Le 18 juin 1986. Au moment où le journaliste Bertrand de la Grange et le cameraman Michel Kinkead sont appelés à répondre aux accusations portées contre aux à la suite de leur reportage du 4 avril dernier, le Conseil de presse du Québec, dans l’intérêt public et sans vouloir en aucune façon se prononcer sur la responsabilité pénale des journalistes, croit opportun de demander au Ministre de la Justice du Québec de mettre un terme à cette poursuite, comme le lui permet l’article 508 du Code criminel.
MM. de la Grange et Kinkead, on se le rappellera, sont accusés de méfaits pour avoir retardé le départ d’un avion dans le cadre d’un reportage sur la sécurité dans les aéroports Dorval et Mirabel, diffusé sur les ondes de Radio-Canada dans le cadre de l’émission « Le Point ».
Compte tenu de l’importance des informations divulguées dans ce reportage et de l’intérêt public évident de la démarche des deux journalistes, le Ministre de la Justice du Québec devrait interrompre à ce stade ladite poursuite, conformément aux pouvoirs que lui confère le Code criminel. Le Conseil de presse l’y incite donc en lui rappelant que les intimés n’ont fait qu’accomplir leur devoir d’informateurs publics sans mettre en danger d’aucune façon la sécurité des passagers ou le bon fonctionnement des installations aéroportuaires.
Le Conseil estime qu’une telle poursuite va à l’encontre des exigences du droit du public à l’information et de l’intérêt public.
Source : Jean Baillargeon, secrétaire général du Conseil de presse du Québec.