Avec la technologie FM qui permet de diffuser à coût abordable, la radio communautaire atteint l’un de ses buts, soit celui de donner la parole à la société civile. C’est l’un des constats dressés, le 15 août, par les représentants des radios communautaires venus à Montréal des quatre coins de la planète pour souligner le 30e anniversaire de l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC).
Marcelo Solervicens, secrétaire général de l’AMARC, constate que les nouvelles technologies renforcent les radios communautaires. « Lorsque l’AMARC a été fondée en 1983, les gens voulaient accéder à la parole publique. Dans cette perspective, les nouvelles technologies ont créé de nouvelles avenues pour l’expression des gens, soit dans les médias sociaux, sur l’Internet… », estime-t-il.
Pour illustrer le « continuum » qui s’opère entre le journalisme citoyen, la radio sur Internet et la radio communautaire, M. Solervicens donne l’exemple de la Jordanie. Il y a d’abord eu de la production radio sur Internet, puis, après la libération des ondes, la programmation est déménagée sur la bande FM. Même phénomène pour Radio 6, en Tunisie, qui est passé sur les ondes hertziennes 12 jours après la chute de l’ancien président Ben Ali. « Ils avaient acquis une expertise en produisant sur Internet. Il s’agissait juste d’ajouter l’émetteur », note-t-il.
Même si Internet fait maintenant partie de notre quotidien, le secrétaire général de l’AMARC spécifie qu’au niveau mondial 98 % des gens écoutent la radio sur la bande FM. « La radio est la voix la plus entendue. La radio FM arrive à tout le monde. C’est fondamental d’aller sur la bande FM », insiste-t-il en observant que malgré leur importance, les médias sociaux sont surtout utilisés par les élites.
Déclaration
Lors du colloque, les participants ont adopté la Déclaration de Montréal qui rappelle que l’Association a été mise sur pied « pour promouvoir la démocratisation de la parole publique et l’accès aux ondes pour les marginalisés et les exclus des sociétés de l’époque».
Les signataires considèrent que « les radios communautaires ont réussi à démocratiser la parole publique et les sociétés, et l’ont fait à travers leur programmation, leur pérennisation, le réseautage, l’échange de connaissances et le développement des capacités de leurs travailleurs ».
Ils se félicitent également d’avoir obtenu, dans plusieurs pays, une reconnaissance du droit humain à la communication et l’accès citoyen à des « portions significatives du spectre hertzien ». C’est notamment le cas en Argentine, en Équateur et en Uruguay où un tiers des ondes est réservé à des radios associatives, rapporte Marcelo Solervicens.
Numérique
La Déclaration demande aux radios communautaires de participer aux débats concernant le passage de la radio au numérique. « Présentement, une radio communautaire émet sur le FM, on l’entend. Avec le numérique, elle devra passer par un serveur », explique M. Solervicens qui y voit un enjeu démocratique sur le contrôle de la distribution par les entreprises de télécommunication. L’accès au numérique doit faire partie d’un bien commun, selon lui.
L’AMARC doit maintenant « prendre position afin d’influencer les gouvernements pour qu’ils assument leurs obligations démocratiques envers leurs citoyens en fournissant aux citoyens les ressources afin qu’ils puissent exercer leur droit à la communication », stipule la Déclaration.
Il s’agit d’un enjeu pour les 40 prochaines années, croit Marcelo Solervicens.