Plaignant
Mme Hélène Beaulieu
Mis en cause
M. Mario Goupil, chroniqueur; M. Maurice Cloutier, rédacteur en chef et le quotidien La Tribune
Résumé de la plainte
Mme Hélène Beaulieu porte plainte contre M. Mario Goupil, chroniqueur et le quotidien La Tribune de Sherbrooke pour information inexacte, dans un article intitulé « Pour l’amour de la vie… et des chiens » paru le 5 février 2011 et pour refus de publier une annonce dans le journal.
Analyse
Grief 1 : information inexacte
Le chroniqueur Mario Goupil traite du succès de deux propriétaires du chenil Ô Ranch, Mme France Martel et M. Jacques Descôteaux, de la région d’Ascot Corner. Le mis en cause cite la propriétaire Mme France Martel qui dit : « Nous avons un vétérinaire qui examine et vaccine nos chiens. » Or, la plaignante dit avoir des témoins qui auraient vu Mme Martel vacciner elle-même les chiens, et que cette dernière ne serait pas en mesure de fournir des certificats de vaccination signés par un vétérinaire. Mme Beaulieu ne croit pas au sérieux de ce chenil qu’elle qualifie d’« usine à chiots ». De plus, elle a déposé une demande d’enquête à l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, sur les actes vétérinaires pratiqués au chenil Ô Ranch.
La plaignante estime que le chroniqueur M. Goupil aurait dû vérifier l’information en ce qui concerne les vaccins, car certains acheteurs de chiens ont pu être dupés par cette « fausse représentation ».
Me Patrick Bourbeau, répondant au nom de La Tribune, soutient que le quotidien a, comme le reconnait le guide des Droits et responsabilités du Conseil de presse, une liberté rédactionnelle dans le choix du sujet qu’il traite. Il ajoute que de par son sujet et son style « intérêt humain » l’article n’était pas du journalisme d’enquête et n’avait pas la prétention de l’être : « M. Goupil et La Tribune étaient donc entièrement justifiés de publier l’article sans effectuer d’enquête approfondie sur les pratiques de l’entreprise Ô Ranch ». Me Bourbeau souligne aussi que ni l’organisme Ô Ranch ni ses dirigeants ne font l’objet d’accusation pénale ou d’enquête policière ni de poursuite administrative ou civile et l’entreprise détient tous les permis nécessaires auprès des organismes compétents.
Le Conseil est d’accord qu’il revient au média de choisir ses sujets de reportage et le genre journalistique pour en traiter. L’article de M. Goupil est effectivement une chronique « d’intérêt humain » dont l’objectif est de faire état de la trajectoire de deux personnes, Mme France Martel et son conjoint M. Jacques Descôteaux, et de leur entreprise, le chenil Ô Ranch. Rien n’indiquait que l’auteur devait se méfier de la déclaration de la propriétaire, Mme Martel voulant que ses chiens aient été vus et vaccinés par un vétérinaire; d’autant plus que le chenil Ô Ranch ne faisait pas l’objet de poursuite ou d’accusation au moment de la publication de l’article. Ainsi l’information semblait exacte et une recherche approfondie ne s’imposait pas. Le grief pour information inexacte est rejeté.
Grief 2 : refus de publier le texte d’une annonce
La plaignante déplore que le quotidien La Tribune ait refusé de publier une annonce, sous la rubrique « animaux » que Mme Beaulieu voulait payer afin de « demander aux gens de réfléchir avant de se procurer un chiot provenant d’élevage intensif (usine) et de plutôt regarder au niveau des SPA ». La plaignante ajoute que le journal lui a offert de publier une partie du contenu de son annonce dans une lettre d’opinion en « tribune libre ».
La Tribune explique son refus de publier la publicité par le fait que celle-ci contenait des allégations potentiellement diffamatoires à l’égard du chenil Ô Ranch. Le journal a plutôt opté pour une version éditée de la lettre de Mme Beaulieu, parue dans la section Opinion.
Les questions relatives à la publicité ne sont pas du ressort du Conseil de presse. Le Conseil ne se prononcera donc pas sur ce grief. De plus, le Conseil estime que le droit de réplique de Mme Beaulieu a été respecté en publiant son opinion dans la rubrique Opinion du journal.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse rejette la plainte de Mme Hélène Beaulieu contre le chroniqueur M. Mario Goupil et le quotidien La Tribune.
Analyse de la décision
- C10D Refus de publier
- C11B Information inexacte
Date de l’appel
4 April 2012
Appelant
Mme Hélène Beaulieu
Décision en appel
Après examen, les membres de la commission ont conclu à la majorité (3/5) de maintenir la décision rendue en première instance. Les membres dissidents expriment leur désaccord en regard du texte constatant un manque de sens critique et un déséquilibre.
Par conséquent, conformément aux règles de procédure, l’appel est rejeté.