Croyant s’adresser à une militante du Parti conservateur rencontrée sur Twitter, un ministre britannique a en réalité échangé des photos à caractère sexuel avec un journaliste caché sous l’identité fictive de « Sophie Wittams » pour mener une enquête sur l’utilisation des médias sociaux par des députés.
Ministre responsable de la société civile, Brooks Newmark, a démissionné samedi, soit la veille de la publication dans le Sunday Mirror d’un article révélant le contenu et les conversations échangées avec « Sophie Wittams ».
Le Mirror rappelle que M. Newmark a participé à la mise en place de la campagne Women2Win visant à attirer davantage de femmes en politique.
M. Newmark n’était pas le seul député dans la mire du journaliste pigiste. La militante fictive a approché via Twitter cinq autres membres de la Chambre des communes. Il semble que ceux-ci se soient limités à des propos polis.
L’un de ces députés, Mark Pritchard, a annoncé lundi qu’il déposait une plainte à l’Independent Press Standards Organisation (IPSO), le nouvel organisme d’autorégulation des médias mis en place par une partie de la presse britannique. Il entend également porter plainte à la police.
Ainsi, l’une des premières décisions de l’IPSO sera de déterminer si l’intérêt public de cette enquête justifiait le recours à un procédé clandestin. Le code de déontologie de l’organisme stipule que l’utilisation d’un subterfuge peut être justifiée seulement s’il y a un intérêt public et seulement quand l’information ne peut pas être obtenue autrement.
Selon les informations recueillies par les médias, les photos de « Sophie Wittams » proviendraient notamment des comptes d’une mannequin suédoise et d’une Britannique. Cette dernière soutient ne pas en avoir autorisé l’utilisation.
Mise à jour le 30 septembre 2014
Le président de l’IPSO, Alan Moses, a indiqué que l’organisme examinera la plainte déposée par Mark Pritchard contre le Sunday Mirror. Il a précisé que s’il n’avait reçu aucune plainte, l’IPSO se serait saisi du dossier. Même s’il considère qu’il s’agit d’une « question d’intérêt public urgente », M. Moses reste prudent et désire entendre les arguments du Sunday Mirror.
Le rédacteur en chef du Sunday Mirror, Lloyd Embley, a adressé des excuses aux deux jeunes femmes, dont les photos ont été utilisées sur le compte Twitter de « Sophie Wittams ». Il rappelle que ces photos ont été choisies par Alex Wickham, le journaliste-pigiste à l’origine de cette enquête. Press Gazette note que le Sunday Mirror ne les a pas publiées. Elles l’ont cependant été dans d’autres journaux qui ont traité de l’affaire.
Selon The Guardian, l’enquête d’Alex Wickham a été refusée par deux publications avant d’être proposée au Sunday Mirror. Ces deux journaux avaient émis des questionnements sur la méthode utilisée.