Le Conseil est en profond désaccord avec la proposition du gouvernement fédéral de créer un conseil consultatif canadien de la presse quotidienne.
Dans une lettre qu’il vient de faire tenir au ministre d’État au Multiculturalisme, M. Jim Fleming, le Conseil se dit plutôt d’avis que la protection du droit du public à l’information est mieux assurée par la création de conseils de presse dans les provinces ou les régions du Canada où il n’en existe pas. Étant plus près des populations qu’ils desservent, ces organismes répondront mieux, selon le Conseil, aux préoccupations des citoyens en matière d’information.
Le Conseil rappelle aussi au ministre Fleming que la création de conseils de presse ne relève pas de l’initiative d’un gouvernement, mais essentiellement de la volonté des premiers intéressés, soit les journalistes, les organes d’information, qui ne doivent pas hésiter à y associer le public, puisque c’est le droit de ce dernier qu’il s’agit de sauvegarder.
Il importe en effet, selon le Conseil, qu’un tel organisme ne soit redevable à l’État ni de sa création ni directement de son financement et qu’il soit à l’abri, de par sa composition et dans son fonctionnement, de toute possibilité d’ingérences des pouvoirs publics.
Le Conseil s’interroge aussi sur l’efficacité du conseil consultatif canadien proposé dont la portée de l’action sera limitée à la presse quotidienne en laissant de côté la presse hebdomadaire, les périodiques et la presse parlée. La protection du droit du public à l’information et de la liberté de la presse ne saurait, à son avis, être compartimentée et ne s’appliquer qu’à un seul secteur de l’information ou à un groupe particulier des médias.
D’autre part, dans le cas du Québec, un tel conseil, si limitée soit sa juridiction, ne ferait que doubler le conseil existant.
Enfin, le Conseil estime qu’il est inutile d’adopter une loi spécifique pour contrôler la concentration de la propriété des quotidiens au pays. Des modifications appropriées à la Loi sur les coalitions permettraient certainement mieux d’atteindre les objectifs que dit poursuivre le Gouvernement. La loi proposée apparaît d’autre part au Conseil d’autant plus délicate que sa portée semble dépasser nettement la seule intention de vouloir limiter la concentration des quotidiens.