Prisonnier politique ou terroriste?
Ombudsman de Radio-Canada, 30 avril. Une plainte formulée contre un reportage de la correspondante au Moyen-Orient Ginette Lamarche a donné lieu à un débat sémantique sur le vocable « prisonnier politique ».
Le reportage de la journaliste a été diffusé au radiojournal de la Première Chaîne de Radio-Canada le 4 avril.
L’expression était utilisée, dans le reportage, dans le contexte de la mort du Palestinien détenu en Israël Maisara Abou Hamdiyeh. Ce décès avait provoqué des manifestations.
« La rue, dit-elle, demande à l’Autorité palestinienne d’obtenir de meilleures conditions de détention, d’obtenir la libération des plus anciens prisonniers politiques », cite l’Ombudsman de Radio-Canada, Pierre Tourangeau, dans sa révision d’une décision déjà rendue dans ce dossier.
Le plaignant (ce reportage a provoqué deux plaintes similaires, dont une seule a été analysée) considère que Mme Lamarche utilise erronément le terme « prisonnier politique » dans le cas de Maisara Abou Hamdiyeh, puisque celui-ci était « le dirigeant d’une organisation reconnue terroriste par de nombreux pays occidentaux et qu’il avait été trouvé coupable de complicité dans l’assassinat du ministre du Tourisme israélien Rehavam Zeevi en 2001 ». Compte tenu de l’acte criminel dont il a été inculpé, il aurait fallu parler, dans ce cas, d’un « prisonnier de haute sécurité », fait-il valoir.
Les définitions d’un prisonnier politique utilisées par Amnistie internationale et le Conseil de l’Europe, notamment, justifient l’utilisation de cette expression dans le reportage de Mme Lamarche, estime M. Tourangeau,
L’Ombudsman souligne par ailleurs que la journaliste ne faisait pas référence à M. Maisara Abou Hamdiyeh, lorsqu’elle rapportait la demande des manifestants de libérer d’« anciens prisonniers politiques ».
Il ne retient donc pas la plainte quant à l’utilisation de cette expression, mais admet que la correspondante « n’aurait pas dû passer sous silence le fait que Abou Hamdiyeh avait été condamné pour complot terroriste ». À cet égard, le reportage ne répondait pas à la « valeur d’exactitude des Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada », conclut-il.