Trois articles d’un journaliste pigiste de la section Voyages du Wall Street Journal ont été retirés du site Internet du quotidien en juin, parce que leur auteur avait accepté des rabais en lien avec ses voyages, notamment sur des séjours à l’hôtel. Quelques jours plus tard, le New York Times réagissait à une situation similaire impliquant le même journaliste.
La rédaction du New York Times n’a pas retiré l’article, mais y a ajouté une note : « Après la publication de cet article, la rédaction a appris que l’auteur avait accepté des gratuités de la part de l’hôtel mentionné dans le texte. La politique du Times interdit aux journalistes de la section Voyages d’accepter de tels privilèges. Si la rédaction avait été avisée à l’avance au sujet des privilèges consentis à l’auteur, l’article n’aurait pas été publié. »
Du côté du Wall Street Journal, la politique rédactionnelle ne permet pas à un journaliste d’accepter des biens et des services gratuits ou, de façon plus générale, des rabais qui ne sont pas consentis au grand public.
Comment financer ces voyages?
Fait intéressant, une publication sur la page Facebook du blogueur américain Jim Romenesko à ce sujet recueille un commentaire soulevant la question du financement de ces voyages par les médias.
« La question est : combien le New York Times ou le Wall Street Journal paient pour un article de leur section Voyage? »
« Décliner ou payer soi-même »
La question soulève des préoccupations également au Québec. Dans son guide de déontologie Droits et responsabilités de la presse, le Conseil de presse « préconise que les médias se dotent d’une politique claire et de mécanismes de prévention et de contrôle adéquats » en matière de conflits d’intérêts.
Les voyages gratuits sont cités, dans le guide, comme faisant partie des situations qui risquent de « ternir l’image d’indépendance et de neutralité des professionnels de l’information ».
En 1993, le Conseil de presse publiait un avis, qui résumait sa position ainsi : « décliner ou payer soi-même ». Une mince ouverture aux exceptions était admise, moyennant une grande transparence d’un média, quant aux privilèges reçus par son journaliste.
« Ce média devra informer explicitement le public que le voyage et le reportage, ainsi rendus possibles, ont été effectués en tout ou en partie aux frais de l’entreprise ou de l’organisme concerné. Le Conseil de presse estime que cette information est elle-même d’intérêt public, et que le public y a droit. Se contenter de mentionner que le journaliste a été « invité » par cette entreprise ou cet organisme ne suffirait pas alors, cette seule mention pouvant prêter à ambiguïté ».