Montréal, le 6 mai 2021 – Depuis quelques semaines, le Conseil de presse du Québec (CPQ) reçoit des centaines de plaintes toutes pareilles concernant seulement un ou deux textes de journalistes. Et il n’est pas le seul à subir un tel assaut. En cette semaine internationale de défense de la liberté de la presse, il nous semble important de dénoncer le comportement de certains individus qui se sont donné comme mission de nuire au travail des journalistes, des médias et du Conseil de presse.
Ces individus encouragent en effet la foule, via les réseaux sociaux, à carrément
« inonder » de plaintes le Conseil de presse du Québec, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, des journalistes individuellement et des médias. Pour ce faire, ces plaignants envahissent les boîtes de courriels de journalistes et d’employés de ces médias et du CPQ. Ceux qui les incitent à le faire savent très bien, et c’est de toute évidence leur objectif, qu’ils nuisent ainsi au travail des médias, des journalistes et du Conseil de presse.
Nous nous inquiétons de ce phénomène qui prend de l’ampleur. Il y a quelques jours, dans une lettre aux lecteurs, le vice-président à l’information et éditeur adjoint de La Presse, François Cardinal, évoquait ce déluge de courriels de plaintes, qu’il qualifie d’une « campagne organisée de harcèlement » au sujet d’une chronique du journaliste Patrick Lagacé concernant l’idée d’un passeport vaccinal. « Ceux qui n’ont pas digéré le texte refusent d’en débattre, ils veulent le faire disparaître. Ils ne veulent pas discuter, ils veulent réduire au silence, » affirmait M. Cardinal.
Prenons un autre exemple. Une blogueuse (reconnue plaignante quérulente par le Conseil de presse) en appelle à tous sur son blogue au sujet d’une chronique récente du chroniqueur Richard Martineau dans le Journal de Montréal. « Il est temps, écrit-elle, de bombarder de plaintes le chroniqueur, le rédacteur en chef du Journal de Montréal, son adjointe, le Conseil de presse et la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) ! (Les numéros de téléphone et les courriels sont plus bas.) »
Sur son site, on peut aussi lire : « (…) les grands médias occidentaux publient constamment de fausses nouvelles donnant l’aval aux projets machiavéliques concoctés dans les hautes sphères du complexe militaro-industriel ». Cette personne suggère aussi, cette semaine, de « bombarder » deux adresses courriel de la rédaction du Journal de Montréal censées être réservées aux personnes qui ont des nouvelles ou des primeurs à transmettre au journal.
En inondant volontairement de cette façon les salles de rédaction, nombre d’histoires et de sujets d’intérêt public pourraient être perdus dans la masse de courriels, sans compter l’énergie consacrée, voire gaspillée, pour effectuer un tri de ces courriels et leur donner le suivi approprié. C’est une entrave au travail journalistique, entrave amplifiée par les récentes attaques physiques envers des journalistes couvrant des manifestations.
Dans le cas du Conseil de presse, ce type de plaintes du type « copier-coller » nuit aux autres personnes du public qui déposent des plaintes réfléchies et sérieuses qui risquent de se perdre ou de prendre du retard dans le flot de lettres somme toute inutiles puisqu’il suffit d’une seule plainte recevable, en vertu du Guide de déontologie du CPQ, pour que le comité des plaintes s’y penche. Cette tactique d’avalanche de plaintes toutes identiques nuit directement à la mission du Conseil de défendre la liberté de presse et le droit du public à l’information.
En cette semaine de la liberté de la presse, nous appelons la population à ne pas tenter d’empêcher les journalistes et les médias d’effectuer leur travail et à ne pas tenter de brimer la liberté d’expression. Le Conseil continue, par ailleurs, de promouvoir les standards les plus élevés de déontologie journalistique, cette déontologie si importante qui distingue le journalisme de la désinformation qui fait rage sur Internet.
Mise au point :
Nous informons le public qu’à compter d’aujourd’hui, seules les plaintes transmises par le biais du formulaire de plainte du Conseil de presse du Québec seront acceptées pour étude. Le formulaire requiert d’identifier précisément les passages d’un reportage visés par la plainte, d’identifier le manquement potentiel au Guide de déontologie du Conseil de presse du Québec (également sur notre site) et d’inscrire un argumentaire clair et concis au sujet du manquement allégué au Guide.
Une seule plainte suffit
Peu importe qu’il y ait un ou mille plaignants, rappelons qu’une seule plainte suffit pour l’ouverture d’un dossier au Conseil. Si la plainte est jugée recevable en vertu du Guide, le produit journalistique sera évalué. Il ne sert donc à rien de copier-coller la plainte de quelqu’un d’autre. Les principes de recevabilité d’une plainte au Conseil de presse sont décrits dans notre règlement 2, aux articles 13 et 14.
Paule Beaugrand-Champagne, présidente
Caroline Locher, secrétaire générale
À propos
Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui œuvre depuis près de 50 ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s’étend à tous les médias d’information distribués ou diffusés au Québec, qu’ils soient membres ou non du Conseil, qu’ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil reçoit les plaintes du public et rend des décisions relativement à la déontologie journalistique. Mécanisme d’autorégulation de la presse, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif ; il n’impose aucune autre sanction que morale.
Le Conseil de presse remercie Cision d’avoir rendu possible l’envoi de ce communiqué.
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RENSEIGNEMENTS :
Manon Desrosiers
Conseil de presse du Québec
manon.desrosiers@conseildepresse.qc.ca