exprimée par l’administration de Barack Obama de revoir les programmes de surveillance des États-Unis. Cet intérêt public, selon lui, pèse plus lourd dans la balance que le risque posé par la publication d’informations plus embarrassantes que menaçantes pour la sécurité.

À lire et à visionner

L’intervention intégrale d’Alan Rusbridger devant le comité des affaires intérieures de la Chambre des communes (durée : 1 h 20) est disponible dans les archives de la télévision parlementaire du Royaume-Uni.

Home Affairs Committee – Parliament TV

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Les faits saillants de l’intervention de Rusbridger sont dégagés par Poynter; un résumé basé entre autres sur le blogue en temps réel de Paul Owen, journaliste à The Guardian.

Poynter : « Highlights from Guardian editor’s Parliament hearing »

The Guardian : « Guardian editor Alan Rusbridger appears before MPs – live coverage »

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La lettre ouverte au comité des affaires intérieures, signée par une douzaine de médias et regroupements de presse américains et internationaux, exprime une inquiétude face aux tentatives de censure du gouvernement britannique envers The Guardian et à d’éventuelles poursuites contre ses journalistes. Les signataires font référence au refus de la Cour suprême des États-Unis d’empêcher, à la demande de Nixon en 1971, un journaliste de publier des documents secrets du ministère de la Défense portant sur la guerre du Vietnam (les Pentagon Papers).

« Letter to Home Affairs Committee »

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La lettre ouverte de Carl Bernstein à Alan Rusbridger, corécipiendaire d’un prix Pulitzer, avec Bob Woodward, pour sa couverture du Watergate au Washington Post, va dans le même sens. Bernstein souligne l’éternel équilibre à établir entre la sécurité des citoyens, leur droit à la vie privée et leur droit à l’information. Entre ces éléments, la presse joue son rôle et il n’est jamais bien avisé de restreindre sa liberté ou de l’intimider, conclut-il en substance.

« An open letter from Carl Bernstein to Guardian editor Alan Rusbridger »

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Un très long article du New Yorker trace l’origine de la publication des dossiers inspirés des documents coulés par Snowden et décrit les jeux de coulisse politiques, l’intimidation et les entraves créées par les autorités gouvernementales pour empêcher leur publication par The Guardian. Mais aussi, il dépeint le parcours de son rédacteur en chef, Alan Rusbridger et raconte l’histoire du réputé quotidien britannique et de ses difficultés financières.

 « Annals of communication – Freedom of information »

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Un article du Globe and Mail décrit les activités de surveillance du Centre de la sécurité des télécommunications Canada. On y fait état de l’expansion fulgurante qu’a connue ce centre, depuis les attentats de 2011 à New York. Les révélations d’Edward Snowden, relayées par les médias, semblent porter leurs fruits : un ancien dirigeant du centre canadien admet qu’il faudra plus de transparence à l’avenir. « C’est tout de même l’argent du public », lance-t-il.

« How CSEC became an electronic spying giant »

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