La couverture de la Charte vue par le public

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Depuis la fin de l’été, le projet de Charte des valeurs québécoises a fait couler beaucoup d’encre et le travail des médias a été abondamment critiqué. Un sondage SOM, commandé par la Chaire de recherche en éthique du journalisme de l’Université d’Ottawa, met en lumière la perception du public au sujet de cette couverture médiatique.

Selon le sondage réalisé du 18 au 23 octobre, soit avant le dépôt du projet de loi, 44,2 % des répondants estiment que les médias ont joué un rôle négatif dans le débat. D’autre part, 34 % croient que leur rôle a été positif et 22 % ne se prononcent pas.

« Il y a eu beaucoup d’affrontement et d’animosité des chroniqueurs par rapport au traitement journalistique [du projet de charte], mais selon le sondage, les gens sont relativement satisfaits », soutient en entrevue téléphonique le titulaire de la Chaire de recherche en éthique du journalisme, Marc-François Bernier.

Il ajoute : « C’est un petit coup de sonde, mais je crois qu’il évite les accusations excessives contre les médias ».

Selon les constats de l’étude, les 65 ans et plus sont le seul groupe d’âge estimant que les médias ont joué un rôle positif. D’autre part, 49 % des hommes croient que la couverture a eu un rôle négatif, une opinion partagée par seulement 39 % des femmes.

L’exercice ne visait pas à connaître l’opinion des répondants sur la Charte, mais M. Bernier considère que cela a pu influencer la perception des gens par rapport au travail fait par les médias.

Équilibre

Les répondants ont également eu à se prononcer sur l’équilibre de l’information offerte par les quotidiens et la télévision. Il s’agissait de connaître leur impression générale concernant tout ce que le média avait produit sur la charte, incluant donc l’information factuelle et les chroniques d’opinion. Aucune définition de la notion d’équilibre n’était fournie aux personnes interrogées.

En ce qui concerne l’équilibre de l’information dans les médias télévisés francophones, 59 % des répondants ont un jugement positif de la couverture de Radio-Canada (télé et RDI). Dans le cas de Québécor (TVA et LCN), le jugement est positif chez 46 % des participants à l’étude.

Les responsables du sondage ont cherché à connaître les perceptions concernant V et Télé-Québec. Ces deux stations programmant peu d’information, les répondants ne se sont pas prononcés dans respectivement 64 % et 65 % des cas. « Je ne voulais pas les éliminer du sondage parce que V fait quand même un peu d’information et Télé-Québec a des émissions d’affaires publiques comme Bazzo.TV qui proposent des débats sur le sujet », explique M. Bernier.

Journaux

Dans le cas des journaux francophones, les journaux de Gesca sont jugés équilibrés par 42 % des répondants. Les quotidiens de Québécor et Le Devoir sont perçus comme étant équilibré par respectivement 34 % et 28 % des répondants.

Même si davantage de gens jugent équilibrée la couverture faite par ces trois entreprises de presse, une proportion importante de répondants n’a pas voulu se prononcer.  Dans le cas du Devoir, le pourcentage atteint 64 %. Une situation que le responsable de l’étude explique par le « tirage modeste » de ce quotidien. Dans le cas des journaux de Gesca et de ceux de Québécor, ce refus de trancher a été l’option de 43 % et 42 % des sondés.

La télévision est la principale source d’information des Québécois et les gens lisent de moins en moins les journaux, ce qui peut expliquer ce refus massif de se prononcer, selon Marc-François Bernier.

Méthodologie

Le sondage a été effectué auprès de 1009 répondants du 18 au 23 octobre 2013 par panel web, dans le cadre de la réalisation du Baromètre des médias de la Chaire de recherche en éthique du journalisme. Les résultats ont  été pondérés pour refléter les caractéristiques démographiques de la population québécoise. L’étude repose sur un échantillon probabiliste. La marge d’erreur est de 3,8 %, 95 fois sur 100.