Affaire Bettencourt : Appel à la désobéissance médiatique en France

L’arrêt de la cour d’Appel de Versailles provoque la campagne « Nous avons le droit de savoir »

Crédit photo : mythic_moonlight CC

« Il n’est pas question d’accepter l’arrêt de la cour d’appel de Versailles, rendu le 4 juillet et ordonnant à deux titres de presse, Mediapart et Le Point, de supprimer toute citation des fameux “enregistrements Bettencourt” ». C’est l’amorce de l’article publié aujourd’hui par Mediapart (réservé aux abonnés), dans la mouvance de l’élan de solidarité médiatique suscité par l’arrêt de Versailles.

Le média français « pure player » dit avoir reçu, au cours de la dernière semaine, de nombreuses manifestations de solidarité de la part d’autres médias français. Plusieurs ont proposé d’héberger les enregistrements et les citations interdits de publication par l’arrêt de la cour d’appel de Versailles.

Lors d’un point de presse tenu ce matin au siège social parisien de Reporters sans frontières, l’appel suivant, endossé par 44 titres de presse, associations et syndicats, a été lancé :

« La liberté de l’information n’est pas un privilège des journalistes mais un droit des citoyens. Dans une démocratie vivante, le pouvoir du peuple souverain suppose le savoir d’un public informé. Être libre dans ses choix et autonome dans ses décisions nécessite de connaître ce qui est d’intérêt public, c’est-à-dire tout ce qui détermine et conditionne nos vies en société.

« S’agissant des affaires publiques, la publicité doit donc être la règle et le secret l’exception. Rendre public ce qui est d’intérêt public est toujours légitime, notamment quand le secret protège indûment des injustices et des délits, des atteintes au bien collectif ou aux droits humains. Ainsi la sécurité des États ne saurait empêcher la révélation de violations des libertés individuelles, pas plus que la sauvegarde de l’intimité de la vie privée, impératif par ailleurs légitime, ne saurait être l’alibi d’infractions aux lois communes.

« C’est pourquoi il importe de défendre les journalistes professionnels, les sources d’information et les lanceurs d’alerte ayant permis la révélation de faits d’intérêt général qui, sans leur travail et leur audace, seraient restés inconnus du public. Les soutenir, c’est protéger et étendre un droit de savoir universel, garantie d’un renforcement de la démocratie mondiale à l’heure de la révolution numérique.

« Pour toutes ces raisons, nous nous disons solidaires de Mediapart après la récente condamnation lui imposant de censurer, trois ans après leur révélation, ses informations sur l’affaire Bettencourt. En signe de protestation, nous faisons désormais nôtres toutes ces informations. Et nous encourageons les médias, les associations, les élus, les citoyens à les reprendre immédiatement et à les diffuser par tous les moyens démocratiques en leur possession. »

Fait à noter, Le Point, qui avait pris la décision de ne pas réagir à cet arrêt, maintient sa position et ne s’associe pas à la démarche.

Plusieurs journaux français traitent de l’initiative, dont Le Figaro, Le Monde et Le Soir. Mediapart invite les internautes à signer une pétition sur son site.