Plaignant
Le Syndicat des journalistes et photographes du Journal de Montréal
Représentant du plaignant
M. André Dalcourt (secrétaire général, Syndicat des journalistes et photographes du Journal de Montréal)
Mis en cause
Le Journal de Montréal, M. Maurice Côté et Mme Gilberte Langlois (chroniqueurs)
Résumé de la plainte
Les chroniques «Les Montréalais en parlent» de M. Maurice Côté et «Pour devenir, être et rester belle» de Mme Gilberte Langlois, publiées par Le Journal de Montréal, constituent de la publicité déguisée. Le Journal de Montréal consacre plus d’espace à l’annonce des combats de lutte qu’à leur compte rendu, privilégiant ainsi la publicité et non l’information. Enfin, il interdit à ses journaliste de couvrir la conférence de presse visant à rendre publics les reproches contenus dans la présente plainte.
Griefs du plaignant
Le Syndicat des journalistes et photographes du Journal de Montréal a porté à l’attention du Conseil de presse que deux chroniques publiées dans le Journal de Montréal, l’une par M. Maurice Côté sous le titre «Les Montréalais en parlent» et l’autre par Mme Gilberte Langlois, sous le titre «Pour devenir, être et rester belle» étaient de la publicité déguisée.
Le Syndicat reprochait aussi à ce journal de consacrer plus d’espace à l’annonce des combats de lutte qu’à leur compte rendu, accordant ainsi dans ce cas, beaucoup plus d’importance à l’élément publicitaire qu’à celui de l’information.
Enfin, le Syndicat se plaignait d’avoir été l’objet de censure de la part de la direction du journal qui avait interdit à ses journalistes de couvrir la conférence de presse au cours de laquelle le Syndicat rendait publics les dossiers faisant état de ces reproches à l’endroit du journal.
Analyse
Le Conseil est d’avis que les deux chroniques ayant fait l’objet de la plainte du Syndicat équivalaient à des textes publicitaires et, qu’étant donné leur présentation, elles constituaient effectivement de la publicité déguisée de nature à tromper le lecteur.
Le Conseil considère que, bien que la direction du journal ait, depuis la dénonciation faite par le Syndicat, identifié la chronique de Mme Langlois comme «publi-reportage» en faisant apparaître cette mention au bas de cette chronique, cette correction n’est pas suffisante et que la mention «texte publicitaire» doit apparaître en lettres bien lisibles au haut de la chronique.
En effet, cette rubrique n’a rien d’un publi-reportage: au sens communément accepté, un publi-reportage désigne un texte publicitaire préparé de manière à ressembler à un reportage et conçu par un annonceur qui en paie l’insertion. Cependant, un texte qui suggère ou recommande strictement l’utilisation d’un produit ou le recours à un service, comme c’est le cas dans la chronique de Mme Langlois, n’a rien d’un publi-reportage.
Le Conseil prend note que dans le cas des chroniques de Maurice Côté, la direction du Journal de Montréal s’est efforcée de corriger la situation dénoncée mais il recommande aux dirigeants de ce journal d’accroître leur vigilance pour que ces chroniques ne renferment aucun élément publicitaire, déguisé ou non. Dépourvue de tout élément publicitaire, cette sorte de chronique consacrée surtout à des potins est une forme de journalisme généralement acceptée.
Le Conseil est d’avis que le traitement que le Journal de Montréal accorde à la lutte dans ses pages sportives équivaut à de la publicité indirecte et qu’en agissant de la sorte, ce journal trompe ses lecteurs en leur donnant l’impression qu’il les informe quand il ne fait que les inciter à se rendre aux spectacles de lutte.
Un bon moyen de corriger cette situation serait d’établir une rubrique spéciale énumérant les événements sportifs à venir, du jour ou de la semaine, avec mention des dates, heures et endroits où doivent se dérouler ces événements, s’en tenant à cette rubrique quand, pour une raison ou pour une autre, on ne ferait pas de compte rendu de ces événements. Cette façon de procéder permettrait d’informer le lecteur tout en laissant aux responsables des pages sportives du journal la liberté de faire le compte rendu des événements sportifs de leur choix.
Le Conseil est d’avis que le Syndicat n’a pas été victime de censure patronale à l’occasion de la conférence de presse où les dossiers du Syndicat ont été rendus publics puisque la direction du journal n’a mis aucune entrave à la tenue de cette conférence et que les journalistes ont pu y participer librement. Toutefois, le Conseil estime que le comportement du Journal de Montréal à cette occasion a été contraire à la conduite habituelle des grands journaux: en agissant ainsi, la direction de ce journal a privé ses lecteurs d’une information qu’ils auraient dû être les premiers à connaître.
Analyse de la décision
- C06G Ingérence de la direction du média
- C21C Traitement à caractère promotionnel