Éthique de la critique techno: un journaliste répond à ses détracteurs

Critique respecté dans l’industrie du jeu vidéo, Adam Sessler a appris à ses dépens qu’on ne badine pas avec l’éthique, et plus particulièrement les conflits d’intérêts – ou, dans ce cas-ci, s’il faut en croire ses explications, l’apparence de conflit d’intérêts.

L’industrie du jeu vidéo est en plein essor, comme en témoignent année après année différents rapports (ici et ici) couvrant l’évolution du secteur. Forcément, les enjeux financiers sont de plus en plus importants, avec des revenus, à l’échelle planétaire, estimés récemment à 67 milliards de dollars pour l’année 2012. Pas surprenant, donc, que les stratégies de marketing, pour ce secteur, se multiplient.

L’une d’entre elle, surnommée pay-for-play dans la langue de Shakespeare, consiste, pour une agence de marketing, à promettre un placement publicitaire en échange d’une couverture journalistique – ou, devrait-on dire, pseudojournalistique. Un sondage mené en 2008, aux États-Unis, auprès d’experts seniors en marketing révélait que près de 20% d’entre eux admettait que leur entreprise s’adonnait à de telles pratiques.

C’est ainsi que lorsque le critique Adam Sessler, de la chaîne internet Revision 3, spécialisée dans la couverture de sujets liés au monde de la technologie et du jeu vidéo, a eu la mauvaise idée de faire une critique d’un jeu vidéo produit par le géant Electronic Arts (EA), immédiatement précédée d’une publicité de Slim Jim, qui ouvrait alors un concours en partenariat avec EA, les internautes ont crié au scandale.

Or, plutôt que de se terrer, Adam Sessler a abordé la question de front, dans une seconde vidéo où il revient sur cette « affaire ». Après avoir nié qu’il puisse y avoir un lien entre la publicité et sa critique, il admet qu’il aurait pu prendre davantage de précautions pour éviter toute forme d’apparence de conflit d’intérêts. Ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, de dénoncer du même souffle la chasse aux sorcières à laquelle s’adonnent, croit-il, trop d’internautes un brin paranoïaque.

Il admet néanmoins qu’il importe pour un journaliste de laver plus blanc que blanc, et qu’il s’agit en quelque sorte du prix à payer pour maintenir la confiance du public.

La vidéo en question, ci-dessous (en anglais).

Via MediaBistro.com.