Déontologie journalistique revampée en Australie

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Crédit photo : Ben Grader CC

Dans la spirale de la révolution des médias numériques et de la réflexion déontologique et éthique qu’elle provoque, le Conseil de presse de l’Australie publiait, le 18 juillet, une nouvelle mouture simplifiée et clarifiée de son code de déontologie.

En entrevue radiophonique au réseau australien RN, le président du Conseil de presse de l’Australie, Julian Disney, explique que des principes à la fois raisonnables, rigoureux, clairs et facilement communicables sont nécessaires afin qu’ils soient utilisés à plus grande échelle par les médias de tous horizons et le grand public. M. Disney ne cache pas son intention de rejoindre davantage les nouveaux médias.

À sa création en 1976, l’organe d’autorégulation australien avait pour mandat la promotion des bonnes pratiques journalistiques et le traitement des plaintes relatives aux journaux et magazines. Au fil du temps, son action s’est élargie aux sites Internet associés à ces publications. Puis, quelques médias numériques ont joint les rangs du Conseil au cours des dernières années.

M. Disney dit vouloir développer davantage le membership des médias en ligne. L’objectif ultime est l’élargissement de la portée du Conseil à tous les types de médias, y compris les médias électroniques, explique-t-il.

Du général au spécifique

La refonte du code de déontologie — Statement of General Principles — est la première étape du processus de mise à jour initié par le Conseil australien. Les principes directeurs du code, épurés au point de tenir sur deux pages, gravitent autour de quatre grands groupes de valeurs : exactitude et clarté; équité et équilibre; droit à la vie privée et respect; intégrité et transparence.

« Maintenant que nos principes généraux sont simplifiés et plus clairs, la prochaine étape est d’établir des principes spécifiques », explique Julian Disney. Le Conseil de presse de l’Australie a déjà commencé à publier de tels principes spécifiques, comme son guide sur la couverture du suicide, réalisé en 2011.

D’autres guides pratiques similaires verront donc le jour. Ils permettront notamment d’apporter une contrepartie concrète aux principes généraux dans le contexte des médias numériques. En matière de vérification des faits, de gestion des commentaires et de distinction des genres, par exemple, le besoin de lignes de bonne conduite se fait sentir pour les nouveaux médias, dit en somme M. Disney.

Fait à noter, le Conseil de presse de l’Australie n’est pas le seul à établir un tel cadre de normes déontologiques en deux volets : l’un théorique, établissant les grands principes de façon succincte et l’autre, plus pratique, voué à l’aide à la mise en application du premier.

La National Public Radio (NPR), un OBNL américain regroupant des radios publiques locales, a épousé une formule similaire, en 2012. Son document Guiding Principles est un condensé de ses principes directeurs qui tient sur cinq pages. Son Ethics Handbook, un document de 75 pages, aborde chacun de ces principes dans une optique pratique.

Question de pertinence

L’intervieweur de Julian Disney saisit l’occasion pour soulever la question de la pertinence d’un conseil de presse en 2014. Est-il vraiment réaliste de continuer à croire à un modèle d’autorégulation des médias, dans la « cacophonie » ambiante provoquée par l’arrivée des nouveaux médias? Les médias sociaux, par leur nature, n’ont-ils pas eux-mêmes un pouvoir autonettoyant permettant au public de discerner l’information de bonne qualité de l’information douteuse?

« Vous recevez 700 plaintes par année, alors que je vois 700 récriminations à l’heure contre les journaux sur Twitter », note l’animateur, pour provoquer son interlocuteur.

La réponse de Julian Disney met en lumière un nouveau rôle que les organismes d’autorégulation des médias peuvent jouer auprès du public.

« Ce qu’on peut faire, c’est essayer d’encourager le développement d’une plus grande qualité des contenus en ligne et l’émergence de nouveaux médias qui veulent être perçus comme des médias se soumettant aux standards éthiques et à un processus indépendant de traitement des plaintes.

« Cela leur permet alors d’être considérés par des gens qui veulent savoir s’ils peuvent ou non se fier à telle ou telle source. Cela peut donner une indication. C’est vraiment comme une information donnée aux consommateurs d’information, qui indique qu’un média numérique fait les choses sérieusement et conformément aux normes.

« C’est le mieux qu’on peut faire, dans le contexte des nouveaux médias : aider les consommateurs d’information à reconnaître les contenus fiables et ceux qui ne le sont pas. »