Au cours de sa dernière assemblée plénière, le Conseil de presse du Québec a dénoncé vivement le geste posé contre Le Devoir par les 156 artistes et artisans québécois qui, insatisfaits de la façon dont ce journal traite l’activité théâtrale, se refusent à lui donner toute information en invitant leurs collègues à suivre cet exemple.
Un tel geste constitue une atteinte directe à la liberté de la presse et au droit à l’information.
Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information ni la façon de la traiter sans s’exposer à faire de la censure ou à vouloir l’orienter à sa façon ou suivant ses intérêts.
Ce n’est pas parce qu’on est en désaccord avec la façon dont la presse s’acquitte de sa tâche qu’on doive s’en remettre à pareilles méthodes. Nul ne peut en effet exiger des médias et des journalistes qu’ils livrent une information conforme à l’image ou au sens que veulent donner à leurs actions des personnes ou des groupes sans compromettre le libre exercice du journalisme.
Plutôt que d’accabler la presse de la façon dont on l’a fait dans ce cas, le Conseil tient à rappeler que si l’on a des griefs précis et étayés à formuler contre un média ou l’un ou l’autre des professionnels de l’information, on devrait plutôt s’en expliquer avec les principaux intéressés et porter plainte, s’il y a lieu, auprès du Conseil.
Quant à la publicité, le Conseil rappelle que chacun est libre de faire de la réclame dans les médias de son choix. Nul n’a cependant à récompenser ou à punir ces derniers en leur accordant ou non de la publicité.
L’utilisation de la publicité comme arme économique contre des médias dans le but de restreindre ou d’orienter l’information qu’ils diffusent constitue aussi, selon le Conseil, une violation du droit à l’information et de la liberté de la presse.