Le Conseil de presse du Québec s’oppose vivement à la section du projet de loi C-79 qui obligerait la presse écrite et électronique à communiquer intégralement les détails méthodologiques des sondages portant sur les candidats et les partis politiques.
L’adoption d’une telle mesure législative porterait sans contredit atteinte à la liberté de la presse et au droit du public à l’information.
C’est la position qu’a exprimée le Conseil de presse dans une lettre adressée le 8 septembre au vice-premier ministre, M. Don Mazankowski, et réclamant le retrait complet de cette section du projet de loi.
Le Conseil soutient que les médias pourraient cesser de rapporter les résultats des sondages d’opinion s’ils étaient forcés de communiquer toutes les informations méthodologiques requises par le projet de loi. Compte tenu des contraintes de temps et d’espace auxquelles les médias tant électroniques qu’écrits doivent faire face, une telle obligation rendrait en effet la diffusion de ces informations d’intérêt public quasi impossible dans certains cas.
Le Conseil soutient le principe à l’effet que le public reçoive les informations d’ordre méthodologique en même temps que les résultats des sondages. Celles-ci permettent de vérifier la qualité des informations recueillies par sondage, et donnent la possibilité au public de former son propre jugement sur l’information qu’il reçoit.
Cependant, le Conseil estime que ceci relève de l’autodiscipline des médias et des journalistes, et ne doit en aucune façon être régi par des mesures législatives, de telles mesures accroissant les risques d’ingérence gouvernementale dans les contenus de l’information et les décisions qui relèvent des salles de rédaction.
Le Conseil de presse considère donc comme essentiel que les médias écrits et électroniques soient libres de déterminer la façon de communiquer les résultats des sondages, afin d’éviter que soit limitée la liberté de la presse d’informer adéquatement le public.
Et si le gouvernement décidait tout de même d’agir dans ce domaine, la seule contrainte acceptable en la matière serait de prévoir que les médias conservent les renseignements décrits au projet de loi et les rendent accessibles au public, de façon à ce que les personnes intéressées puissent prendre connaissance de ces données.