Le Conseil de presse doute de l’efficacité des lignes directrices proposées par le CRTC concernant les tribunes téléphoniques

Le Conseil de presse du Québec a fait parvenir ses observations au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) relativement au « Projet de lignes directrices concernant les tribunes téléphoniques » (Avis public CRTC 1988-121).

Dans un document de 17 pages où il expose les caractéristiques des diverses formules de tribunes téléphoniques et se penche sur l’applicabilité et l’impact des lignes directrices proposées par le CRTC, le Conseil indique qu’il ne voit pas en quoi celles-ci vont permettre à l’organisme d’appliquer plus efficacement les principes que l’on retrouve dans la Loi sur la radiodiffusion et dans le Règlement de 1986 sur la radio.

Le Conseil considère que ces principes – la liberté d’expression, la responsabilité des diffuseurs, la nécessité d’une information équilibrée et l’interdiction formelle de diffuser des propos offensants – constituent des balises suffisantes en matière de liberté d’expression.

Le Conseil souligne que la formule de tribune téléphonique qui pose véritablement problème et qui est la plus ouverte aux abus, s’avère être celle où l’animateur est vedette comparativement aux types de tribunes où le public ou les invités sont les vedettes. Il ne croit pas que les lignes directrices proposées par le CRTC solutionnent le problème qui apparaît le plus fréquemment sur les ondes, c’est-à-dire l’usage de propos offensants.

Signalant que le CRTC évoque seulement trois incidents du genre depuis 1985, le Conseil dit ne pas arriver à se convaincre que le filtrage des appels soit la solution appropriée. Le Conseil considère plutôt que les pouvoirs du CRTC en matière de renouvellement des permis des radiodiffuseurs constituent une voie royale pour cet organisme de sanctionner les manquements à la Loi sur la radiodiffusion et au Règlement de 1986 sur la radio.

Le Conseil considère même que les lignes directrices comportent certains risques pour la liberté de la presse et le droit du public à l’information, car elles rendraient la gestion des tribunes téléphoniques tellement compliquée que ces dernières pourraient disparaître, privant ainsi le public d’un moyen de s’impliquer dans l’information en commentant l’actualité et en échangeant sur les grandes questions à examiner et à analyser.

Le Conseil suggère enfin que le CRTC fasse appel au public à qui sont destinées ces tribunes téléphoniques pour assurer le respect de la législation en faisant connaître cette dernière et en assurant au public l’assistance et les moyens nécessaires pour porter plainte auprès des organismes compétents.

SOURCE :    Micheline McNicoll, secrétaire générale