Août 2013 – Tour du monde déontologique

Faire court sans négliger la mise en contexte

Crédit photo : Greens MPs – cc

26 août, Canada. À la suite d’une plainte, l’ombudsman de CBC Esther Enkin s’est prononcée sur un reportage relatant l’issue d’un procès où un homme était accusé de menace de mort à l’endroit d’un policier de la GRC.

Le plaignant est l’homme qui était accusé dans ce procès. Il estime que le reportage était mal fait et qu’il montrait un parti pris pour le policier. Il fait valoir que le reportage ne remet pas les choses en contexte et qu’il manque des détails.

Il considère que la dernière phrase, « Mais vendredi matin, le juge Richard Thompson a déclaré que, malgré le tempérament dépeint de Sidhu [l’accusé], il ne peut être certain que ses mots étaient des menaces *», démontre un parti pris.

De leur côté, les dirigeants de CBC ont rappelé que les nouvelles pour la radio et le web doivent être courtes, il était donc impossible d’inclure plus de détails sur les témoignages. Concernant l’utilisation de la conjonction « mais », on a indiqué qu’il s’agissait de faire ressortir que, malgré les preuves présentées en cour par la poursuite, le juge était d’avis contraire.

Décision

Dans sa décision, Esther Enkin juge que le reportage manquait de précision et qu’il était bâclé. « C’est la base du journalisme de rendre compte des procédures judiciaires de façon intelligible. Le but de la couverture journalistique d’un procès est d’être les yeux et les oreilles du public qui ne peuvent pas être sur place. Cette histoire ne fait pas cela *», peut-on lire dans sa décision.

L’ombudsman estime que la décision du juge n’était pas très longue et qu’elle aurait pu être résumée en quelques phrases. Elle constate que le cœur de l’histoire était d’expliquer les doutes raisonnables émis par le juge. Elle ajoute que les remarques du juge concernant la crédibilité des témoins auraient dû faire partie du compte rendu.

Cependant, Mme Enkin considère que le reportage n’est pas biaisé. Elle déplore toutefois que pour faire un reportage très court, on ait sacrifié le résumé du procès. Selon elle, le reportage ne donne pas assez d’information pour qu’il ait un sens pour ceux qui n’ont pas assisté au procès, ce qui compromet l’équité.

L’ombudsman termine en demandant aux responsables des nouvelles de s’assurer que les journalistes assignés à la couverture judiciaire aient une formation adéquate pour faire le travail correctement.

*Traduction du Magazine du CPQ