Le Conseil de presse croit nécessaire de faire une mise en garde vis-à-vis de telles déclarations qui risquent de causer un préjudice sérieux à la crédibilité, l’intégrité et l’indépendance des fonctions des organes d’information et de leurs artisans.
La fonction d’informer est essentiellement un service public. Ce n’est que dans la mesure où elle contribue à renseigner le citoyen sur tous les événements qui le concerne et à le rendre ainsi capable de porter un jugement sur la société qui l’entoure que les organes et les individus chargés de l’exercer peuvent s’en acquitter adéquatement. Pour ce faire, la presse doit être libre de toute contrainte sauf celles qui découlent de sa fonction d’informer le public. Quand une presse est asservie à quelque pouvoir que ce soit, non seulement la liberté d’expression mais la liberté fondamentale du citoyen et de la société risquent d’être sérieusement compromises.
Le Conseil de presse du Québec tient à rappeler à cet égard que la Société Radio-Canada, bien que subventionnée par les fonds publics, n’échappe pas au mandat général des autres organes d’information. Sa fonction d’informer est tout aussi absolue que celle des autres organes d’information.
Une telle fonction serait, selon le Conseil, gravement compromise si, d’une part, l’État avait la possibilité de l’entraver par une quelconque censure. En aucune circonstance, en effet, l’État ne doit même donner l’impression qu’il est disposé à se servir de ses droits de propriété, de ses pouvoirs législatifs ou de tout autre moyen à sa disposition qui aurait pour effet de compromettre l’indépendance et la crédibilité de cette société et de ses journalistes. Toute tentative pour dicter le contenu de sa programmation ou pour s’immiscer dans sa gestion rédactionnelle, serait en contradiction avec la liberté de la presse.
D’autre part, par le traitment de l’information qu’ils diffusent, les organes d’information et les journalistes doivent s’assurer qu’ils ne deviennent pas eux-mêmes une menace au droit du public à l’information en s’appropriant une tribune qui ne leur appartient pas pour faire valoir leurs idées ou prévaloir leurs points de vue. C’est en cela que réside la garantie de leur crédibilité!
Le Conseil de presse rappelle que si l’on peut avoir des plaintes sérieuses à formuler appuyées sur des faits précis et concrets, il serait plus efficace de s’en saisir plutôt que de chercher à régler ces problèmes en faisant des procès d’intention. C’est là l’un des principaux rôles du Conseil que de recevoir toute plainte de celui qui se croit lésé dans son droit à l’information.
À ce jour, le Conseil n’a reçu aucune plainte à ce sujet!