Le Conseil de presse du Québec a publié dix décisions relativement à des plaintes que le public lui avait soumises. Il a rejeté quatre plaintes et en a retenu six.
D2017-10-117 – Luc Lavoie : des propos discriminatoires, une réaction exemplaire de TVA-LCN
Le Conseil juge que les propos de l’ancien commentateur politique de TVA-LCN, Luc Lavoie, à l’émission « La Joute » au sujet de la « chasse aux séparatistes » étaient discriminatoires et haineux. Au total, 193 citoyens ont porté plainte au Conseil à la suite de l’émission diffusée en octobre 2017. M. Lavoie commentait le dépôt, à l’Assemblée nationale, d’une pétition en faveur de la chasse à l’écureuil en milieu urbain lorsqu’il a affirmé : « On pourrait prendre nos guns comme les Américains, pis on tire des écureuils (…) En fait, moi, j’aurais aimé pouvoir chasser les séparatistes, mais ça a l’air que c’est pas possible. » Le Conseil ne considère pas Luc Lavoie comme un journaliste, mais le média d’information étant responsable des propos diffusés sur ses ondes, les plaintes ont été retenues à l’égard du média.
Cependant, le Conseil estime que la réaction de TVA-LCN a été diligente, rapide et proportionnelle à la gravité de la faute. En direct, l’animateur Paul Larocque a immédiatement enjoint à M. Lavoie de ne pas faire de blague sur ce sujet. Ensuite, le média a réagi publiquement en se dissociant des propos en cause, les qualifiant d’inacceptables et en annulant la rediffusion de l’émission. Deux communiqués ont été publiés le lendemain de l’émission et leur contenu a été repris par l’animateur au début de l’émission suivante.
Puisque le média d’information visé a réagi de façon exemplaire à la gravité des propos de son commentateur, le Conseil absout TVA-LCN.
D2018-01-004 – La Ville de Chambly accuse Radio-Canada de promouvoir la « désobéissance » civile
Le Conseil de presse a rejeté une plainte déposée par la Ville de Chambly contre un reportage publié sur le site Internet de Radio-Canada traitant du mécontentement de citoyens de Chambly à propos d’un règlement municipal interdisant de filmer les séances publiques du conseil municipal. La municipalité accusait Radio-Canada de manquer d’indépendance et de faire la « promotion de la désobéissance civique » après que le média eut publié une photo prise par un citoyen pendant une séance du conseil municipal. Le Conseil n’a constaté aucun appel à la désobéissance civile ni manquement déontologique dans le fait de publier cette photographie prise et diffusée sur le réseau Twitter par un citoyen.
Le Conseil de presse a, par ailleurs, tenu à rappeler à la Ville de Chambly l’importance, pour le public, d’avoir accès à l’information provenant des séances publiques. Les médias d’information et les journalistes, en diffusant des images de ces rencontres publiques, ne font qu’exercer leur travail fondamental d’informer les citoyens, affirme le Conseil dans sa décision.
D2017-12-148 et D2017-12-151 – Pas de blâme pour des photos inappropriées remplacées
Dans deux dossiers visant des médias et des articles différents, le Conseil a constaté que les armes à feu illustrant ces articles ne correspondaient pas à la catégorie d’armes dont il était question dans les textes. Les deux médias visés, le site Internet du Journal de Montréal et celui de Radio-Canada, ont rapidement modifié les photos inappropriées. Pour cette raison, le Conseil ne les a pas blâmés pour ce manquement.
Lire les décisions complètes : D2017-12-148; D2017-12-151
Lors de cette réunion, le Conseil a également rendu six autres décisions disponibles en cliquant sur les liens ci-dessous.
D2017-09-112 : Gabrielle Dufour-Turcotte c. Gabrielle Lisa Collard, Elle Québec et ellequebec.com
Le public n’étant pas en mesure d’évaluer la valeur des informations présentées comme des affirmations dans la chronique « Grossophobie : le poids de l’ignorance », le Conseil a retenu le grief de non-identification des sources. Le grief d’absence de correctif a également été retenu.
D2017-10-122 : Caroline Sauvé c. Félix Séguin, « TVA Nouvelles », tvanouvelles.ca et Groupe TVA
Faute de preuves, le Conseil a dû rejeter un grief d’identification d’une victime d’accident. Il a également rejeté le grief de refus de retrait d’un reportage sur Internet.
D2017-11-130 : Noémie Lessard c. Héloïse Archambault et Le Journal de Montréal et TVA Nouvelles
Le Conseil a rejeté les griefs de manque d’équilibre, d’incomplétude et de sensationnalisme concernant l’article « Une infirmière coupable d’avoir couché avec un patient ».
D2017-11-143 : Hugo Plouffe et Daniel Legault c. « 24/60 » et ICI RDI
Alors que les plaignants considéraient comme inexacts les propos tenus par la porte-parole de « PolySeSouvient », Nathalie Provost, le Conseil a rejeté le grief en faisant valoir qu’il s’agissait d’une question d’interprétation des propos de l’invitée de « 24/60 » au sujet de la classification des armes.
D2017-11-135 : Diane Matte et la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle c. Mélodie Nelson et Vice Québec
Selon le Conseil, la journaliste a manqué de rigueur de raisonnement dans l’article « Le Canada finance une campagne religieuse contre la prostitution ». Il a également retenu le grief de refus d’apporter un correctif et/ou d’accorder un droit de réplique. Cependant, il a rejeté les griefs d’information inexacte, de sensationnalisme, de manque d’équité, d’incitation au mépris et d’entretien de préjugés.
D2017-12-152 : Yannick Stromei c. Karine Gagnon et Le Journal de Québec
Le Conseil a retenu le grief d’absence d’identification d’une source parce que la journaliste a omis d’identifier les sondages sur lesquels elle avait fondé son opinion dans sa chronique « Réflexion avancée ». Le public n’était donc pas en mesure d’en évaluer la valeur. Le grief d’informations inexactes a cependant été rejeté, le Conseil estimant l’information fidèle à la réalité.
À propos
Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui œuvre depuis plus de quarante ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s’étend à tous les médias d’information distribués ou diffusés au Québec, qu’ils soient membres ou non du Conseil, qu’ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil reçoit les plaintes du public et rend des décisions relativement à la déontologie journalistique. Mécanisme d’autorégulation de la presse, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif ; il n’impose aucune autre sanction que morale.