Périodiquement, en France, l’idée de créer un conseil de presse ressurgit. Mais faute de pouvoir s’entendre sur les modalités, patrons et journalistes se sont toujours renvoyés la balle dans une interminable partie de ping pong, s’accusant l’un et l’autre de refuser de faire les concessions nécessaires pour trouver un terrain d’entente.
Une éclaircie est cependant apparue récemment, lorsque Philippe Buisson, secrétaire national aux médias au sein du Parti socialiste français, a annoncé lors d’une conférence publique tenue devant un parterre de journalistes et d’observateurs du monde médiatique que son parti voyait d’un œil favorable l’idée de conditionner les aides publiques à la presse à l’adhésion à un organe de déontologie ainsi qu’à une charte déontologique fondamentale et universelle.
Une semaine plus tard, c’était par voie de communiqué que le PS réitérait cet appui. Partant du principe selon lequel « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme », duquel « découle le droit de nos concitoyens à bénéficier d’une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste », le communiqué rappelle qu’un projet de création de conseil de presse tripartite (public, entreprises de presse et journalistes) et d’une charte doit en définitive être porté par le milieu journalistique.
Des réactions positives
Plusieurs organismes se sont réjouis de cette annonce, à commencer par le Syndicat national des journalistes (SNJ), qui en a profité au passage pour écorcher les éditeurs de journaux des échecs du passé en cette matière et pour rappeler que la charte déontologique de la SNJ pourrait être utilisée comme « charte chapeau ».
L’Association de préfiguration de conseil de presse en France (APCP) a également fait écho à cette annonce sur son blogue, où Yves Agnès, président du groupe, publiait le jour même un (autre) plaidoyer pour la création d’une telle instance.
Les Indignés du PAF, sorte de surveillant des chiens de garde de la démocratie, fondent pour leur part beaucoup d’espoir sur cette prise de position du PS, tout en dénonçant vertement le silence des médias français. Pour faire bouger les choses plus rapidement, ils ont également lancé une pétition en ligne pour demander à l’État français de conditionner ces aides « au respect d’une charte de déontologie commune à tous les journalistes. »